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A l'orée du verger -Tracy Chevalier

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On va parler aujourd'hui de littérature américaine, avec une auteure contemporaine que j'aime bien, Tracy Chevalier ! Dans A l'orée du verger, la romancière nous livre une saga familiale, celle des Goodenough, une lignée originaire d'Angleterre, partie pour le Nouveau Monde puis qui va s'installer dans l'Ohio, dans le Black Swamp !

James Goodenough a en effet quitté les siens et le Connecticut, pour s'installer sur des terres inhospitalière, où la boue s'immisce partout, avec sa femme Sadie, dont le vice est l'alcool, et leurs nombreux enfants dont plusieurs succomberont à la fièvre des marais !

Tracy Chevalier nous décrit la passion de James pour les pommiers - on a ici une passion peu banale, cette fois à destination du règne végétal, là où Prodigieuses créatures, un roman précédent de la même écrivaine, nous montrait une passion pour le minéral, à travers la recherche de fossiles ! James cultive donc des pommes à cidre et des reinettes dorées, fruits qui l'emplissent de nostalgie avec leur goût de miel et d'ananas ! Mais cultiver ces pommes dans le Black Swamp n'est pas chose facile - même si James est doué pour les greffes ! Il doit faire face à l'hostilité de son épouse !

Sadie est en effet dévorée par le regret ! Elle regrette la perte de plusieurs de ses enfants et ne s'acclimate pas au Black Swamp, contrairement aux pommiers ! Elle sombre dans l'alcoolisme et se saoule à l'eau de vie de cidre ! Elle prends finalement les arbres en grippe ! Tout ceci se terminera par un geste fatal et un drame !

Un drame survient donc, et suite à cela, un des fils, Robert, décide de "fuir" vers l'Ouest, prenant ses distances ! Il deviendra d'abord chercheur d'or et vivra d'autres petits métiers, avant de se rapprocher de San Francisco et des grandes forêts de redwoods et de séquoias, arbres immenses et majestueux !

Là, des rencontres changeront son destin : Molly, une cuisinière qui vends ses charmes à l'occasion, pourrait être celle avec qui il fondera une famille, William Lobb, un "chasseur d'arbres" l'initiera à la botanique, deviendra son ami et lui donnera un métier !

Jusqu'au jour où la famille de Robert reprends contact avec lui ! Sa sœur Martha effectue le long voyage vers l'Ouest, enceinte de la prochaine génération Goodenough ! Mais la frêle jeune femme, futur maman, aura-t'elle suffisamment de force pour mettre au monde un enfant ? La vie de Robert va alors changer !

A la fin du roman, il fait route vers l'Ancien Monde, accompagné de jeunes plants de redwood, d'une femme et de deux enfants !

Ce roman est assez intéressant, bien écrit, avec des personnages attachants, un sens de la tragédie humaines et des aléas du sort, de l'absurdité et de l’imprévisibilité du destin, avec une note d'humour légère qui rends le propos plus digeste ! Bref, j'ai beaucoup aimé cette lecture et vous la recommande ! C'est aussi tout un pan de l'Histoire des USA - avec en trame de fond la légende de John Appleseed - John "Pépin-de-pommes" qui planta des pommiers d'une côté à l'autre des Etats-Unis !

Un récit qui s'appuie aussi sur une bonne et large documentation !

A bientôt !

A l'orée du verger -Tracy Chevalier

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Des hommes sans femmes - Haruki Murakami

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J'adore particulièrement l'écrivain japonais contemporain, Haruki Murakami dont j'avais dévoré la trilogie 1Q84 - chroniquée sur ce blog ! Il est né en 1949 et a été plusieurs fois pressenti pour le Prix Nobel de Littérature. Murakami revendique des influences allant de Raymond Chandler à Kurt Vonnegut en passant par Richard Brautigan et Franz Kafka. son écriture s'inscrit résolument dans le style post-moderne et il ne dédaigne pas non plus flirter avec la science-fiction et le fantastique, s'essayant avec brio au réalisme magique, à la quête picaresque teintée de romantisme et de surréalisme ou à l'enquête policière.

Ma dernière lecture de cet auteur est son recueil de sept nouvelles de 2017, Des hommes et des femmes, écrites en 2014 où il nous dresse avec un certain talent une galerie de personnages à la psychologie et aux motivations fouillées. Passons en revue ces différentes nouvelles !

