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Rantanplan - La Mascotte - Fauché et Léturgie

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Rantanplan est le chien plus bête que son ombre, apparu dans la série Lucky Luke dans l'album "Sur la piste des Dalton" en 1962. Sa caractéristique principale est d'être complétement stupide néanmoins il aide parfois involontairement les autres personnages.

Entre 1987 et 2011, Rantanplan est la héros de sa propre série de bande dessiné, BD de commande, composée de dix grandes aventures et dix recueils de gags. "La Mascotte" est le premier de ces albums.

"La Mascotte" est dessinée par Michel Janvier (qui avait déjà signé sur Lucky Luke "Le Ranch maudit") et Frederik Garcia. Xavier Fauché et Jean Léturgie sont les scénaristes de ces premiers albums ! Ils se sépareront par la suite en mauvais termes avec Morris suite à l'affaire Kid Lucky.

Le récit de "La Mascotte" se déroule au 7ème de Cavalerie qui doit recevoir la visite du président de l'Union James A. Garfield pour entériner la paix avec le chef indien Sitting Full. Or le Colonel du 7ème de Cavalerie est un homme superstitieux et il croit que sa chance a tourné quand la mascotte porte-bonheur du régiment, Fifi VI, a disparu.

Il faut trouver une autre mascotte et le Colonel jette son dévolu sur Rantanplan, le chien du pénitencier voisin et son gardien Pavlov. Très vite, le chien se montre très stupide comme à son habitude et cause des soucis aux autres personnages.

En réalité, c'est Turner, le commerçant ambulant qui a enlevé Fifi VI car le chien permettait de maintenir la paix avec les indiens et c'est mauvais pour ses affaires ! Il va donc tenter de se débarrasser de Rantanplan/Fifi VII qui se retrouve chez les indiens qui le prennent pour le Fils du Grand Manitou. Pour couronner le tout, le président est kidnappé par les indiens !

Tout se conclue en démasquant Turner et ses plans et en récupérant Fifi VI. La paix revient et Rantanplan et Pavlov retrouvent leur cher pénitencier en attendant de futurs aventures !

A bientôt !

Rantanplan - La Mascotte - Fauché et Léturgie

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Défi à Lucky Luke - Morris & Goscinny

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Je vous parle régulièrement ici des albums de Lucky Luke par Morris et Goscinny - mais il existe aussi toute une flopée d'histoires courtes du cow-boy solitaire - dont certaines ont été reprises en albums dans la célèbre collection de ce héros (par exemple dans La Corde du Pendu, Le Ranch maudit ou encore La ballade des Dalton entre autre) ou qui restent inédites. La plupart du temps, ces récits courtes voyaient le jour dans des magazines et des revues tels Super Pocket Pilote et à partir de mars 1974 dans le magazine Lucky Luke.

Les six récits dont il va être présentement question ici datent pour la plupart de 1968 et 1969 et ont été publiés à l'origine dans ce Super Pocket Pilote puis dans un album, La Bataille du riz, offert en 1972 (année de ma naissance) par le réseau des stations-services Total. Pour ma part, j'ai connu ces histoires par un petit album de la collection anthologique de BD de Dargaud intitulée "16/22", dans un album Pocket donc ayant pour titre "Défi à Lucky Luke" du nom du premier récit !

Ces histoires sont assez simplistes mais efficaces, toutefois le trait de Morris y est parfois moins assuré et moins travaillé que d'habitude (mais bon ça reste moins pire que ce que fera Achdé par la suite !).

Commençons avec "Défi à Lucky Luke" qui donne son titre à l'album Dargaud où on voit un apprenti despérado qui tente de faire son chemin dans le métier et pour cela d'acquérir une notoriété en se confrontant à Lucky Luke. Mais celui-ci le remarque à peine, pire le couvre d'amabilités et finalement Omer Marshmallow retournera "à la ferme de Papa". Comment être pris au sérieux avec un nom pareil ? Le récit commence par un clin d'oeil aux Dalton, à Phil Defer, Billy the Kid et Joss Jamon vus dans de précédentes histoires.

Puis avec "Arpèges dans la vallée, Lucky Luke, toujours prêt à secourir son prochain, vient en aide à Sean O'Flanagan, un Irlandais têtu qui veut à tout prix ramener un piano mécanique dans le bar dont il est propriétaire pour y mettre de l'ambiance - mais de l'ambiance, c'est sur le trajet qu'il y en aura, entre les attaques d'indiens, les montagnes, les précipices et les torrents !

