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philosophie

Jung, un voyage vers soi - Frédéric Lenoir

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Frédéric Lenoir nous livre avec Jung, un voyage vers soi un très intéressant et très bien conçu ouvrage de vulgarisation pour qui voudrait se lancer dans l'oeuvre propre de Carl Gustav Jung, le psychiatre zurichois,  fils spirituel puis ennemi de Sigmund Freud.

En France, on connait et on jure davantage par Freud  alors que Jung est plus enseigné dans le monde britannique. Pourtant là où Freud fait preuve d'un pessimisme sur la nature humaine qu'il ne pense qu'en terme de perpétuel déchirement intérieur, Jung est plus positive et plaide pour la réalisation du Soi. On lui doit des concepts comme les archétypes, l'anima et l'animus et l'inconscient collectif.

Pour ma part, j'aime beaucoup la pensée de Jung . Parmi ses différences avec Freud, j'en mentionnerai deux essentielles? Tout d'abord pour Jung la libido ne se borne pas à une origine dans la sexualité mais s'explique aussi par l'élan vital - thème emprunté à Henri Bergson - et à la recherche de sens que poursuit tout être humain. Et aussi pour Jung, l'inconscient n'est pas constitué que d'affects négative mais contient aussi pleins  de choses positives.

Jung théorise le Soi qui comprend le moi, la conscience, l'inconscient personnel et l'inconscient collectif. L'homme a une tendance naturel à s'auto-réaliser. L'inconscient collectif est l'ensemble des images propre à l'Humanité et inclus les archétypes qui sont des concepts vides qui prennent telle ou telle signification en fonction du vécu de la personne. Ils sont l'interface entre notre monde psychique et le monde physique et responsables des synchronicités, quand deux évènements, sans lien de causalité surviennent à brèves échéances et prennent sens pour la personne.

Jung a passé toute sa vie à étudier les rêves, ceux de milliers de ses patients, a recouru à l'imagination active aussi. Grand érudit, certes un peu confus dans ses écrits où il passe du coq à l'âne, il s'est penché sur les mythes, sur l'alchimie ou encore sur les religions qu'il s'agisse du Christianisme ou des religions d'Orient.

Pour le psychiatre zurichois, là ou Freud voit en la religion une névrose, il y voit un moyen de trouver du sens, un outil pour se réaliser et pense qu'il existe en chacun de nous un besoin religieux ancré dans notre esprit. Nous avons une "'image de Dieu" en nous et aussi parce que nous baignons dans des civilisations imprégnés par le religieux. Il va jusqu'à dire que les gens religieux sont plus heureux, ceux qui ont une vie spirituel dans nos civilisations matérialistes.

Pour la réalisation de Soi, Jung, père du développement personnel et de la psychologie positive parle de langages (les rêves, les images,, les mythes) et de procédé. Sa pensée en ce domaine  est circulaire et pour se réaliser il faut rendre conscients sa persona, son ombre et son anima ou animus. il n'y a pas qu'une seule voie.

Bref ça donne furieusement envie de se plonger dans l'oeuvre de Jung, ce que je vais essayer de faire si j'ai le temps. Je vous reparle aussi de spiritualité très prochainement.

Je tiens à remercier Fred - pas Frédéric Lenoir, un autre Fred qui est mon voisin - qui m'a prêté ce livre que j'ai dévoré en 5 jours. Un voisin très intéressé par tout ce qui touche à la spiritualité.

A bientôt !

Jung, un voyage vers soi - Frédéric Lenoir

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La philosophie au risque de la préhistoire - Philippe Grosos

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Dans La philosophie au risque de la préhistoire, Philippe Grosos revient sur les origines de la Philosophie, en se livrant à un travail d'archéologue.

On pose classiquement que la Philosophie est née en Grèce au VIème et Vème siècles avant Jésus-Christ  avec les Présocratiques (voir l'article que j'ai dû faire là-dessus) puis avec Platon et Aristote. Pourtant l'écriture apparait bien plus tôt au 2ème millénaire avant notre ère à Sumer et en Egypte ! Or la Philosophie - avec  Platon qui transpose la tradition orale de son maitre  Socrate à l'écrit - est très dépendant  de l'écrit. En réalité, les Sumériens et les Egyptiens disposaient d'une mythologie - avant la pensée rationnelle - et pas d'une Philosophie.

L'auteur de ce très intéressant essai s'appuie sur l'art pariétal pour essayer de déterminer quel pouvait être le mode de pensée au Paléolithique le plus récent et au Néolithique et il établit qu'on change d'ontologie (la façon de penser l'être et les étant, ce qui est) entre ses deux périodes.

