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poesie

Le Parti pris des choses - Francis Ponge

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Si les mots désignent des choses, la poésie cherche à saisir l'essence des objets et la nature profonde de la réalité, ce qui se cache derrière les "voiles" !

Francis Ponge est un géant de la poésie ! Né à la fin du XIXème siècle, ce manieur de mots adhère au groupe Surréaliste dans les années 1920 - politiquement, il est Socialiste ! Très jeune, il éprouve une vraie défiance envers le "parler ordinaire" ! Il parle même d'un "drame de l'expression" - notamment au moment de la mort de son père - au sujet de mots  banalisés et abimés par l'usage quotidien !

Dans Le Parti pris des choses,  recueil de poèmes paru en 1942, Ponge va s'attacher à décrire avec le plus de précisions possibles les choses les plus banales, à savoir des objets du quotidien, parlant d'"objeu" ? Il s'agit par les mots de la poésie - qui sont les mêmes que l'usage quotidien ! - de toucher au plus près de l'objet, d'évoquet sa matière, son mode d'emploi, de faire ressortir l'objet dans le mot, dans son nom !

Ponge touche au plus près des caractéristiques physiques des objets ici ! Ainsi, il évoque le "cageot", jouant entre la "cage" et le "cachot", usant des similitudes de sonorités ! il nous livre aussi, ainsi, des "définitions-descriptions" ! Et en faisant donc des rapprochements encore plus étroits entre l'objet et le mot !

Philosophiquement, ca se rapproche du Cratyle de Platon, évocation de la langue adamique  où les étymologies sont "fondées en réalité" ! Chaque objet a sa propre rhétorique, et Ponge joue sur la phonétique et la graphie du mot qui le désigne.

Ponge fait un "compte tenu des mots" et s'inscrit dans la lignée de Rimbaud, Lautréamont et Mallarmé. Ses rapprochements relèvent souvent néanmoins de l'arbitraire de la langue et de l'irrationalité, comme entre "savon" et "savoir" ! L'analogie ne marche pas toujours à fond !

Avec Le Parti pris des choses, Francis Ponge nous livre un corpus de textes cohérents ! J'ai oublié de préciser qu'il s'agit là de poèmes en prose ! J'avais étudié ce recueil dans le cadre de ma Licence de Lettres, Première Année, en 2008 et avais assez apprécié ce genre de poésie !  Certains poètes sont parfois hermétiques voires obscurs  mais Ponge se lit avec délectation, alors ne vous en privez pas !

A bientôt !

Le Parti pris des choses - Francis Ponge

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Trop - Jean-Louis Fournier

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Voici un petit recueil bien réjouissant que ce Trop de Jean-Louis Fournier, déjà chroniqué sur ce blog pour Où on va, papa ? et Veuf.

De quoi s'agit-il présentement ? Je me risquerais, sans trop prendre de risques, à dire que nous avons là un petit recueil de poèmes en prose ! Voilà, pour la forme, qu'en est-il du fond ?

Fournier s'étend ici sur la société contemporaine, société faite d'abondance, de "trop" et n'appréciant plus rien, vide dans son esprit. L'auteur livre ces petits textes comme des constats, trop de choix, trop de beurres, de farines, de gâteaux, de savons mais aussi de journaux, d'écrans, d'infos, de radio. Société de consommation mais aussi de matraquage médiatique - qui nous rend esclaves ! A plusieurs reprises, le poète inclut dans ces textes, des références et un parlé pris au langage publicitaire ! Puis le poème se termine par une pirouette, un bon mot, une chute pour mieux tourner le sujet en dérision !

C'est court mais brillant et bien vu ! Le texte est aussi empreint d'une certaine nostalgie, pas d'une "nostalgie de vieux con" mais de sage qui sait prendre le temps de vivre et d'apprécier les choses à leur juste valeur - quand elles sont rares et précieuses !

Voilà, je n'en dirais pas plus, le mieux est encore d'apprécier et de savourer ce recueil ! Je vous laisse à vos lectures et vous dis à bientôt !

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Les Âmes aux pieds nus - Maram al-Masri

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Qui sont ces Âmes aux pieds nus ? Ce sont autant de femmes d'horizons différents - européennes, africaines, maghrébines, asiatiques, de tous âges et de tous milieux sociaux - dont Maram al-Masri dresse le portrait dans ses poèmes en vers libres ou leur donne la parole.

Maram al-Masri est une poétesse syrienne au parcours personnel compliqué. Elle est née en 1962, a fait un mariage qui s'est mal déroulé, son mari lui ayant enlevé son fils.

Mais concentrons-nous sur sa poésie ! Elle écrit en arabe et en français (car la traduction est toujours une "trahison") et fait preuve d'une hypersensibilité. Féministe dans l'âme -mais pas militante au MLF - elle connait bien le sort malheureux qui est fait aux femmes et elle parle sans ambages de la violence.

Dans les poèmes de Maram al-Masri, les femmes aspirent à de hautes destinées, recherchent l'amour mais sont forcément trahies - par de fausses promesses - asservies par l'homme (et on voit bien là le rôle de la biographie de l'auteur), enchainées à leur domesticité. La poétesse parle de féminité, de la sensibilité féminine et de déception.

Des poèmes finement ciselés tels des joyaux fragiles qui témoignent d'une grande maitrise de la langue - des deux langues !

Des ouvrages de poésie conseillés à l'heure où la violence est plus grande que jamais en Syrie !

A bientôt !

Les Âmes aux pieds nus - Maram al-Masri

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Le Spleen de Paris - Charles Baudelaire

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Le Spleen de Paris - Petits poèmes en prose est un recueil de cinquante poèmes, écrits entre 1855 et 1867, par Baudelaire et publié à titre posthume en 1869 par Asselineau et Banville. La mise au point de l’ouvrage a donc été erratique et son auteur a songé à d'autres titres tels le promeneur solitaire, le Rôdeur parisien, ou la Lueur et la Fumée.