Dans  "Drive My Car", on rencontre le personnage de Kafuku, un acteur de théâtre d'un certain âge qui, suite à un retraite de permis, doit engager Misaki, une jeune femme de 24 ans qui pourrait être sa fille et qui conduira donc sa Saab jaune pour l'accompagner sur ses lieux de travail. On nous dresse le portrait d'une relation toute particulière faite de respect et de retenue où chacun cache ses sentiments. Néanmoins, Kafuku finira par se confier sur sa femme, décédée d'un cancer de l'utérus, et sur le fait que celle-ci ait ressenti le besoin d'avoir des amants. Kafuku deviendra même "ami" avec un de ces hommes, assez insipide, pour comprendre les motivations de sa femme, secret qu'elle a emporté dans la tombe. Misaki, elle, se confiera sur sa famille, son père qui les a abandonné, elle et sa mère, et ladite mère qui dévalorisait sa fille.

Le seconde nouvelle se nomme "Yesterday" en référence à la chanson des Beatles, écrites par Paul McCartney. Le narrateur raconte son amitié avec un certain Kitaru, un type assez excentrique capable d'apprendre à la perfection le dialecte du Kansai. Tous les deux sont jeunes et travaillent dans un restaurant. Une jeune fille entre dans l'histoire, la copine de Kitaru, que celui-ci a décidé de ne pas toucher tant qu'il n'aura pas réussi son examen d'entrée à l'Université. Kitaru souhaite qu'Erika Kuritani sorte avec son ami, le narrateur et finira par prendre la clé des champs sans donner de nouvelles. Murakami élabore donc des personnages complexes dont il ne donne pas toutes les clés du comportement. Au lecteur, d'extrapoler !

"Un organe indépendant" raconte l'histoire à la fois pathétique, poignante et exemplaire du Docteur Kotai, un célibataire endurci mais ayant des aventures sans lendemain. Il s'agit d'un homme dont le comportement ne dévie pas d'une ligne droite, attitude pas très adaptée, selon le narrateur, à un monde où tout est courbe. Le brave Docteur finira par tomber amoureux et à se laisser mourir d'anorexie par dépit amoureux. Un récit tragique au fond !

"Shéhérazade" reprends le principe de la conteuse des Mille et une nuits ! Habara - qui semble souffrir d'une forme grave d'agoraphobie  - ne peut pas sortir de chez lui et se voit assigné une infirmière à domicile qui lui fait ses courses et son ménage. Très vite, ils font l'amour et celle que Habara ne connaît que sous le pseudonyme de la princesse orientale, lui narre quelques récits, réels ou fictifs, après l'acte : sa vie antérieure de lamproie, ses effractions dans le domicile d'un garçon dont elle était amoureuse alors qu'elle était encore à l'école. La nouvelle se termine sans que l'on connaisse la fin du récit de Shéhérazade - pourtant ce n'est pas frustrant !

La nouvelle suivante se nomme "Le Bar de Kino". En instance de divorce, car sa femme l'a trompé avec un collègue de travail, le brave Kino reprends un bar et voit se succéder les clients les plus bizarres comme ce monsieur Kamita - capable d'éconduire deux brutes, on ne sait comment - ou cette femme aux brûlures de cigarettes sur le corps avec qui Kino fera l'amour comme des bêtes ! La nouvelle prends sur la fin une tournure nettement fantastique et étrange avec l'apparition de serpent , la disparition d'un chat et ce monsieur Kamita qui serait finalement un "dieu des rizières" veillant sur Kino ! Murakami retrouve ici le style de 1Q84, une écriture énigmatique et très peu de réponses !

La sixième nouvelle, "Samsa amoureux" est un hommage à Franz Kafka, une des influences de l'écrivain japonais ! Ici, il semble que là où l'auteur praguois nous avait laissé avec un protagoniste transformé en cafard, celui-ci, Gregor Samsa donc, redevienne un beau matin humain. Mais il a perdu la mémoire et se réveille nu et désorienté. Il rencontre très vite une petite bossue venue changer la serrure cassée de sa chambre - où ses parents l'avaient enfermé ! Il est question d'une invasion de la ville de Prague par des soldats et des tanks. S'agit-il des nazis ou des Soviétiques ? Le message à retenir - comme Gregor tombe amoureux de la petite bossue - est que seul un homme peut tomber amoureux (et pas un cafard en l'occurrence !). Il est aussi question de "monde à déchiffrer". En fait donc, on pourrait dire que pour Samsa c'est une nouvelle naissance dans un monde inconnu !