On passe en effet d'une ontologie participative au Paléolithique - avec  l'Homme qui fait partie d'un grand tout au  même titre que les animaux, les mammouth et les rennes et où l'Homme se représente très peu par rapport à la faune - à une ontologie présentielle où le monde est pensé en référence à l'Homme au Néolithique. Car entre temps a eu lieu la Néolithisation où l'Homme domestique les animaux et cultive les plantes pour ses besoins !

Voilà grossièrement résumé la thèse principale du livre ! Par la suite, la Philosophie, avec les Grecs, s'engage sur d'autres voies ! L'Homme étant désormais la mesure de tout, il est aussi l'origine des problèmes notamment quand il s'organise en Cités, la fameuse Cité grecque à l'image d'Athènes et de Sparte de l'Epoque Classique qui durera 200 ans et disparaitra avec les conquêtes d'Alexandre le Grand.

C'est ainsi que Platon compose La République, puis devant ses échecs répétés avec les tyrans de Syracuse, renonce au Philosophe-Roi et se replie sur le texte de la Législation avec Les Lois, oeuvre de la fin de sa vie et incachevée.  La Philosophie va donc  se préoccuper de Politique et de même avec Aristote qui étudie les Constitution avec Les Politiques  mais dont les autres textes dans ce domaine nous sont perdus !

Enfin avec Aristote, la Philosophie, après avoir entériné l'ontologie présentielle en plaçant l'Homme au centre de ses questionnements,  après avoir étudié la politique, va étudier la connaissance pour elle-même. En effet l'oeuvre d'Aristote se diversifie beaucoup plus par rapport à celle de Platon en introduisant des ouvrages sur l'astronomie ou la zoologie ! Car c'est aussi ça la Philo, l'étude du monde en soi dans tous ses aspects, du réel, pour un épanouissement personnel ! Acte gratuit me direz-vous ?

Bref un excellent essai de 200 pages très érudit et facilement compréhensible !

A bientôt !

La philosophie au risque de la préhistoire - Philippe Grosos

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Le mythe transhumaniste - Mehdi Belhaj Kacem & Marion Dapsance

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Voici ici un livre, un court essai, que j'ai été très surpris de trouver dans ma Bibliothèque Universitaire, tant les facs sont devenues les relais  du conformisme et de la pensée dominante quand elles ne sont pas infestées par les Wokistes ! Ce livre, c'est Le mythe transhumaniste, sous-titré " Discussion  philosophique sur les tenants et aboutissants de la "crise Covid"".

Entre ces pages, on peut lire sous forme d'entretien mené par Marion Dapsance, la pensée et la réflexion de Mehdi Belhaj Kacem, "philosophe montant" tel qu'il se qualifie très "modestement" lui-même mais un peu à la marge Mehdi Belhaj Kacem. Il a développé par ailleurs une pensée de l'appropriation/expropriation et la prend comme point de départ pour parler du Covid qui n'aura été selon lui (mais je suis d'accord pour le coup) qu'une  gigantesque opération d'expropriation des richesses des peuples au profit d'une oligarchie transhumaniste dont font partie Bill Gates,  Klaus Schwab et les Rockefellers !

Tout aurait été planifié au Forum de Davos et on peut dire que les populations ont beaucoup souffert de ces politiques indignes, les masques tout autant inutiles que les vaccins dans une "fausse pandémie", plus "spectacle de la pandémie" que "vraie pandémie" toujours selon l'auteur qui met en avant 0,06% de mortalité ! Toutes les élites ont parler d'une seule voix avec les intellectuels, les médecins de plateaux, les artistes et tous les merdias. C'est certain que pour le coup ça a célébré l'esprit moutonnier et entériné la fin de l'esprit rationnel au profit de la peur !

Ca a surtout abimé les plus jeunes, comme le montre par ailleurs sur des médias alternatifs, la psychologue-clinicienne Marie-Estelle Dupont. En d'autres salons, on accusera l'auteur d'être un "complotiste" termes que les représentants des autorités et leurs assujettis dégainent aussitôt chaque fois qu'ils opèrent une attaque contre la démocratie; Aujourd'hui on commence à se rendre compte des choses concernant tous ces narratifs, ces nouveaux "grands récits" mais on n'a pas fini d'en payer les conséquences !