Goscinny joue sur les clichés du folklore américain et les détourne comme dans "Promenade dans la ville" ou Luke tente d'appréhender Buck Flagdown et en vient aux mains  avec lui, occasion de nous faire visiter la petite ville de Yucca Gulch au fur et à mesure que les deux adversaires jouent des poings, d'une enseigne à l'autre. Tout y passe ! On a le saloon, le barbier, la société des femmes, l'armurier, le croque-mort, le blanchisseur chinois, l'école,  l'épicerie fine et l'imprimeur-éditeur ! Mais évidemment, tout ça se termine chez le shérif et à la prison ! Bien vu ! Un récit mené avec beaucoup d'astuce !

"La Bonne Parole" est un peu au-dessous et anecdotique, tant du point de vue du scénario que du dessin. Notre héros y croise Asbestos Misbeliever, un prédicateur qui ne s'exprime que par citations des Ecritures et se retrouve attaché avec Lucky Luke à des poteaux de torture entourés  par les indiens que l'homme de Foi s'est juré d'évangéliser ! Rien de particulier à dire sur ce récit donc !

"Le despérado à la dent de lait" est plus réjouissant et très amusant (et c'est un récit qui est repris aussi dans l'album grand format 7 Histoires de Lucky Luke, je crois, album que je chroniquerai bientôt, pour rester dans les récits courts - car après la mort de Goscinny en 1977, il y eut un temps mort et on raclait les fonds de tiroirs !). Notre cow-boy est aux prises avec un gosse, un sacré galopin, qui va lui attirer un tas d'ennui comme le sale mioche refuse d'aller au dentiste ! On voit ici le caractère entêté de certains adultes qui se posent en bons samaritains !

Le dernier des six récits de "Défi à Lucky Luke" s'intitule "La Bataille du riz" et joue sur le cliché du Chinois démobilisé de la construction des Chemins de Fer et qui ouvre un restaurant en ville. On joue sur le caractère légendairement affable et aimable de ce peuple mais ici on a une rivalité mouvementée et bruyante entre deux Chinois qui veulent ouvrir des établissements concurrents  en face à face et qui sous un aspect poli se montrent impitoyables ! L'humour vient de ce décalage et de l'aspect outrancier du récit ! La paix est conclue à la fin mais arrive alors un restaurateur japonais !

Voilà pour cette recension de quelques récits annexes et méconnus. J'avoue que je ne sais pas trop où - hormis 2 ou 3 - on peut lire ces récits en 2021 ? Et je m'en excuse !

A bientôt !

Défi à Lucky Luke - Morris & Goscinny

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Lucky Luke : Un cow-boy dans le coton - Jul & Achdé

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J'ai vraiment du mal avec ceux qui ont repris les rênes de la destinée de notre célèbre "cow-boy solitaire". Ai déjà dit que le trait d'Achdé était plus rond que celui de Morris (si on fait exception du Morris des début !) mais sur le Tome 9 des "Nouvelles Aventures de Lucky Luke - d'après Morris" (prend-t'on soin de nous préciser!), son dessin fait carrément "pas terminé" par moment, limite si on voit encore les crayonnés et les ébauches en dessous ! Quant au scénario de Jul, si il nous  arrache parfois un sourire, ce ne sont plus les fous rires de la période Goscinny !

Ce nouvel album - qui est sorti fin 2020 - a pour titre  "Un cow-boy dans le coton". Le sujet n'avait jamais été abordé nous dit-on dans la série, à savoir l'esclavage et la condition des Noirs dans les terres du Sud Américain. Sujet grave si il en est, qui colle à l'actualité du Black Lives Matter - sans doute dans un grand élan d'opportunisme de la part des deux auteurs. Ca donne une tonalité particulière à l'album, à la limite du drame, un ton qui selon moi ne colle pas à la série ! Comme ici  l'humour n'est pas à la hauteur, ca ne fait pas contrepoids, ça ne désamorce pas le côté pesant !

On retrouve les ressorts qu'on avait déjà eu à l'époque dans "L'Héritage de Rantanplan", à savoir qu'un des personnages, ici Luke, hérite d'un bien immobilier. Il s'agit de la plantation d'esclave Pinkwater et notre héros se rend sur place en Louisiane avec la ferme intention de distribuer les biens aux Noirs affranchis. Les Dalton sont de la partie !

