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Vie d'Albert Camus - I - L'enfant d'Alger

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Cette année, en 2013, nous célébrons le centenaire de la naissance d'Albert Camus ! Je vais lui consacrer une série de billets sur "bibliothèque-éclectique". Les premières années du jeune Albert ont fait l'objet à la fin de sa vie du roman inachevé Le premier homme dont j'ai déjà parlé ici. Je vais y revenir plus en détails !

Albert Camus nait à Mondovi, près de Bône (aujourd'hui Annaba), en Algérie française, le 7 novembre 1913. Catherine, sa mère, ressent les premières contractions dans une carriole et son père s'inquiète - l'accouchement est imminent en cette nuit pluvieuse !

Ce père, Lucien Camus, Albert ne le connaitra guère. Il est caviste pour un négociant agricole et mobilisé durant la Grande Guerre. Son épouse reçoit un avis de décès un jour d'octobre 1914 : le père est mort !

Veuve, sans argent, Catherine s'installe à Alger, rue de Lyon au coeur du quartier populaire de Belcourt avec Albert, 1 an à peine et son frère ainé, Lucien, 5 ans. Là, ils cohabitent à six avec la tyrannique mais aimante grand-mère maternelle et les oncles Joseph et Etienne qui initieront les deux enfants de leur soeur aux joies de la pêche sur la plage de l'Arsenal. Ce sont des années de pauvreté pour la famille, là encore racontées dans Le premier homme.

Albert trouve refuge dans la rue et règne en maître sur les alentours avec les gamins du quartier : poursuites, bagarres et interminables parties de pêche... Le dimanche, le rituel du cinéma avec la grand-mère pour laquelle Albert doit lire les sous-titres des films muets.

En septembre 1923, Albert entre à l'école primaire de la rue Aumerat où il a pour instituteur Louis Germain -auquel il dédiera ses Écrits de Suède après son Prix Nobel en 1957. Comme le père d'Albert, Germain est un ancien combattant de la Première Guerre Mondiale et un père de substitution qui saura déceler les capacités intellectuelles du jeune Camus. Exigeant, l'instituteur sait comment émerveiller ses élèves : lecture des Croix de bois de Roland Dorgelès, séances de lanterne magique... Germain va aider son élève Albert Camus à préparer le concours pour obtenir une bourse, concours que le gamin réussit !

Albert se rend alors au lycée Bugeaud dans le centre d'Alger. Là, il prend conscience de la pauvreté de sa famille et, à ce moment de sa vie, vit mal la comparaison. Il suit sans difficultés les cours aussi bien en Lettres qu'en sciences. Il dévore les classiques de la littérature : Verne, Balzac, Dumas et se fait une réputation de goal au football. Il conserve néanmoins une attitude de chahuteur et est souvent collé !

En décembre 1930, sa vie bascule ! Il attrape la tuberculose mais à droit à des soins gratuits du fait qu'il est pupille de la nation. Il en réchappe donc. Mais interdit de lycée, il est coincé à la maison et en profite pour lire André Gide et Epictète. Après sa guérison, c'est l'oncle Gustave Acault et la tante Gaby, bouchers dans la rue Michelet qui l'hébergent afin que, encore convalescent, il ait sa propre chambre. Acault accueille Albert et lui ouvre sa magnifique bibliothèque. L'adolescent ne le déçoit pas : il arrive premier à la composition de philosophie et obtient le bac avec mention Assez Bien

Devenu un jeune dandy, Albert passe en Hypokhâgne et a un nouveau mentor ; son prof de philosophie, Jean Grenier. Albert se rend compte qu'il est davantage attiré par la littérature que par la philosophie. Il écrit des poèmes, consacre un essai à Verlaine, s’intéresse de près à Dostoïevski qui deviendra son écrivain fétiche. Grenier lui fait découvrir La Condition humaine d'André Malraux qui vient d’obtenir le prix Goncourt. Albert écrit aussi sur la musique dodécaphonique de Schonbert, Berg et Webern et se lance dans une analyse des rapports de Schopenhauer et Nietzsche à la musique.

Albert Camus passe des heures à discuter à la terrasse des cafés avec ses amis Jean de Maisonseul, André Bélamich, Claude de Fréminville et Max-Pol Fouchet. A ce dernier, il va enlever la mystérieuse Simone Hié qu'il épouse en 1934, malgré le désaccord de l'oncle et la tante.

Ayant achevé sa licence de philosophie à la faculté d'Alger, Albert prépare son diplôme d'études supérieures sur les rapports entre néoplatonisme et doctrine chrétienne, avec la volonté de passer l'agrégation. Malheureusement, il échoue deux fois à la visite médicale du concours et doit renoncer à la carrière professorale. A tout juste 24 ans, Albert Camus a déjà publié des essais prometteurs mais attends encore son premier succès littéraire !

A bientôt !

Vie d'Albert Camus - I - L'enfant d'Alger
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