Attaque en règle contre le Transhumanisme aussi, mouvement qui "a montré sa bêtise et son inculture philosophique" et que l'essayiste ne compare ni plus ni moins qu'au nazisme même si ça me pique un peu quand il compare les "non-vaccinés" aux juifs pendant la Shoah ! Il perd aussi en crédibilité lorsqu'il parle des "attentats truqués du 11 Septembre 2001". Et Charlie Hebdo ? Et le Bataclan ? C'était truqué aussi ?

Il n'en reste pas moins que cet essai est intéressant pour ouvrir les yeux des gens car j'estime que 90% de ce qui est dit dedans est bien en lien avec le réel ! Mais la forme est un peu trop véhémente par moments et dessert le propos !

A vous de juger !

 A bientôt !

Le mythe transhumaniste - Mehdi Belhaj Kacem &  Marion Dapsance

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Dans la vigne du texte - Ivan Illich

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Dans la vigne du texte  est un recueil du philosophe Ivan Illich qui contient le texte éponyme suivi d'un autre essai sur l'alphabétisation. C'est un ouvrage très érudit, pointu et très intéressant !

Dans cette publication du CNRS, le philosophie Ivan Illich, largement méconnu et disparu en 2002 se penche dans un essai publié pour la première fois en 1991, sur la figure du penseur et théologien mystique Hugues de Saint-Victor (1096 - 1142)  et plus particulièrement sur son texte L'art de lire  ou Didascalicon, écrit en 1137.

Hughes de Saint-Victor dans cet écrit de la fin de sa vie célèbre la lecture de son temps comme l'éveil de la formation intellectuelle ou le texte est censé illuminer le lecteur, le livre manuscrit rayonnant véritablement. On passe alors de la lecture monastique - ou un moine lettré lisait les textes à voix haute pour tous ses Frères - à la lecture scolastique, des Universités où l'on se livre à des gloses à n'en plus finir et qui se fait de manière muette, pour soi-même. Dans le même temps - entre le XIIème et le XIIIème siècle, le livre connait un certain nombre de révolutions bien avant celle de l'imprimerie mais qui la prépare - avec l'écriture cursive, l'adoption progressive du papier, les sommaires, les index, etc,...

Dans ces temps-là, la lecture consiste à lire, méditer, étudier et se souvenir. Le livre d'Illich a véritablement une dimension anthropologique et interroge sur la sociologie du lectorat qui est dans la quête d'une perfection très chrétienne pour conduire l'âme au repos et à la joie. Cette pratique de la lecture demandait alors une grande discipline et le savoir et la connaissance devait être recherchés afin de s'améliorer. La découverte de la Vérité !

Illich insiste particulièrement sur cette dimension mystique. Concernant le titre, la vigne renvoie au treillis qui la porte qui renvoie lui-même au texte qui est "tissu" entremêlé.

Enfin l'auteur évoque aussi le présent et le passage au numérique en disant ne pas vouloir dénigrer ce présent même si il regrette ce passé glorieux. L'Homme a  perdu sa concentration désormais quand il lis et ne le fait plus avec autant de profondeur et de recueillement. La Communication est en train de tuer la lecture ! L'"Ere du Livre" est en train de se terminer. On a ici aussi des pages sur l'Histoire des Médias avec ABC, l'alphabétisation de l'esprit populaire, rédigé avec Barry Sanders, un professeur de langues américain.

Un bien bel ouvrage dont la lecture m'a passionné !

A bientôt !

Dans la vigne du texte - Ivan Illich

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Hegel et la Révolution Française - Joachim Ritter

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Comme je vais aborder ici un livre de Philosophie un peu pointu, cet article s'adresse aux initiés - "on est entre bonnes gens" ! Et pour le coup, je m'assois un peu sur le côté "la culture à portée de tous" de ce blog, l'accès à cet article ne vous est pas interdit mais sachez qu'on ne va pas parler de maquillage ou de people ! Et je me suis replongé dans mes "bouquins moisis" comme dirait mon pote Gautier qui est un Apostat !

En fait de bouquin, j'ai ouvert le bulletin très spécialisé de la "Bibliothèque des Archives de Philosophie", un opus consacré à une étude de Joachim Ritter sur "Hegel et la Révolution Française ! Entrons sans plus attendre dans le vif du sujet !

Après la parution de sa Philosophie du Droit, les critiques envers cet écrit de Hegel non pas manqué. Notamment, Rudolf Haym le qualifié de « dictateur philosophique de l’Allemagne » et de réactionnaire qui a permis la restauration prussienne. Selon ce commentateur, Hegel aurait donné une « justification scientifique » du système policier prussien.