La dernière nouvelle "Des hommes sans femmes" donne son titre à l'ouvrage/ au recueil et aligne les métaphores : les marins, vérifier la pression des pneus, les licornes. Un mari appelle le narrateur au téléphone à 1 heure du matin pour lui apprendre que sa femme s'est suicidée ! Jadis, ce narrateur a eu une histoire sentimentale avec cette femme mais n'était pas tombé amoureux lors de leur rencontre au collège à 14 ans ! Il ne découvrira la profondeur de ses sentiments que des années plus tard, celle -ci ayant été emmenée par quelque marin ! Un peu comme moi avec mon amie Barbara C. qui est finalement partie avec un type plus vieux qu'elle, l'ingrate, et n'a jamais soupçonné mes sentiments pour elle (Barbara si tu me lis !?). Une nouvelle qui parle des "hommes sans femmes" et suscite là encore interrogations et questionnements chez le lecteur !

Murakami est vraiment un auteur exceptionnel ! Toutefois, on pourra regretter l'aspect "inachevé" de certaines de ses nouvelles ! C'est un faux-semblant car en fait, à chaque fois, l'écrivain a fait passer son message, à charge au lecteur de faire fonctionner ses neurones et de le comprendre - ou de mettre à contribution ses sentiments et son empathie pour les personnages de Murakami !

A bientôt !

PS : Ça y est ! Je remercie les lecteurs de mes blogs car ai atteint les 1000 "kiffs" sur mes Skyblogs - mais cela concerne surtout les articles érotiques de mon Skyblog secret (eh oui, le cul ça fait vendre !).

Des hommes sans femmes - Haruki Murakami

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La Disparition de Josef Mengele - Olivier Guez

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Peut-il y avoir encore une littérature - et plus largement une humanité ? - après la Shoah ? Le génocide des Juifs a définitivement souillé le XXème siècle. Olivier Guez s'intéresse, avec La Disparition de Josef Mengele au sort des tortionnaires des camps d'extermination - dont pas mal ont en réalité échappé à la justice des hommes. On est dans la même veine que le récent Prix Goncourt d'Eric Vuillard pour son roman L'ordre du jour. Le roman d'Olivier Guez a lui obtenu le Prix Renaudot.

Après leur défaite en 1945, beaucoup d'anciens nazis se sont réfugiés et terrés - "comme des rats" ou au contraire menant la grande vie ! - en Amérique du Sud avec la complicité des régimes de ces pays comme le régime de Peron. Josef Mengele, le médecin sadique d'Auschwitz trouve lui d'abord refuge en Argentine, puis au Paraguay et enfin au Brésil. Il ne sera jamais rattrapé de son vivant et meurt de sa belle mort sur une plage en 1979.

Ce roman édifiant nous permets d'illustrer ce qu'est la notion de "point de vue" en littérature. On a ainsi le point de vue du docteur maléfique - qui s'autojustifie - et celui de ses victimes. Si on prends Mengele à la lettre, il est un médecin compétent et de haut niveau - ce qui est possible ! - et qui œuvre à un "grand projet scientifique". En réalité, cet homme est un bourreau sadique, endoctriné, niant la déontologie la plus élémentaire, envoyant des bébés à la chambre à gaz.

Même confronté à son fils naturel Rolf, à la fin de sa vie, le docteur refusera de reconnaître la vraie nature de ses crimes, travaillant à "la pureté de la race nordique", verrouillé dans ses convictions et totalement dénoué d'empathie ! Bref la figure du Mal !

Il y a un aspect dérangeant dans ce roman - déconseillé aux âmes sensibles ! - c'est que devant la décrépitude de Mengele, devenu un vieillard, cherchant l'amour et l'affection de sa femme de ménage, le lecteur compatissant pourrait être pris de pitié pour ce sale bonhomme. Mais la fin est sans ambiguïté : Mengele est un salaud !

On croise évidemment d'autres nazis exilés dans ce roman assez intéressant. Il y a bien sur Eichmann et son procès retentissant, ou encore Klaus Barbie, le "Boucher de Lyon".

Parmi les complicités dont a bénéficié Mengele pour se planquer, il y a celles de sa famille restée en Allemagne, détentrice d'une firme de machines agricoles dans la ville de Günzburg. Le secret fut bien gardé car apprendre que le clan protégeait le criminel de guerre aurait coûté plus de 2000 emplois à la commune ! La firme mets définitivement la clé sous la porte en 2011. Il y a aussi les complices "sur le terrain" : Gerhard, Sedlemeir, la famille Stammer qui l'hébergea dans leur ferme pendant plus d'une décennie, Bossert...

Josef Mengele multiplia les identités : Gregor, Peter Hochbichler, Gerhard ou don Pedro... Le Mossad se lança bien évidemment sur sa trace mais il leur échappa et bientôt les services secrets israéliennes durent se consacrer aux antagonistes arabes.