On n'évite pas les clichés ! Le Ku Klux Klan, l'aristocratie du sud, le méchant Q.Q. alias Quincy Quarterhouse (qui connaitra un sort funeste (pas de pitié pour les esclavagistes !), la jeune Noire nommée Angela, maitresse d'école. L'éducation revient plusieurs fois dans les thèmes abordés dans ce récit car le racisme est avant-tout une question d'éducation. On croise aussi Tom Sawyer et Huckleberry Finn, un clin d'oeil est fait par rapport à la remontée du Mississipi qu'avait effectué le héros dans un des premiers albums de Goscinny et Morris ! Plus perturbant, une case quasi pleine page, ce qui n'était pas un procédé de Morris hormis pour présenter des décors comme des rues de ville de l'Ouest mais pas un gros plan de Lucky Luke sur trois quart de pages pointant du doigt une tornade !

On retrouve aussi la culture cajun, les Blancs Français descendus du Canada, le Bayou et plus intéressant, on nous présente le personnage de  Bass Reeves, un shérif noir qui arrêta plus de 3000 Coyotes. C'est le point historique de la fin d'album qui nous dit qu'en réalité 25% des cow-boys étaient des Noirs et que c'était une activité misérable, le reste étant hispanique et pas blond aux yeux bleus (comme  Terence Hill qui interpréta Lucky Luke au cinéma).

Ce n'est pas du Goscinny et même pas à la hauteur d'un Morris seul mais c'est finalement moins pire que ce à quoi je m'attendais - mais bon, je continue de les acheter pour la collection.

Morris nous a quitté en 2001, vingt ans cette année déjà, lui qui était né en 1923, la même année que mon défunt grand-père !

Et ne vous inquiétez pas, je continue de chroniquer les albums "classiques" dans l'ordre de parution ! Le prochain sera "7 Histoires de Lucky Luke" !

A bientôt !

Lucky Luke  : Un cow-boy dans le coton - Jul & Achdé

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Le Fil qui chante - Lucky Luke

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Quarante-sixième tome des aventures de Lucky Luke, Le Fil qui chante est peut-être mon album préféré du cow-boy solitaire. Ce récit fut publié en album en 1977 après avoir agrémenté les pages de Paris-Match. 1977 est une année marquante dans l'Histoire du 9ème art puisque c'est cette année-là que sortent notamment le premier tome de la série Léonard par Turk et De Groot ainsi que le premier volume de Thorgal par Rosinski et Van Hamme (deux séries chroniquées sur mes blogs).

Mais Le Fil qui chante est hélas le dernier album du cow-boy scénarisé par René Goscinny - avec toujours bien sûr Morris, le papa spirituel du héros au dessin ! En effet, le destin a voulu que le papa d'Astérix décède le 5 novembre 1977 lors d'un banal test d'effort chez son cardiologue ! Que de merveilles de scénarios nous ont été confisquées par ce cruel coup du sort ! Par la suite, quelques autres récits du génial inventeur d'histoires qu'était Goscinny, autour de Lucky Luke, seront exhumés des tiroirs et encore publiés, je ne mentionne ici que La corde du pendu ou Daisy Town.

Ce quarante-sixième album se présente comme un road-movie et reprend un schéma plein de péripéties et très didactique, déjà mis en oeuvre dans Des Rails sur la prairie (1957) ou La Diligence (1968). Goscinny part de faits réels, la mise en chantier de la liaison télégraphique entre l'Ouest et l'Est de la jeune Nation américaine, entre Carson City dans le Nevada et Omaha dans le Nebraska. Bien entendu, Goscinny agrémente l'histoire à sa sauce en y ajoutant maints détails pittoresques.

On croise dans cet album des personnalités comme Abraham Lincoln (en 1961, juste à la veille de la guerre de Sécession), Brigham Young, chef de la communauté mormone de Salt Lake City où les deux équipes de télégraphistes, celle  partie de l'Ouest - à laquelle se joint Lucky Luke - et celle venue de l'Est - convergent et se rejoignent. On a aussi Washakie, chef des Indiens Shoshones, Hiram Sibley, dirigeant de la Western Union, la maitresse d'oeuvre du télégraphe ou encore Stephen J. Field, président de la Cour Suprême de Californie. Goscinny travaille comme toujours sur une solide base documentaire et se montre d'ailleurs pédagogue au début du récit en nous rappelant l'Histoire des communications entre les deux côtes des USA.

