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Les faibles et les forts - Judith Perrignon

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Les faibles et les forts est un roman de Judith Perrignon, née en 1967, écrivain, journaliste et essayiste française, aussi intéressant dans sa forme que sur le fond.

Il s'agit de l'histoire d'une famille noire-américaine sur fond de ségrégation raciale. Dans ce contexte de lutte entre Noirs et Blancs, on peut se demander qui sont les faibles ? Qui sont les forts du titre ? Le fort est-il l’oppresseur ou bien celui qui résiste ?

Le roman comprend différentes parties, différents moments. Un premier tiers du livre donne la parole successivement aux membres de la famille au coeur du récit. On a donc différents points de vue, différentes focales qui se complètent pour donner un récit mosaïque. Parmi les personnages, il y a Mary Lee, la grand-mère, Dana, la mère et les enfants, Marcus, Jonah, Déborah, Wes et Vickie. Les hommes adultes sont absents et déficitaires dans leur autorité - cela a un sens dans le récit et dans le dernier tiers du livre un peu trop "roman à thèse" pour le coup ! J'y reviendrais.

Marcus, le fils ainé se retrouve victime de harcèlement policier et subit une humiliation - comme son grand-oncle Howard avant lui - lorsqu'il doit baisser son pantalon pour une fouille. La grand-mère a ce geste fou au début de roman de le ligoter avec une corde à linge pour le préserver du danger !

La police est un des éléments communs au premier tiers et au deuxième tiers du roman. Dans la suite du récit, on quitte la multifocalisation pour revenir en 1949 - l'intrigue au début du roman se situe en 2010, au présent, dans les années Obama. On nous conte alors un récit fondateur. Tentant de percer une brèche dans la discrimination raciale, des Noirs vont vouloir aller se baigner dans la piscine municipale des Blancs. Bien évidemment, dans le contexte des années 1950, cela provoque des émeutes raciales et l'oncle Howard perd l'usage de ses tympans lors d'une bastonnade.

L'eau, que ce soit à la piscine ou dans la rivière est au coeur du récit. Il est important d'insister sur le fait que les héros noirs ici présentés -comme 60% des Noirs issus de l'esclavage - ne savent pas nager -du fait que l'accès aux piscines leur soit interdit - l'épisode de 1949 prend alors tout son sens. Dans la dernière partie survient un drame, la mort des enfants noirs par noyade. On termine sur un discours qui fait assez exposé mais qui n'en est pas moins retentissant sur la répression du corps des Noirs, le Noir dont on utilise la puissance de travail mais dont on redoute la force physique. La rivière est aussi l'allégorie de la monstruosité de la société moderne, pleine de détritus sur contexte de crise économique de 2008.

L'action se passe à Saint-Louis, Denver et Chicago.

Un roman que j'ai bien appréciez - la preuve étant que j'ai lu ses 153 pages d'une traite, sans en décrocher en une matinée -il y a de l'émotion mais pas trop et aussi un bon dosage de réflexion.

Vous savez ce qu'il vous reste à faire... à lire....

A bientôt !

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