On est là devant un bon roman, un récit qui questionne. Notamment, pourquoi les anciens nazis occupèrent-ils des postes dans l'administration de la République fédérale allemande (RFA) ? - ce n'est que dans les années 1980, une fois ceux-ci partis à la retraite que la nouvelle génération d'Allemands fit son devoir de mémoire. On songe à des séries comme Holocauste et Shoah d'ailleurs mentionnées dans le roman.

S'agit-il ici d'un récit très documenté ou d'une biographie romancée ? Quoi qu'il en soit, c'est une plongée dans  une idéologie néfaste et mensongère. Mengele refuse de voir la vérité de ses actes et pourtant ne les assume pas car il fuit la justice, vit dans la crainte permanente. Paradoxe ultime !

Voilà une lecture que je ne saurais que vous conseiller ! A moins que vous n'en ayez assez d'entendre parler de génocides ? Il me parait nécessaire de s'informer pour que cela ne recommence jamais !

A bientôt !

La Disparition de Josef Mengele - Olivier Guez

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Mémoire de fille - Annie Ernaux

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L'œuvre d'Annie Ernaux tourne essentiellement autour de l'évocation du passé. Celle dont on a souvent qualifié le style de "neutre" revient une nouvelle fois sur sa jeunesse dans Mémoire de fille. Cette fois-ci, elle couvre les années 1958 à 1960 et jusqu'à une évocation de 1963, elle avait alors entre 18 et 23 ans !

L'écrivaine nous détaille aussi le processus d'écriture et se demande si l'on peut faire confiance à sa mémoire, constate le hiatus entre l’événement dépourvu de sens lorsqu'il souvient et le regard que l'on porte sur lui quarante ans plus tard ! Car il ne s'agit pas ici de fiction mais bien d'autobiographie à peine romancée !

Annie Ernaux se rappelle le temps où elle s'appelait encore Duchêne, et quittait pour la première fois sa famille, des petits-commerçants modestes à Yvetot, pour se retrouver, à l'été 1958, dans la colonie de S., comme "monitrice volante".

Un événement d'importance va s'y jouer puisque la jeune fille, jusqu'alors innocente, va y perdre sa virginité, auprès de H., le moniteur-chef et se comportant elle-même d'une manière inattendue, comme un "objet sexuel", soumise, couchant avec un autre garçon dès le lendemain, attirant les railleries, se montrant maladroite et espérant surtout vivre une histoire d'amour avec H. Qui n'aura pas d'égards pour elle !

L'écrivaine d'aujourd'hui s'interroge donc sur ce que pouvait ressentir la jeune adulte à cette époque là !?

Par la suite, sont évoquées la fin des années lycée, l'entrée à l'école normale d'instituteurs, les amitiés féminines, un séjour comme fille au pair en Angleterre et l'entrée à la fac de Lettres ! Des moments traversés par des expériences "traumatiques" comme des crises de boulimie/anorexie et la perte des règles ! Et au Royaume-Uni, avec sa camarade R., elle se livre à la fauche dans des petits commerces !

Avec en toile de fond, des événements de ces années-là, la Guerre d'Algérie, la mort de Camus, des livres, des films et des chansons pour mieux ancrer le récit dans son époque !

Un roman très court, à peine 160 pages ! J'aime bien l'écriture et ce que raconte Annie Ernaux et Mémoire de fille nous apporte quelques pièces de plus de sa vie façon puzzle ! Après tout, on n'écrit jamais que sur soi-même ! Toutefois, je trouve que de nos jours, il y a une certaine complaisance et une facilité à se réfugier dans l'autobiographie ! Où sont donc passés ces écrivains qui inventaient des mondes ?

A bientôt !

Mémoire de fille - Annie Ernaux

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Souvenirs dormants - Patrick Modiano

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Souvenirs dormants est un roman court - à peine une centaine de pages - de Patrick Modiano, en fait une autobiographie d'un personnage fictif, Jean D. qui nous ramène à Montmartre, dans les années 60, du temps de sa jeunesse !

Un roman qui m'a été offert par mon camarade Yves L., artiste peintre et que j'ai lu en une soirée - qui m'a moyennement convaincu ! Certes le style est agréable, coulant tout en étant élaboré mais comme toujours les romans si peu épais me laissent toujours sceptique !