Lucky Luke accompagne James Gamble - qui prend les traits de Robert Redford (du moins il me semble ?), l'ingénieur de l'équipe de Carson City. Le récit est une suite de mésaventures où les ouvriers du télégraphes font face à maints accidents naturels (sables mouvants, feux de prairies, éboulements, torrents, attaque des indiens ou sols rocailleux) et à d'autres problèmes causés par la main de l'homme !

Car en effet, quelqu'un a eu la mauvaise idée de proposer au départ du projet une prime de 100.000 dollars à la première des deux équipes qui atteindrait Salt Lake City - ce qui inquiète Luke qui comprend que ceci va susciter des convoitises  - et il n'a pas tort car si Edward Creighton, l'ingénieur de l'Est est un type intégre et honnête, on ne peut guère en dire autant de Willard Bradwell, le vilain de l'album, caricaturé d'après l'acteur britannique de l'Entre-deux-guerres (années 1920 - 1930), Brian Donlevy, spécialisé dans les rôles de méchants. Celui-ci engage un saboteur qui va intégrer l'équipe de Gamble et Lucky Luke et leur causer tout un tas de problèmes ! Son identité reste secrète dans l'histoire jusqu'à ce qu'il soit démasqué - ce qui est assez bien vu de la part du scénariste !

Le Fil qui chante est le nom que les indiens donnent au télégraphe car il "chante" lorsque le vent l'anime.

Voilà comme toujours une excellente BD qui demeure un grand classique et marque la fin d'une époque ! La qualité de la série va baisser par la suite tout en restant honorable ! Mais l'époque Goscinny, c'est la "Grande Epoque" de notre célèbre cow-boy ! Une page se tourne ! Il y a encore plus d'une cinquantaine d'albums après celui-là et la série se poursuit encore en 2021 (avec un récit sur la condition des esclaves noirs !).

A bientôt !

Le Fil qui chante - Lucky Luke

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L'Empereur Smith - Lucky Luke

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L'un des attraits des aventures de Lucky Luke est de nous présenter régulièrement des personnages hauts en couleurs, voire complétement loufoques et souvent inspirés d'authentiques légendes du Far-West ! C'est le cas dans "L'Empereur Smith", le quarante-cinquième album de Lucky Luke (et le dernier scénarisé par Goscinny), paru en 1976, toujours chez Dargaud !

Comme toujours avec Goscinny, par derrière l'aspect "divertissement et franche rigolade" du récit, il y a une critique sociale - ce qui fait que ces différents niveaux de lectures peuvent intéressés aussi bien les enfants que les adultes (et c'est vrai aussi pour les albums d'Astérix !). Ici, le génial scénariste se livre à une dénonciation des dérives du pouvoir et de tous ceux qui se laissent abuser par les avantages que celui-ci procure !

De quoi retourne-t'il ici ? Luke va croiser la route de "L'Empereur Smith" qui est en fait un ancien éleveur à qui la richesse soudaine a fait perdre l'esprit et qui se prend désormais pour "l'Empereur des Etats-Unis" (pensez aux clichés de tous ces fous dans les asiles censés se prendre pour Napoléon !). Avec sa fortune, le nouveau monarque s'est acheté une petite armée de gardes impériaux et des dizaines de canons des rebuts de la guerre de Sécession ! Les habitants de Grass Town, amusés par cet excentrique, se plient au jeu et lui font parvenir des lettres des souverains d'Europe qu'en fait ils rédigent eux-mêmes !

Ceci ne porterait pas à préjudice si l'armée de notre Smith n'était pas opérationnel et un bandit du nom de Buck  Ritchie a vent de cette information et ça ne tombe pas dans l'oreille d'un sourd ! Le desperados va alors manipuler le bon et innocent Smith - et son aide de camp, un certain Gates, ancien cuisinier, pour "reprendre le contrôle du pays" et au passage faire sauter les banques des alentours !

Grass Town est remise au pas et une folie collective s'empare alors des notables de la ville qui assument ensuite des rôles de plénipotentiaires dans le gouvernement de Smith - oubliant à la fin du récit leur moment d'égarement !

Lucky Luke parviendra à ramener les choses en ordre, en conduisant certains à l'asile et les autres en prison ! C'est le manque d'argent, nerf de la guerre, qui provoquera la chute de l'"Empire" !

