Je vous parle régulièrement ici des albums de Lucky Luke par Morris et Goscinny - mais il existe aussi toute une flopée d'histoires courtes du cow-boy solitaire - dont certaines ont été reprises en albums dans la célèbre collection de ce héros (par exemple dans La Corde du Pendu, Le Ranch maudit ou encore La ballade des Dalton entre autre) ou qui restent inédites. La plupart du temps, ces récits courtes voyaient le jour dans des magazines et des revues tels Super Pocket Pilote et à partir de mars 1974 dans le magazine Lucky Luke.
Les six récits dont il va être présentement question ici datent pour la plupart de 1968 et 1969 et ont été publiés à l'origine dans ce Super Pocket Pilote puis dans un album, La Bataille du riz, offert en 1972 (année de ma naissance) par le réseau des stations-services Total. Pour ma part, j'ai connu ces histoires par un petit album de la collection anthologique de BD de Dargaud intitulée "16/22", dans un album Pocket donc ayant pour titre "Défi à Lucky Luke" du nom du premier récit !
Ces histoires sont assez simplistes mais efficaces, toutefois le trait de Morris y est parfois moins assuré et moins travaillé que d'habitude (mais bon ça reste moins pire que ce que fera Achdé par la suite !).
Commençons avec "Défi à Lucky Luke" qui donne son titre à l'album Dargaud où on voit un apprenti despérado qui tente de faire son chemin dans le métier et pour cela d'acquérir une notoriété en se confrontant à Lucky Luke. Mais celui-ci le remarque à peine, pire le couvre d'amabilités et finalement Omer Marshmallow retournera "à la ferme de Papa". Comment être pris au sérieux avec un nom pareil ? Le récit commence par un clin d'oeil aux Dalton, à Phil Defer, Billy the Kid et Joss Jamon vus dans de précédentes histoires.
Puis avec "Arpèges dans la vallée, Lucky Luke, toujours prêt à secourir son prochain, vient en aide à Sean O'Flanagan, un Irlandais têtu qui veut à tout prix ramener un piano mécanique dans le bar dont il est propriétaire pour y mettre de l'ambiance - mais de l'ambiance, c'est sur le trajet qu'il y en aura, entre les attaques d'indiens, les montagnes, les précipices et les torrents !
Goscinny joue sur les clichés du folklore américain et les détourne comme dans "Promenade dans la ville" ou Luke tente d'appréhender Buck Flagdown et en vient aux mains avec lui, occasion de nous faire visiter la petite ville de Yucca Gulch au fur et à mesure que les deux adversaires jouent des poings, d'une enseigne à l'autre. Tout y passe ! On a le saloon, le barbier, la société des femmes, l'armurier, le croque-mort, le blanchisseur chinois, l'école, l'épicerie fine et l'imprimeur-éditeur ! Mais évidemment, tout ça se termine chez le shérif et à la prison ! Bien vu ! Un récit mené avec beaucoup d'astuce !
"La Bonne Parole" est un peu au-dessous et anecdotique, tant du point de vue du scénario que du dessin. Notre héros y croise Asbestos Misbeliever, un prédicateur qui ne s'exprime que par citations des Ecritures et se retrouve attaché avec Lucky Luke à des poteaux de torture entourés par les indiens que l'homme de Foi s'est juré d'évangéliser ! Rien de particulier à dire sur ce récit donc !
"Le despérado à la dent de lait" est plus réjouissant et très amusant (et c'est un récit qui est repris aussi dans l'album grand format 7 Histoires de Lucky Luke, je crois, album que je chroniquerai bientôt, pour rester dans les récits courts - car après la mort de Goscinny en 1977, il y eut un temps mort et on raclait les fonds de tiroirs !). Notre cow-boy est aux prises avec un gosse, un sacré galopin, qui va lui attirer un tas d'ennui comme le sale mioche refuse d'aller au dentiste ! On voit ici le caractère entêté de certains adultes qui se posent en bons samaritains !
Le dernier des six récits de "Défi à Lucky Luke" s'intitule "La Bataille du riz" et joue sur le cliché du Chinois démobilisé de la construction des Chemins de Fer et qui ouvre un restaurant en ville. On joue sur le caractère légendairement affable et aimable de ce peuple mais ici on a une rivalité mouvementée et bruyante entre deux Chinois qui veulent ouvrir des établissements concurrents en face à face et qui sous un aspect poli se montrent impitoyables ! L'humour vient de ce décalage et de l'aspect outrancier du récit ! La paix est conclue à la fin mais arrive alors un restaurateur japonais !
Voilà pour cette recension de quelques récits annexes et méconnus. J'avoue que je ne sais pas trop où - hormis 2 ou 3 - on peut lire ces récits en 2021 ? Et je m'en excuse !
A bientôt !