Notre narrateur Jean D. essaie dans ce livre de rassembler ses souvenirs autour de lieux, des immeubles, des cafés, des restaurants et surtout de quelques figures féminines. On peut se demander dans quelle mesure Modiano s'est inspiré de sa propre vie à lui à supposer qu'il l'ait fait !? Le genre romanesque est une entreprise de mensonge par définition, je ne sais plus qui a dit cela !,

Modiano, notre Prix Nobel de Littérature 2014, pratique avec talent la technique de l'ellipse. Son personnage Jean D. a l'habitude de toujours se déplacer avec des petits carnets sur lui pour noter en permanence tout ce qu'il observe (c'est une technique que je connais bien la pratiquant moi-même pour mon journal intime qui compte 12 volumes à ce jour !).

Jean D. avoue lui-même pratiquer un "art de la fuite". Les femmes décrites dans le roman passe dans sa vie - de manière platonique ! - disparaissent puis réapparaissent au gré des circonstances et du hasard - mais c'est le lot de nos existences à tous et cela est très bien retranscrit dans ce livre ! La mémoire du narrateur lui fait souvent défaut et les carnets sont là pour suppléer ! C'est à une véritable exploration/redécouverte du passé qu'il se livre dans nos années 2010 ! Le narrateur est par ailleurs aussi écrivain et, dans sa jeunesse, porte un attrait véritable aux livres de sciences occultes !

L'existence n'est-elle pas un mystère qu'il faut déchiffrer au même titre que les êtres ! Autrui ?

Comme souvent dans ses romans, l'auteur questionne la mémoire qu'il s'évertue à réveiller par l'écriture ! Les mots couchés sur le papier fixant les choses ! Pour l'éternité ? Comme on dit "les paroles s'effacent et les écrits restent."

Modiano livre ici un roman bien composé mais assez convenu je trouve ! J'aurais aimé une plus grande prise de risques de la part d'un Prix Nobel ! Mais bon !

A bientôt !

Souvenirs dormants - Patrick Modiano

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L'ordre du jour - Eric Vuillard

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La littérature est un panier de crabes et l'attribution des Prix Littéraires n'est pas toujours transparente - c'est même tout le contraire ! Comme dans tous les milieux de pouvoir, la cooptation fonctionne à plein régime !

J'avais quelques doutes cette année sur la légitimité du Goncourt 2017 ! En effet, il a été attribué à Eric Vuillard pour son récit L'ordre du jour - un petit opus d'à peine 150 pages ! Devait-on voir dans le fait que l'attribution du prix s'est faite à Actes Sud, maison d'édition de Françoise Nyssen, ministre de la Culture de Macron la preuve que les jurés œuvrent par intérêt personnel ? S'agit-il de corruption et de conflit d’intérêts ? A contrario, doit-on pour autant écarter Actes Sud, maison d'édition de qualité, des Prix Littéraires ?

Ce qui me posait problème, avant même d'avoir lu le livre en question était sa relative brièveté ! Tout ça pour ça ! Mais si il n'y avait pas la quantité, peut-être y avait-il la qualité ?

L'ordre du jour est en effet un "récit" et non un roman ! La part d'invention y semble réduite. Je l'ai lu et non seulement le style de l'auteur est assez riche mais le sujet est intéressant.

Il y est question de l'ascension au pouvoir des nazis à partir de 1933, sur les ruines fumantes du Reichstag. Le récit s'ouvre par une réunion d'industriels allemands qui vont financer le nazisme, pas tant par consentement à leur idéologie nauséabonde - même si ils ont fermé les yeux ! - que pour maximiser encore plus leurs profits ! Ces groupes industriels et ces firmes on les connaît, ce sont celles qui ont pignon sur rue par la suite au XXème siècle et au XXIème siècle : Krupp, Bayer, Telefunken, Opel, Agfa, BASF, IG Farben, Siemens ou Allianz. Des prisonniers des camps de concentration furent même employés par la suite comme main -d’œuvre gratuite !

Les autres pays d'Europe restèrent indécis et timorés face à Hitler ! On nous expose évidemment le cas de Daladier et de Chamberlain, de Lord Halifax aussi mais surtout le cas de l'Anschluss ou le coup de main du Führer sur l'Autriche qu'il annexa purement et simplement grâce à des méthodes mafieuses et d'intimidation auprès du chancelier  Schuschnigg. Même si les mouvements de l'armée allemande - et ses panzers - connut des ratés d'ordre mécanique lors du passage de la frontière autrichienne, Hitler avait réussi son coup de force ! J'en ai par ailleurs longuement parlé dans une série de billets !