Tout d’abord, une des grandes théories de Hegel est que « le rationnel est réel et le réel est rationnel. ». Hegel est aussi accusé de diviniser l’État comme incarnation de la raison dans le réel. Ainsi, la raison se réalise. Or, avec la Revolution française qui marque une rupture dans l’Histoire, le Sacré s’est retiré du Monde, Dieu en a été chassé et les Hommes se replient sur leur intériorité et cherchent les causes dans la Nature.

Toute la vie et toute l’œuvre de Hegel reposent au fond sur cet événement fondamental qu’a été la Révolution. Contrairement aux Romantiques comme Novalis et a la Restauration, Hegel ne cherche nul retour en arrière et revenir à l’ancien système juridique n’aurait aucun sens dans ce monde qui a changé. La Révolution a mis en avant une idée nouvelle, celle de liberté (avec la Déclaration des Droits de l’Homme) et tout le Droit futur reposera là-dessous. Toutefois Hegel reconnaît l’incapacité de la Révolution à créer un système politique stable.

La Philosophie renonce à la Métaphysique et le Religieux s’efface - c’est ce qui sera théorisé juste après la mort d’Hegel par « les Trois États » d’Auguste Comte. Il y a eu une scission entre l’objectif (avec la science expérimentale) et le subjectif (avec le mystique et le Romantisme). Ces deux courants égaux avancent désormais en parallèle.

Hegel étudie ensuite la société civile qui est centrée sur l’Homme et ses besoins et est une sorte de contre-pouvoir. De longs passages lui seront consacrées dans la Philosophie du Droit. Hegel s’est en effet plongé dans l’économie politique anglaise. Il y cherche une théorie inductive adaptée à la nouvelle réalité sociale car la philosophie de Hegel est aussi une philosophie du présent, située dans l’Histoire.

Pour Hegel, mais déjà chez Adam Smith, la division du travail devient le principe constitutif de la société (et déjà Hegel ouvre la voie à Marx). La société civile industrielle accumule alors les richesses, génère un système de classe et doit s’étendre par la colonisation et cette société civile est alors appelée à devenir universelle. Mais Hegel visionnaire pose qu’un jour les colonies se libèreront comme on a autrefois libéré les esclaves. Et au passage, la société civile entre au cœur de la Philosophie. Elle devient le problème.

Hegel est bien conscient de la contradiction entre une nouvelle société qui repose sur la promotion de la liberté en faisant sauter toutes les entraves et l’existence de classes aliénantes - la plèbe - qui naissent avec l’orientation industrielle - découlant des sciences et techniques de cette nouvelle société. Mais bon, Hegel, c’est aussi la Dialectique et le dépassement des contraires.

Et en face de cela, on a les tentatives de Restauration qui tentent de ramener l’Homme dans son Histoire.

Enfin c’est la théorie de la société civile qui permet d’expliquer la scission qui apparaît alors d’où résulte l’objectivité qui pousse cette société civile industrielle. Hegel postule aussi une nature intemporelle de l’Homme malgré tous les changements historiques, ce qui résout bien des questions. Cette nature de l’Homme qui ne change pas est aussi un fondement de la société civile.

La société civile considère l’Homme exclusivement comme un être de besoin et le détache de son passé historique. Hegel est le premier à l’avoir compris. Une telle société permet-t-elle alors de s’émanciper, de réaliser la liberté ? En un certain sens, oui puisqu’elle se moque de ses appartenances communautaire, religieuse ou autre et ne souhaite que la satisfaction de ses besoins et son bonheur.

La Revolution a apporté une chose : la liberté est le droit pour tous les hommes. La subjectivité continue de s’exercer de son côté pendant que l’objectivité règle le monde industriel, d’où la scission, qui résulte de la Révolution.

Voilà, il y a un second texte dans ce Bulletin de Philo, sur "Personne et propriété selon Hegel" et j'y reviendrai peut-être aussi - et parlerai aussi un jour de la Philosophie du Droit en propre.

En attendant, je vous annonce que dans les semaines toutes proches, je vais valider ma Licence de Psycho et l'an prochain, en 2023 - 2024, j'espère être en double cursus de Masters : Master M1 Philosophie dans tous les cas et soit Master M1 Sociologie ou Master M1 Histoire Métiers du Patrimoine ! Vais acquérir encore pleins de connaissances - et en autodidacte à côté - dont je vous ferai profiter ici !

A bientôt !