Pour la petite anecdote, le personnage de Smith s'inspire donc d'une vraie figure de l'Ouest, un dénommé Joshua A. Norton qui, comme le personnage de la BD, péta un câble et se prit pour l'Empereur Norton Ier. Ca se passait en Californie, à San Francisco, au milieu du XIXème siècle ! Là aussi, ce personnage - historique ! - était inoffensif et provoquait l'amusement et la sympathie (mais jamais la moquerie !).

Voilà pour cet album ! Je signale qu'en ce moment, résidant dans un Foyer et comme nous avons un cas de Covid, je suis de nouveau confiné et compte en tirer profit pour vous faire quelques comptes-rendus de lectures effectuées à cette occasion contrainte !

 A bientôt !

PS : Par ailleurs, je vous remercie tous les fidèles lecteurs ce mon eklablog, car sur cette plateforme, où j'avais atteint il y a peu les 400.000 pages vues, je viens de dépasser les 200.000 lecteurs/visiteurs là ! J'avais oublié de signaler le passage aux 100.000 lecteurs et aux 200.000 pages vues mais le fait pour ces deux nouveaux caps qui représentent le double de ces chiffres ! Merci à vous tous !

L'Empereur Smith - Lucky Luke

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La Guérison des Dalton - Lucky Luke

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Avec "La Guérison des Dalton", Morris et Goscinny donnent un nouveau ton aux aventures de Lucky Luke, résolument plus adulte en abordant à nouveau le thème de la rédemption au sujet du quatuor de Dalton, thème qui avait déjà été évoqué dans les albums "Les Collines noires" et "Les Dalton se rachètent". Qu'en est-il dans ce récit de 1975, prépublié dans Le Nouvel Observateur ?

Un certain savant européen, le professeur Otto von Himbeergeist, psychanalyste autrichien, bouleverse les débats au New York Scientific Institute avec ses théories révolutionnaires. L'homme est présenté comme un précurseur de Sigmund Freud et les deux auteurs puisent à nouveau dans leur amour du cinéma classique en lui donnant les traits sérieux et un peu porcins de l'acteur allemand Emil Jannings (1884 - 1950) vu dans L'Ange bleu.

Ce savant hétérodoxe affirme qu'il est possible de réhabiliter les pires criminels en les traitants comme des malades et en expliquant leurs actes par des traumatismes dans leur enfance, le fameux "Monsieur le juge, mon client a eu une enfance malheureuse" ! von Himbeergeist décide de prouver ses théories en les mettant à l'épreuve avec d'indécrottables criminels de l'Ouest américain et son choix va se porter sur les Dalton au pénitentier de Nothing Gulch !

Le personnage du professeur, si il use de ressorts comiques, n'en demeure pas moins un peu inquiétant ! Il a dans ses cases un véritable talent pour percer à jour la psychologie de ses interlocuteurs, qu'il s'agisse d'un pilier de comptoir ou de directeurs de banques ! Lucky Luke va en faire les frais et notre cow-boy, d'habitude si calme, va sortir plusieurs fois de ses gonds quand le psychanalyste va insister sur son goût pour la solitude ou encore l'attrait pour les armes à feu qu'il partage avec les criminels (sorte de substitut phallique).

Les Dalton vont évidemment se prêter au jeu de la "guérison" afin de bénéficier d'une libération et raconte leur passé familial sur le divan ! Même le stupide chien Rantanplan va se faire psychanalyser ce qui donne lieu à un running gag de l'album ou le cabot évoque ses parents et sa fratrie et lui provoque un accès d'intelligence dont il ne se remettra pas ! Il faut noter que le traitement ne fonctionnera réellement que sur Averell !

"La Guérison des Dalton" pose la question "Est-il possible de rendre honnête des malfrats ?" - ce qui confère son côté sérieux, adulte à l'album ! Dans le récit, c'est en réalité Otto von Himbeergeist qui finit par tomber de l'autre côté de la loi et devenir un criminel, renforçant son côté inquiétant ! L'interrogation évoquée est ici menée à son paroxysme par rapport aux précédents albums mentionnés qui avaient aussi pour thème la rédemption. Un récit plus amer, moins gaguesque et probablement plus désenchanté où dans un Far-West à peine civilisé, celui qui est du bon côté du pistolet a toujours raison ! Un monde manichéen mais qui l'est moins avec ce récit en réalité ! Ici aussi, la psychanalyse, très à la mode en ces années 1970, est vue avec distanciation voire avec un côté sarcastique !