Un autre chapitre nous fait comprendre que les costumes des nazis faisaient déjà en 1938 partis des accessoires d'Hollywood dans les réserves dont s'occupait Günther Stern dit Anders, juif de surcroît, rangés à côté des sandales et des toges des romains - comme faisant déjà corps avec l'Histoire !

Eric Vuillard nous fait partager la détresse qui fut celle de pas mal de gens à cette époque ! Bien avant le suicide de Stefan Zweig, de nombreuses personnes se donnèrent la mort par désespoir devant la montée de la haine. Pour finir, l'auteur nous rappelle que nous ne sommes pas à l'abri de telles périodes sombres !

Un livre comme un témoignage donc - avec des envolés lyriques et de l'ironie ! On ressent bien le climat d'oppression et de fuite en avant vers le pire de l'époque...

Eric Vuillard a finalement bien mérité son Goncourt donc car il fait devoir de mémoire en même temps qu'il dénonce les compromissions !

A bientôt !

L'ordre du jour - Eric Vuillard

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Les loyautés - Delphine de Vigan

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Nous allons maintenant parler du dernier roman de Delphine de Vigan - acheté ce midi, lu ce soir ! Dans Les loyautés, on suit plusieurs trajectoires de vie, des êtres heurtés par l'existence qui ont tous en commun le fait de cacher une part d'obscurité, des secrets inavouables !

On adopte successivement et alternativement le point de vue d'Hélène - Madame Destrée, prof de SVT dans un collège, de Théo, garçon de douze ans, bientôt treize dont le père traverse une mauvaise passe, de Mathis, le copain de Théo que son jeune camarade entraîné dans la consommation d'alcool et enfin de Cécile la mère de Mathis mariée à un homme bourgeois qui déverse sa bile en cachette sur internet !

Il y a entre ces personnages des loyautés, des solidarités elles aussi cachées qui se cherchent qu'à s'exprimer ! Parce qu'elle a elle-même été une enfant battu, Hélène perçoit le désarroi de Théo. elle va tout tenter pour l'aider même si cela signifie la mettre en butte par rapport à l’Éducation Nationale !

Théo est enfant de parents séparés ! Sa mère, une femme dévorée par le ressentiment, ne cesse de rabaisser son ex-mari. Celui-ci qui a perdu son emploi, sombre dans la dépression, suite à son chômage, en se lave plus, ne fait plus rien - son fils tente alors de cacher la situation de son paternel à sa mère et à Mathis, dévoré par la honte ! Pour échapper au quotidien si triste, Théo se porte à l'ivresse avec des bouteilles de rhum, de vodka ou de gin, entraînant son ami Mathis, de plus en plus réticent !

Cécile, la mère de Mathis, n'aime pas les fréquentations de son fils. Elle-même, venue d'un milieu de gens simples - qui font des fautes de Français, a été formatée par son époux, William qui en secret est Wilmor75 qui déverse torrents d'injures racistes et xénophobes, homophobes et misogynes sur son blog et sur les forums du web ! La pauvre Cécile va alors avoir l'impression d'étouffer !

Bref tous ces êtres sont dévorés par des secrets intimes qu'ils n'arrivent pas à exprimer - ce qu'il faudrait pourtant qu'ils fassent si ils veulent de sortir de ces situations ! Ils tentent maladroitement de s'aider les uns les autres mais les non-dits gâchent tout !

Ce roman, Les loyautés, de Delphine de Vigan est donc un roman assez poignant ! La fin est ouverte et la solidarité va pouvoir se mettre en place - si il n'est pas trop tard !

Une lecture dans la veine habituelle de ce qu'écrit cette auteure ! C'est assez brillant mais aussi assez court ! Les personnages sont bien pensés et décrit, l'analyse psychologique est assez fine et évite les clichés !

Les romans de cette dame s'attaquent toujours à ces faiblesses qui nous bouffent à petits feux : adolescence blessée, solitude des grandes villes,  fragilité psychique et emprise psychologique ! Un peu travail d'anthropologue en quelque sorte !

A conseiller fortement !

A bientôt !

Les loyautés - Delphine de Vigan

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Je dirai malgré tout que cette vie fut belle - Jean d'Ormesson

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Entré de son vivant dans la Pléiade, privilège de peu d'élus, Jean d'Ormesson était un de nos derniers Grands Hommes, décédé tout récemment le 5 décembre 2017. Je n'avais lu de lui que C'est une chose étrange à la fin que le monde, titre emprunté à un poème de Louis Aragon, sur les conseils de mon ami Nicolas ! Je dirai malgré tout que la vie fut belle est un de ses derniers livres, publié en 2016 et récompensé du Prix Jean-Jacques Rousseau de l'autobiographie la même année ! Là encore, le titre provient du même poème d'Aragon que d'Ormesson admirait tant !