Hegel et la Révolution Française - Joachim Ritter

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Histoire de mes idées philosophiques - Bertrand Russell

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Je vais maintenant vous faire un compte-rendu du livre de Bertrand Russell, Histoire de mes idées philosophiques  où il retrace son parcours intellectuel. Mais en réalité, j'y renonce par avance car j'ai trouvé l'ouvrage et de manière générale ce qu'on appelle la philosophie des mathématiques, de la logique et du langage dont la Philosophie analytique anglo-saxonne fait son lit depuis le XXème siècle, très ardus ! On prétend que la prose de Russell s'adapte au lectorat pour être compréhensible de tous, je ne trouve pas ou alors c'est moi qui suis devenu subitement débile ? Et je trouve aussi par moment qu'il se perd dans des arguties ou enfonce des portes ouvertes.

Néanmoins, le livre et la pensée de Russell sont très intéressants et ce n'est pas pour rien qu'il est considéré comme un des plus grands philosophes du XXème siècle, de la trempe d'un Heidegger, d'un Wittgenstein ou d'un Sartre. Je vais donc poser ici quelques principes de sa philosophie logique telle qu'il l'a exposé dans son autre livre très célèbre, les Principia Mathematica  - qu'on peut traduire par les "principes des mathématiques" - coécrit avec l'autre grand logicien et mathématicien Whitehead qui réédifient la Logique avec la même ampleur que l'a fait Frege.

Cette Histoire de mes idées philosophiques, si vous êtes un peu versé dans la discipline, concerne surtout la Logique et la démarche scientifique - et le rapport à la "Vérité" et à une certaine vision du monde qui existe en lui-même et pas que dans notre esprit (contre Kant donc !) plus qu'il ne détaille la pensée politique de Russell, par ailleurs très engagé sur ces points, contre les Guerres, que ce soit la Grande Guerre ou la Guerre du Viet-Nam et pour le désarmement !

Russell est partisan d'une philosophie scientifique à une époque où certaines de ses branches - comme la psychologie - se détachent de la philosophie sous l'action des progrès des sciences. Russell a donc bien flairé l'air de son époque. Il propose d'appliquer cette doctrine scientifique à des phénomènes relevant jusque-là de la métaphysique comme la connaissance de l'esprit, de la matière et des relations entre les deux, de la connaissance en général et de l'existence du monde extérieur.

En Logique, on doit à Bertrand Russell le développement du calcul des prédicats de premier ordre, la défense du logicisme, le paradoxe de Russell et la théorie des types. Il mène aussi une longue réflexion dans ce cadre et y revient, dans le livre qui nous intéresse ici, sur les Universaux et les Particuliers, rendus célèbres par la scolastique au Moyen-âge. Au moment où la Logique est devenue une science à part entière sous l'impulsion de Frege, Russell construit lui-même un calcul des propositions, un calcul des classes et un calcul des relations d'après une analyse des propositions qui révelèra quelques paradoxes.

La Logique est composée depuis Aristote et reprise par Descartes et Port-Royal de jugements et de jugements d'idées que l'on énonce en propositions, propositions que l'on combine ensuite.

Parmi les paradoxes révélés par les analyses de Russell, je n'en citerai qu'un histoire de vous faire cogiter - loin de moi l'intention de vous retourner le cerveau avec "le paradoxe du barbier" : on considère un barbier « qui rase tous ceux et uniquement ceux, qui ne se rasent pas eux-mêmes ? » — situation qui engendre la question insoluble : ce barbier se rase-t-il ?

Voilà je vais m'arrêter là même si j'aurais pu encore vous entretenir de philosophie du langage. Ce qu'il faut retenir, c'est que Russell a fait date car il est le fondateur de la Philosophie analytique !

A bientôt ! A une prochaine fois !

Histoire de mes idées philosophiques - Bertrand Russell

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Psychologie, morale et culture - Manuel Tostain

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L'universitaire Manuel Tostain a publié il y a plus d'une vingtaine d'années un livre aux presses universitaires de Grenoble pour nous expliquer en quoi consiste la morale, et comment elle s'acquiert et dont découle la psychologie morale. Dans Psychologie, morale et culture, on repart de la définition de base donnée par Emmanuel Kant qui croyait en une morale inconditionnelle et universelle car basée sur la rationalité elle-même partagée par tous. Mais par la suite, le point de vue universaliste va se heurter aux points de vue culturaliste et relativiste.

Pour savoir comment l'individu acquiert la morale il faut remonter aux travaux de Piaget qui outre le développement des capacités cognitives et de raisonnement de l'enfant, s'est intéressé à la morale. Selon le modèle piagétien, l'enfant, bien que capable très tôt de prendre en compte les intentions des acteurs, est facilement influencé dans son jugement par les conséquences matérielles des conduites. L'enfant possède une responsabilité objective qui néglige les raisons qui ont poussé les personnes à agir. De plus l'enfant croit fréquemment en un monde juste où tout est noir ou blanc et jamais gris.