Si cette histoire fait la part belle aux dialogues de Goscinny (deux ans avant la crise cardiaque qui lui sera fatale), il faut aussi signaler quelques trouvailles et audaces graphiques qui viennent accentuer l'impact des ces dialogues ! Deux astuces particulièrement ! On a d'abord un magnifique cadrage en plongée lorsque les Dalton suivent une thérapie de groupe avec des éléments de symétrie avec le psychanalyste au centre de la case. On a enfin des codes couleurs dans de aplats de couleurs monochromes : violet pour exprimer l'emportement du psychanalyste, bleu sombre pour figurer la relative pénombre du saloon et rouge vif pour représenter la fureur de Lucky Luke !

Un récit très adulte donc et rondement exécuté à tous les niveaux par deux artistes au sommet de leur art !

A bientôt !

La Guérison des Dalton - Lucky  Luke

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L'Héritage de Rantanplan - Lucky Luke

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En Droit anglo-saxon, il est possible de faire d'un animal son héritier ,testamentaire ! Ceci fournit le pitch de départ à l'album de Lucky Luke : "L'Héritage de Rantanplan" où un certain Oggie Svenson, joueur et tricheur invétéré, propriétaire d'une immense fortune et présumé mort va tout léguer à Rantanplan "le chien le plus stupide de l'Ouest" ! De cette situation absurde de départ, Goscinny crée tout un festival de gags dont il a le secret, illustrés avec brio par Morris !

L'action se déroule à Virginia City dans le Nevada et Rantanplan loge désormais l'Hôtel International dont il est propriétaire, protégé par Lucky Luke contre Joe Dalton ! Car en effet, Svenson a eu la mauvaise idée de faire du bandit l'héritier supplétif si le clébard venait à décéder ! On imagine alors la suite ! Pour la petite histoire, l'Hôtel International est un très grand édifice qui a réellement existé à Virginia City et tel que le dessine Morris ! C'était le premier hôtel avec ascenseur mais il a brûlé en 1914. Outre l'hôtel, Rantanplan détient des mines, des saloons et les maisons du quartier chinois !

Mark Twain qui était alors journaliste à cette époque à Virginia City fait une apparition brève en forme de clin d'oeil dans le récit ! Le dessin de Morris est assez ressemblant aux photos qu'on a de l'écrivain et on le reconnaît facilement !

Car la communauté chinoise nord-américaine est dépeinte avec réalisme dans cet album où Goscinny dénonce le raciste dont ce peuple a alors été victime ! On a fait venir les Chinois en nombre pour construire la ligne de chemin de fer du Transcontinental dès 1861, dans des conditions très difficiles. Puis par la suite, les émigrés ont batit des commerces, le cliché de la blanchisserie dans les albums de Lucky Luke et aussi le restaurant ! A Virginia City comme à San Francisco, les Chinois ont édifié leur Chinatown avec leurs sociétés secrètes. Dans le récit, comme ils sont oppressés par des loyers trop chers, ils vont fournir de l'aide aux Dalton, en les cachant notamment, pour éliminer Rantanplan ! En réalité, tout ceci part d'un malentendu !

Les animaux sont aussi à l'honneur dans cet album : Gouttière, le chat "au caractère difficile", Oreilles, l'âne du prospecteur. Goscinny a crée à l'origine Rantanplan en réaction au personnage de Rintintin, chien qui sait tout faire, même ouvrir des boites de conserve avec ses pattes (ce qui en devient ridicule !), icône canine qui énervait le scénariste de Lucky Luke et Astérix !

Evidemment, dans le récit, Rantanplan ne comprend, comme toujours, rien à la situation, imaginant que Joe Dalton qu'il garde au pénitencier est son maître et qu'on veut le séparer de lui ! Ca donne lieu a pas mal de gags !

Tout rentre dans l'ordre quand il s'avère qu'Oggie Svenson n'est pas mort ! Lucky Luke lui suggère alors de ne plus faire de testament farfelu et de revoir les loyers des Chinois .

Un très bon album comme d'habitude ! Par la suite, Rantanplan aura droit à sa propre série d'albums, de gags en une page, d'une vingtaine de titres à ce jour ! Orthographié à l'origine "Ran-Tan-Plan", puis "Ran Tan Plan", le nom du cabot deviendra définitivement "Rantanplan" en 1987 !