Que dire ? Beaucoup de choses en vérité !  Ce livre est brillant, un monument d'érudition jamais ennuyeux ! J'ai déjà pu appliquer ces termes à certains ouvrages de Michel Onfray mais le philosophe d'Alençon est un petit joueur par rapport à notre Académicien !  Dans le livre de d'Ormesson, on croise des centaines de personnages très brillants et cultivés, loin des standards de médiocrité actuels ! On traverse aussi presque un siècle d'Histoire !

D'Ormesson est né en 1925. Le livre se présente comme une sorte de "procès" entre le moi et le surmoi de l'auteur ! On nous retrace les grands moments de la vie de notre homme : l'enfance assez paisible entre la Roumanie, le Brésil et la France derrière son père ambassadeur, les années d'études notamment à l'E.N.S., la carrière littéraire, la carrière en marge de l'UNESCO, l'élection à l'Académie française Quai Conti et le journalisme comme directeur du Figaro !

L'auteur manie les mots avec une pointe d'ironie et la légèreté nonchalante qui était sa "marque de fabrique" sur les plateaux télé ! Il nous parle donc de temps que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaître, et on croise nombres de figures comme je l'ai dit ! Je feuillette le livre et vous livre quelques noms comme je tombe dessus au hasard : Raymond Aron, François Nourissier, Robert Hersant, Roger Caillois, Jean Dutourd, Hélène Carrère-D'Encausse, Maurice Druon, Jeanne Hersch, Greta Garbot, Sir Ronald Syme, Maurice Herzog, Louis de Broglie, Louis Althusser et tant d'autres ! Notre philosophe de formation a connu du beau monde et reconnaît lui-même avoir eu une existence de privilégié !

Les dernières pages sur le sens de l'existence et la perspective de la mort prennent désormais une toute autre dimension ! Sans vraiment mentionner Dieu, d'Ormesson croit en une puissance inconnue qui maintient le monde. Ayant congédié son surmoi, il estime alors n'avoir de compte à rendre qu'à cette puissance obscure ! Et les pages les plus profondes du livre !

Bref, j'ai adoré ce livre de plus de 400 pages que j'ai dévoré en deux ou trois jours ! J'irais sans doute lire dans l'avenir d'autres ouvrages de ce Monsieur : La Gloire de l'Empire, grande fresque historique ou Au Plaisir de Dieu !

A conseiller !

Et sans vouloir polémiquer avec des beaufs, il est très dommage que la disparition de d'Ormesson ait été éclipsée par celle d'un chanteur de variétés qui n'écrivait même pas ses chansons et fraudait le fisc ! Epoque de médiocrité disais-je !

A bientôt !

Je dirai malgré tout que cette vie fut belle - Jean d'Ormesson

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L'Exercice de la médecine - Laurent Seksik

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Laurent Seksik est médecin et écrivain et j'avais déjà lu de lui - et critiqué ici ! - Le cas Eduard Einstein, le récit dramatique de la vie du fils schizophrène du père de la Relativité générale ! Je récidive en vous livrant ici mon compte-rendu de son roman de 2015, L'Exercice de la médecine ou l'auteur écrit sur cette discipline qu'il connaît bien !

Bon, disons le tout de suite, j'ai trouvé le style un peu "simpliste" par moments et il y a quelques situations clichés et des lieux communs, mais L'Exercice de la médecine est un roman qui parvient tout de même à émouvoir le lecteur que je suis à certains passages !

Ce livre est le récit d'une vocation l'histoire d'une famille de médecins - d'origine juive - depuis les terres de la Russie Tsariste au début du XXème siècle jusqu'à aujourd'hui, l'année 2015, moment de publication du roman. Cette famille de médecins - comme tous les médecins - tente de préserver la vie, de retarder la mort face à une époque pas avare en grandes tragédies morbides et autres génocides, au XXème siècle !

Ce sont aussi des pans entiers de l'Histoire du Peuple Juif dans cette époque contemporaine si tourmentée donc, le siècle de l'Allemagne nazie et de l'Union Soviétique donc - que dresse ce livre bien documenté pour une prise de conscience de ces funestes tragédies !

Il y a d'abord l'arrière-grand-père de Léna, l’héroïne - que l'on suit en 2015 - un médecin de campagne à Ludichev dans la Russie du Tsar Nicholas II - un dénommé Pavel Alexandrovitch  - marié à Rivka Kotev - dévoué corps et âme à ses patients dans le shtetl ! Comme pressentant le sort funeste qui attend sa famille au cours d'un pogrom, le brave Pavel a envoyé son fils en Allemagne et finira au bout d'un sabre de Cosaque !