La morale initiale de l'enfant est donc très  rudimentaire car il reste soumis à l'adulte et il n'acquiert aussi une morale plus subtile qu'avec le développement de ses capacités intellectuelles vers 11 - 12 ans.

Un autre chercheur,  Kohlberg complète le tableau de Piaget en montrant l'aspect souvent conventionnel de la morale des enfants mais aussi des adultes et établit 6 stades où les conduites morales sont fréquemment motivées par un besoin d'approbation par les autres et selon leur conformité à des prescriptions sociales admises et partagées mais discutables.

Les six stades de la morale de Kohlberg vont du plus simple où l'individu ne prend en compte que son propre intérêt puis s'étend progressivement à l'entourage, à la société puis au bien de l'humanité tout entière ! Les plus hauts stades moraux selon lui ne sont l'apanage que des gens qui ont fait des études supérieures et des philosophes voire des Saints ! Ce modèle a été très critiqué car il postule que les sociétés traditionnelles ou primitives ont un degré de morale moindre. En réalité, Kohlberg adopte trop le point de vue occidental et libéral ! Chez Kohlberg, les six stades se succèdent au cours du temps.

Kohlberg est notamment interrogé par Turiel qui fait lui la distinction entre différents sortes de prescriptions morales selon leur nature. Il y a ce qui relève de l'ordre moral général et ce qui relève de conventions relatives et spécifiques à un groupe, à une culture. Avec Turiel, le relativisme fait son entrée.

La morale de Kohlberg s'applique aussi davantage à des hommes qu'à des femmes et c'est ce que montre Gilligan, les femmes ne sont pas moins morales que les hommes mais du fait de leurs expériences de vie ont une morale différente, qui est basée sur la sollicitude, l'aide à autrui là où celle des hommes est fondée sur la justice.

La morale varie donc selon les cultures mais il reste cependant un socle commun. Les prescriptions morales possibles sont si diverses qu'une culture donnée ne saurait toutes les adopter et opère un choix. A l'heure où la question du multiculturalisme et du choc des cultures, des peuples de morales différentes - aucune n'étant supérieure à une autre - peuvent-ils trouver un terrain d'entente, ne serait-ce qu'au niveau juridique ?

Le dernier chapitre aborde l'aspect social de la morale et parle notamment d'éducation des enfants en opposant une version "autoritaire" de l'éducation - qui serait le propre des classes populaires - et une éducation "humaniste" apanage des classes huppées ! Il va sans dire que je ne souscris pas à cette vision, Ténardier et Cosette, c'est fini - on peut cependant comprendre qu'un mode de vie plus difficile et paupérisé accroit les risques  - de délinquance notamment - et exige un encadrement plus ferme.

J'ai aussi beaucoup apprécié la distinction opérée entre "rationalisation" et "internalisation" des comportements - qui consiste dans le premier cas à atténuer soi-même un dilemme et une souffrance morale lors d'une action entreprise par la personne et dans le second cas à ramener à soi-même l'origine de son comportement qui est en fait causé par des éléments extérieurs - dans ce deuxième cas, la manipulation mentale n'est pas loin !

Voilà, un livre très intéressant mais qui date un peu ! J'imagine que la recherche a progressé depuis !? Je vous tiens au courant !

A bientôt !

Psychologie, morale et culture - Manuel Tostain

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Esthétique et métaphysique - Arthur Schopenhauer

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On a souvent parmi les étudiants en Philosophie l'image d'Arthur Schopenhauer comme un Philosophe pessimiste voire misanthrope qui n'aimait que son caniche ! Il n'en reste pas moi que pour moi c'est un de mes philosophes préférés. Son maitre ouvrage - qui inspira Nietzsche - est Le monde comme volonté et comme représentation  qui ne rencontra de l'écho que sur le tard.  Mais ici je vais vous parler des trois petits essais de Esthétique et métaphysique qui fait partie de l'ensemble plus vaste qu'est Parerga et paralipomena,  publié en 1851 et qui reprend des concepts de son oeuvre maitresse.

Pour Schopenhauer, il y a deux choses dans le monde, la Volonté d'une part et la Représentation d'autre part. La Volonté est la véritable essence derrière les choses et elle n'est pas connaissable, elle demeure cachée et insondable et selon mon interprétation elle préfigure un peu les concepts vitalistes que défendra plus tard un Bergson  - ou encore le "vouloir vivre" de Nietzsche.