A bientôt !

L'Héritage de  Rantanplan - Lucky Luke

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Le Grand Duc - Lucky Luke

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Le Grand Duc est le 40ème album des aventures de Lucky Luke, publié en 1973 chez Dargaud. Dans cet opus, Goscinny s'inspire comme souvent d'un vrai fait historique, la venue aux USA du grand duc Alexis Alexandrovitch Romanov de Russie, fils du Tsar Alexandre II, en 1971 - 1872.

Ici, notre Grand Duc s'appelle Léonide et est accompagné de son aide de camp et interprête , Fedor Mikhaïlovitch Boulenkov alias Fedia. Son altesse est venue aux Etats-Unis pour signer un important traité commercial mais souhaite avant cela découvrir l'Ouest Sauvage ! Washington convoque alors son meilleur serviteur, Lucky Luke, pour offrir à l'invité de marque un parcours "édulcoré" !

Goscinny n'est jamais tant à l'aise que quand il s'agit de dépeindre des personnages originaux ! Le Grand Duc est inspiré de l'acteur anglais Sydney Greenstreet, vu dans Le Faucon Maltais ou Casablanca. C'est un véritable colosse qui ne s'exprime qu'en russe et d'une voix forte. Fedia, son aide de camp, est clairement inspiré de cet autre acteur, David Niven, aisément reconnaissable. Ce dernier, en tant qu'interprête qui n'a appris les langues étrangères que dans les livres, a une façon un peu décalé de s'exprimer !

Comme jadis il avait accompagné des savants dans Les Collines noires puis un lord anglais dans Le Pied-Tendre, Lucky Luke escorte ici le Grand Duc et Fedia ! Il va ruser et reconnaitre les lieux visités afin de se mettre les cow-boys dans la poche et éviter des ennuis à son altesse russe ! Il ira même jusqu'à mobiliser le 7ème de cavalerie qui se grimera en peaux-rouges pour simuler une guerre indienne !

Notre Grand Duc sera très satisfait de son périple dans l'Ouest où il aura rencontré des personnages typiques de ce monde dont la charmante chanteuse de saloon, Laura Legs (à laquelle il fait le baise-main sur la couverture de l'album) !

Un album très bien conçu, Goscinny et Morris sont au sommet de leur art ! Mais je l'ai trouvé un peu en deça d'autres histoires ! On a de très belles cases de Morris, par exemple pour les péripéties nocturnes de nos héros et cela accroit le plaisir à la lecture !

Il y a enfin un gag récurrent qui passe inaperçu de la vigilance de Lucky Luke en la personne de l'anarchiste russe qui pose des colis piégés et des bombes partout qui font péter calèche, pont, diligence et hôtel mais loupent à chaque fois leur cible ! Rappelons qu'historiquement, le Tsar Alexandre II sera bel et bien assassiné par ces anarchistes en 1881 !

Voilà pour mon compte-rendu de cet album !

A bientôt !

Le Grand Duc - Lucky Luke

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Lucky Luke : Chasseur de primes - Morris & Goscinny

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En guise de dernier article de cette année 2019, nous allons chroniquer un autre album de Lucky Luke, exercice que nous pratiquons depuis quelques années sur cette série qui est encore loin d'être terminée !

Cet album, c'est "Chasseur de primes" où notre cow-boy solitaire, redresseur de torts, est confronté à la pire crapule qui soit, un certain Elliot Belt, chasseur de primes de son état à qui le dessinateur Morris donne les traits de l'acteur de western Lee Van Cleef (aisément reconnaissable par ailleurs) !

Notre chasseur de primes est tout l'opposé du héros désintéressé qu'est Lucky Luke puisqu'il vendrait père et mère pour 10 dollars ! Goscinny nous offre une fois de plus un festival de gags en utilisant deux ressorts : l'exagération (et l'absurde) et la répétition (comique de répétition). C'est toujours très bien amené et ça fait mouche !

Un éleveur de chevaux qui a le bras long, Bronco Forthworth, près de la ville de Cheyenne Pass, déplore la disparition de son étalon vedette, "Lord Washmouth III" et accuse un Cheyenne nommé Tea Spoon de le lui avoir volé ! Les choses se compliquent car l'individu richissime et à la passion exagéré pour la race équine, va placer une récompense de 100.000 dollars sur l'indien. Evidemment, ça va attirer tous les chasseurs de primes de la région !