On suit ensuite Mendel, le fils en question, en Allemagne, à Berlin, de 1920 à 1933 puis, réfugié en France à cause des nazis, à Nice, en 1943 ! Lui aussi est médecin, lui aussi finira assassiné pour n'avoir pas voulu abandonner ses patients ! Le roman montre bien, en évoquant les foules se réunissant dans les autodafés des adeptes d'Hitler, la responsabilité collective du peuple allemand en ce temps là - responsabilité qu'on a tendance de nos jours à passer trop facilement sous silence au nom de la réconciliation franco-allemande - dans l'accession au pouvoir du dictateur à la petite moustache et dans la montée de l’antisémitisme outre-Rhin qui aboutit à la Shoah !

On nous montre aussi l'Union Soviétique dans les années 1950 où l'on retrouve la plus jeune fille de Pavel qui a aussi survécu au pogrom et à l'assassinat des siens et se retrouve accusée dans le Complot des Blouses blanches ! Natalia n'aura la vie sauve que parce que Staline décède au moment crucial pour elle, en avril 1953 ! Elle laisse un fils Jankel, lui aussi médecin,  comme le fils de celui-ci en 2015, nommé Avner et tous deux restés en Russie/URSS.

Et on alterne tous ces récits avec un récit dans le présent, celui de Léna Kotev donc, la fille de Tobias et petite fille de Mendel. Elle est cancérologue de métier ! C'est une femme abattue, un peu voire carrément dépressive - dévouée à son sacerdoce familial et un peu écrasée par le passé tragique de sa lignée, une fille effacée qui n'hausse jamais le ton, suit les règles et est malheureuse dans sa vie sentimentale ! La dernière de la lignée !?

On a aussi droit dans la dernière partie du roman à une belle histoire d'amour fille-père qui culmine à ce moment là, entre Léna et Tobias donc, et au récit poignant d'un accompagnement de fin de vie de celui-ci par celle-là !

Le roman se conclut sur une lueur d'espoir et une fenêtre ouverte sur l'avenir !

Un roman pas si mal au final et qui se lit bien et avec plaisir !

A bientôt !

L'Exercice de la médecine - Laurent Seksik

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L'Empire des anges - Bernard Werber

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L'Empire des anges est la suite directe du roman de Bernard Werber, Les Thanatonautes et donc le deuxième tome de la duologie du Cycle des anges.

On y retrouve le personnage de Michael Pinson qui explorait précédemment le continent des morts et a trouvé la sienne dans un accident d'avion à la fin du volume précédent. Dans L"Empire des anges, le héros se retrouve en quelque sorte "réincarné" sous la forme d'un ange !

On retrouve dans ce roman l'idée d'"ange-gardien" puisque Michael se voit confier la destinée de plusieurs humains qu'il va devoir guider ! Ces humains sont au nombre de trois : Venus, une actrice américaine sujette aux migraines, Igor, un soldat russe roi du poker et Jacques, un angoissé chronique. Son mentor, Edmond Wells, a bien expliqué les règles du jeu à Michael et celui-ci devra exaucer tous les vœux de ses protégés, aussi aberrants soient-ils !

En soi, suivre la destinée, de ces trois humains, avec toutes les péripéties d'une vie est assez passionnant ! Werber recyclera cette idée dans le cycle suivant, le Cycle des dieux, où Michael Pinson se verra confier les rênes de toute une civilisation ! Ça a quelques côtés, Les Sims en réalité, jeu sorti à la même époque il me semble et qui a peut-être inspiré notre auteur ?

Le roman pose aussi la question : "Y- a-t'il des paradis extraterrestres ?".

Werber évite soigneusement de nous livrer ses croyances personnelles et se base sur un tas de mythologies et religion, notamment celles qui reposent sur l'idée de réincarnations et/ou de tribunal des âmes ! On pense au Bouddhisme où à l'ancienne religion égyptienne ! Le but dans le roman étant là encore de sortir de ce cycle des réincarnations, en se perfectionnant, et d'atteindre à la Béatitude !

C'est au final du bon Werber ! J'ai lu ce roman il y a presque une décennie et me rappelle l'avoir lu assez rapidement, pris par l'intrigue ! En fait, cela se lit même trop vite et on en redemande !

Je vous donne rendez-vous pour une analyse du Cycle des dieux !

A bientôt !

L'Empire des anges - Bernard Werber

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