La Volonté mène le monde et s'instancie objectivement dans les idées, les êtres et nous-mêmes. Elle est notre part subjective. La Volonté se montre dans la représentation qui est sa manifestation, découle d'elle mais elle, elle demeure inatteignable !

Dans le premier essai, Schopenhauer se penche sur le destin, le fatum et la Providence ou pour le dire autrement sur le contingent et le nécessaire. La Volonté rend-t'elle le monde nécessaire ? Tout découle de la causalité qui découle de la Volonté et l'Homme court vers son malheur dans une vie de souffrances. Ce n'est pas le bonheur qui constitue la positivité mais la souffrance, le bonheur est une circonstance par défaut.

Ce premier essai a pour titre : " Spéculation transcendante sur l'apparente préméditation qui règne dans la destinée de chacun" où notre auteur démontre qu'on ne peut prédire l'avenir car si la Physique fait effectivement des prédictions sur le monde - en fonction de lois qui découlent du général et de l'universel, l'astrologie ne saurait faire de même car elle s'intéresse aux destins singuliers et nulle loi ne peut être tiré du singulier.

Le second essai porte sur la question du génie. Il s'intitule " Pensées se référant sous tout rapport d'une manière générale à l'intellect". On peut voir aussi cette essai comme un traité de psychologie avant la fondation véritable de cette discipline par Wundt et confrères. Schopenhauer y mentionne notamment les mécanismes de la mémoire.

Qu'est-ce que l'intelligence ? Et qu'est-ce par rapport à la Volonté ? Il y a l'intelligence pour les choses communes et le surplus d'intelligence qui n'est véritablement pure et objective que quand elle est dégagée de la Volonté et du subjectif.

Schopenhauer dresse une ligne de partage entre les gens du commun, engoncés dans leurs affaires triviales, obéissant à leur ventre et ne s'intéressant qu'au négoce et aux choses matérielles et les génies - qui sont rares - et flottent un peu dans l'éther de l'esprit, ont une vision claire et parfaite du monde et sont désintéressés. Le génie n'oeuvre pas pour la postérité et il offre son savoir à l'Humanité qu'il fait progresser, savoir qu'il ne tient de personne. Je vous laisse deviner où Schopenhauer se situe en sous-texte ?

Le troisième et dernier essai, " Esthétique et métaphysique du Beau" parle d'arts et Schopenhauer y expose ses idées sur la peinture, la sculpture, l'architecture, la musique (dans des pages très savantes qui dépassent de loin mes compétences en la matière), l'opéra, le drame, le roman, l'Histoire et même brièvement la mode et le journalisme. Certaines considérations sur les artistes rejoignent celles du deuxième essai sur les génies.

De manière générale, Schopenhauer semble regretter les artistes de l'Antiquité, les Anciens, et pense que l'art contemporain, l'art de son époque n'est que décadence ! C'est un constat qu'on retrouve à beaucoup d'époques chez beaucoup de critiques.

Voilà pour cette bref présentation ! Livre très intéressant, pas très épais, parfait pour la culture philosophique en attendant de se pencher dans les 2 gros tomes du Monde comme volonté et comme représentation.

A bientôt !

Esthétique et métaphysique - Arthur Schopenhauer

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Passions du concept - Etienne Balibar

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Un peu de philosophie et de réflexion épistémologique pour ce dimanche soir avec l'essai d'Etienne Balibar, Passions du concept, qui plus qu'un essai est plutôt un recueil d'articles et de conférences données par l'auteur - ouvrage assez ardu qui montre que Balibar est capable de pousser la réflexion assez loin (ce qui me fait doucement rigoler quand les merdias présentent Macron en élève de celui-ci alors que ce président imposteur et dévoyé est le dernier des ânes ! Mais bon je m'égare ! D'ailleurs Balibar ne le connait pas !).

Pour ma part, j'ai eu l'occasion d'assister à une conférence de Balibar, c'était au Mémorial de Caen, dans le cadre de mes études de Philo (suspendues pour le moment) en 2016 ou 2017.

Pour présenter cet ouvrage, et comme la tâche est difficile, je me contenterai exceptionnellement de faire un copier-coller de la page de présentation du livre sur le site de La Découverte car cela fera très bien l'affaire !