Le problème va se situer avec les Cheyennes, ici bien différents des indiens du tome précédent, "Canyon Apache" car parqués dans une réserve, déculturés et pratiquant un folklore de pacotilles pour attirer les touristes. Elliot Belt va évidemment jouer les électrons libres et semer la discorde entre les habitants de Cheyenne Pass et les indiens qui reprendront le sentier de la guerre.

Mais Tea Spoon, raisonnable dans ce monde de fous !, va se livrer et la vérité sera rétabli au procès de l'indien : c'est en réalité Madame Forthworth qui a ouvert la porte du box de l'étalon, jalouse de l'attention que lui porte son époux. Le cheval en a alors profité pour rejoindre un troupeau de belles juments et donnera toute une lignée de poulains magnifiques à l'éleveur obstiné. Un mal pour un bien au final !

Goscinny et Morris - mais surtout Goscinny, cet immense artiste disparu trop tôt, sont au top de leur art dans cet album constitutif de la meilleure période de la série, jusqu'à la disparition du scénariste en 1977. Cet album date de 1972, mon année de naissance et c'est un "must-read" !

A bientôt !

Lucky Luke : Chasseur de primes - Morris & Goscinny

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Lucky Luke : Ma Dalton - Morris & Goscinny

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En passant des pages de Spirou  à celles de Pilote, les récits de Lucky Luke sont devenus plus matures, en tout cas plus ambitieux et les albums des années 1970 sont parmi les meilleurs de la série ! Dans le trente-huitième album intitulé "Ma Dalton", Morris et Goscinny mettent de nouveau en avant un personnage féminin qui donne son titre au volume - après l'album "Calamity Jane" et avant "Sarah Bernhardt" et "Belle Starr".

Par le plus grand des hasards, Lucky Luke, se rendant à Cactus Junction, découvre que les quatre Frères Dalton ont une mère (on avait déjà aperçu un portrait d'elle au mur dans un récit précédent !). Or pour le quatuor de despérados, la famille, c'est important et on s'aperçoit bien vite qu'ils ont de qui tenir !

Un des ressorts comiques de l'histoire est que l'on est partagé dans nos sentiments envers Ma Dalton car même si c'est une canaille comme sa descendance, c'est aussi une vieille dame "à qui on doit le respect" et ce sera toujours l'attitude de notre cow-boy solitaire au long de ces pages de ne jamais considérer Ma Dalton comme une vraie criminelle, détournant même le regard à la fin pour qu'elle puisse mettre les voiles !

Evidemment, Joe, Jack, William et Averell vont de nouveau s'évader du pénitencier - suivis par Rantanplan une fois de plus ! Averell s'avère être le "chouchou" de Ma Dalton, à la façon du grand bénêt qu'il est, ce qui suscite la jalousie des trois autres ! Ma Dalton n'est pas contre un bon braquage de banque mais n'hésite pas à laver la bouche de ses fils au savon dès qu'ils profèrent des jurons ! Et elle a aussi une certaine autorité sur Rantanplan, lequel ne cesse de cavaler après le pauvre Sweetie, le chat de la vieille dame !

Les Dalton vont avoir recours à un stratagème : se faire passer pour leur mère en s'habillant comme elle, pour dévaliser les banques de la région ! Ma Dalton découvrira la supercherie mais loin d'être en colère, s'associera à sa progéniture, allant même jusqu'à les diriger, ne dressant par exemple le planning des braquages !

Comme d'habitude, c'est très drôle et il y a encore pleins de trouvailles scénaristiques et visuelles dans cet album !

Pour la petite histoire, Goscinny s'est probablement inspiré de l'histoire véridique de Kate "Ma" Baker, une vieille dame qui braquait les banques avec ses quatre fils au début du XXème siècle ! Elle a finit mal, abattue par le FBI en janvier 1935 avec son fils Fred ! Ca a aussi donné un film au cinéma, en  1970, intitulé Bloody Mama avec Robert De Niro dans le rôle de Lloyd Baker, sorte d'alter-ego de Joe Dalton !

Voilà, je vous donne rendez-vous une prochaine fois pour la suite de la série et un autre album !

A bientôt !

Lucky Luke : Ma Dalton - Morris & Goscinny

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