"Ce deuxième volume des Écrits d’Étienne Balibar est constitué de neuf études à caractère philosophique portant sur des auteurs classiques ou contemporains (Canguilhem, Badiou, Pascal, Machiavel, Marx, Foucault et Althusser, d’autres encore) et traversant les questions du savoir scientifique, de la « prise de parti » politique et de son incidence sur la connaissance, du statut de la théorie entre spéculation théologique et interprétation de l’actualité.

Rédigées entre 1994 et 2016, ces études illustrent le passage de l’auteur d’une épistémologie historique et critique, dont la question centrale avait été celle de l’articulation entre l’idéologie et la science, à une phénoménologie des énonciations de la vérité, dont le caractère intrinsèquement conflictuel, ouvert sur les « réquisitions » de la conjoncture, implique des interférences constantes entre la recherche de l’intelligibilité, le moment inéluctable de la décision et la répétition des grandes traditions spéculatives. Ces deux types de recherches, apparemment incompatibles, partagent une même passion du concept, qui est commune à tous les auteurs commentés.

Distribuées en trois constellations thématiques, les lectures proposées s’organisent autour de formulations symptomatiques dont on documente à chaque fois les trajectoires d’un auteur à l’autre : histoire de la vérité, point d’hérésie, idéologie scientifique. Elles débouchent sur l’esquisse d’une problématique de l’ascension polémique (par opposition à l’« ascension sémantique » des logiciens) à laquelle donnent lieu les confrontations théoriques en révélant dans l’actualité leurs enjeux de principe.".

Voilà, pour ma part j'ai trouvé les parties sur Foucault et Marx parmi les plus intéressantes !

A bientôt !

PS : Ceci est le 150ème billet "Philosophie" sur Overblog !
Passions du concept - Etienne Balibar

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La Technique et le Temps - Tome 2 : La Désorientation (2ème partie) - Bernard Stiegler

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On continue notre analyse assez détaillée dans la mesure du possible de Bernard Stiegler !

On a parlé précédemment du qui et du quoi. Le qui est bouleversé régulièrement par l'histoire du quoi, la société par les avancées technologiques. Elle a toujours un temps de retard, écrit Stiegler. Il y a un déjà-là commun qui voit se succéder les générations et le qui s'accomplit par rapport au quoi, ses prothèses.

Mais au XXème siècle, un important changement survient, une "désorientation", la délégation des programmes aux machines. L'industrialisation entraine la perte du sentiment d'appartenir à une communauté, puisque la communauté le cède aux machines qui se passent des groupes ethniques.

Et alors, on assiste à un décentrement de l'individu par la machine. C'est aussi le règne de l'automatisme contre l"intelligence et l'individuation. On a la planification technique avec le Taylorisme.

De plus, comme le pointe André Leroi-Gourhan le célèbre préhistorien, il y a délégation du savoir dans l'automatisation, les archives numériques (la magnétothèque, l'hypertexte et l'internet).

Le numérique appelle une nouvelle manière d'élaborer et de classifier les savoirs. Il y a extériorisation de la mémoire individuelle dès l'imprimerie. Avec l'imprimé émergent la philosophie moderne et le Protestantisme. Aucun cerveau humain ne peut désormais appréhender le contenu de toutes les bibliothèques, ce qui était encore possible avant la Renaissance. Fini les Pic de la Mirandole ! Tout ceci annonce aussi l'Intelligence artificielle.

Dans l'évolution technique, on note que outil et langage sont désormais devenus machine et écriture d'un même mouvement.

Parlons du style maintenant ! Il se dégage du déjà-là !  Mozart fait de la musique allemande, Proust de la littérature française mais la possibilité du style se dégage comme figure sur le fond d'un style déjà-là dont Mozart et Proust sont les plus hautes figures.

Bref, le style est occurrence mais dans le même temps, il s'arrache à des déterminismes. L'industrialisation est- elle la fin du style, de l'idiome ?

Ainsi Stiegler montre que l'obsession de l'Homme semble être la destruction du temps et de l'espace (le calendrier, l'architecture,...). Seul l'ermite se soustrait au temps et à l'espace ! Cependant le temps a priorité sur l'espace.

Stiegler note aussi enfin l'évolution de la lecture vers des supports imagés (le cinéma, la télévision), la magnétothèque, dans le futur,  supports plus maniables et qui demandent moins d'effort ! Là encore pour gagner du temps ! Je vous renvoie vers son autre livre, De la misère symbolique et l'article que j'ai fait dessus et je vous dis à la prochaine fois !

"Défi Lecture N°15-Bis".

A bientôt !

La Technique et le Temps - Tome 2 : La Désorientation (2ème partie) - Bernard Stiegler

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