Baudelaire cherche une écriture de la Modernité qui trouve son expression et son origine dans la Grande Ville qu'est Paris. La prose fait écho aux vers des Fleurs du Mal et particulièrement aux Tableaux parisiens qui ont été ajoutés aux Fleurs du Mal dans son édition de 1861, après l'interdiction de 1857.

La forme du poème en prose n'est une innovation à cette époque. elle a été inaugurée par Aloysius Bertrand dans son Gaspard de la nuit. Mais Baudelaire lui donne ses lettres de noblesse.

Dans ses Notes nouvelles sur Edgar Poe, Baudelaire opposait la nouvelle en prose -qui n'exclut pas une certaine poéticité - au poème versifié, comme forme plus propre à saisir ce qu'il appelle la "vérité".

Dans le Spleen de Paris, certains thèmes récurrent ressortent : la rêverie, l'anecdote et les tableaux de mœurs et les contes cruels.

L'ironie et le sarcasme se développent dans ces contes cruels et font pendant au lyrisme dans le recueil.

Contre une certaine forme de la Modernité (celle du progrès et de l'univers bourgeois), de vulgarité (celle de la masse et de la démocratie), contre une certaine forme de sordide qui caractérise l'esprit humain, le poète-dandy met en scène avec sarcasme, le bas, le monstrueux de la banalité quotidienne.

A bientôt!

Le Spleen de Paris - Charles Baudelaire

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Les Manifestes du Surréalisme - André Breton

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Le mouvement du Surréalisme fait partie de ces avant-gardes artistiques du début du XXème siècle, tout comme Dada et le Futurisme, qui entendaient marquer une rupture avec tout ce qui s'était fait avant, dans le contexte de l'Après-Première Guerre mondiale !

Le Surréalisme touchait à tous les genres de l'art, aussi bien la littérature que la peinture, la musique ou le cinéma, et, alors que la psychanalyse commençait à avoir de l'écho, voulait utiliser toutes les forces psychiques de l'homme - mentionnons juste le recours à l'écriture automatique. Ce mouvement se caractérise par sa grande transdisciplinarité et la collaboration entre ses membres.

Le chef de file du Surréalisme est André Breton qui écrira deux Manifestes du Surréalisme, en 1924 et en 1930 (et des prolégomènes à un troisième manifeste ou non en 1942). Parmi les surréalistes éminents, on peut citer aussi Robert Desnos, Louis Aragon, Paul Eluard, Antonin Artaud, pour les Lettres, Max Ernst, René Magritte, Salvador Dali pour la peinture et  Luis Bunuel et Man Ray pour le cinéma et la photographie.

Le Manifeste de 1924 était à l'origine une préface. Ces textes rassemblent des principes d'écriture et se veulent un hommage à l'imagination, un appel à l'émerveillement et ils mettent en avant la contamination de la réalité par le rêve. Parmi les procédés, on a donc l'écriture automatique et dans les exercices, celui du Cadavre exquis, qu'il soit sous forme de texte ou de dessin.

Sont donc données en 1924 des premières définitions du Surréalisme, exhibant ce que doit être l'image surréaliste. L'inspiration est puisée aussi dans la psychanalyse, le genre fantastique et les arts primitifs, en particulier africains. Bref, c'est une attitude non conformiste qui est prônée et revendiquée !

Définition du Surréalisme donnée par Breton : « Automatisme psychique pur par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l'absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale ».

Dans le second Manifeste de 1930, Breton affranchit le Surréalisme de la morale, redonne les définitions, critique certains surréalistes après avoir prononcé les premières "excommunications"? C'est aussi un refus de la politique et du mercantile. En revanche, est affirmé le goût pour l'ésotérisme.

Breton a, à ce moment là, quelques conflits avec d'autres artistes, positions qu'il clarifiera plus tard sans les désavouer.

Nous aurons l'occasion de revenir sur des oeuvres surréalistes ! En attendant, je vous renvoie à mon billet sur Corps et bien de Robert Desnos.

Après, certains considèrent le Surréalisme comme un "vaste enfumage", il n'en reste pas moins que c'est un mouvement qui a fait école jusqu'à nos jours et qui a compté !

A bientôt !

Les Manifestes du Surréalisme - André Breton

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Le pêcheur d'eau - Guy Goffette

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Nous allons, fait rare, parler pour une fois de poésie, à travers Guy Goffette, un poète contemporain, qui fut d'abord enseignant, libraire et éditeur et qui éditait justement de la poésie, les cahiers de la revue Triangle et aussi de L'apprentypographe. Il est assez renommé et reconnu - dans le cercle restreint des amateurs de poésie - puisque qu'il est membre du comité de lecture de la maison Gallimard !

J'ai étudié son recueil Le pêcheur d'eau en 2008 dans le cadre de mes études de Lettres modernes (et avait récolté un 18/20 !). Le titre du recueil évoque un pêcheur qui semble ne rien tirer du produit de son "art" si ce n'est de l'eau qui lui coule entre les doigts !

Goffette livre ici une poésie élégante mais assez minimaliste et pas forcément facile à interpréter ! Mais il faut peut-être mieux laisser tomber l'intellectualisme et se laisser emporter par le flux des mots, s'en tenir à la sensation !

On sent toutefois assez bien les influence de ce poète, notamment la poésie Verlainienne, celle des Fêtes galantes, une forme de mélancolie  - on est dans l'élément liquide ! - et qui n'exclut pas une teinte d'humour dans le registre de l'auto-dérision !

Goffette est un Ulysse belge qui se serait perdu sur le chemin qui doit le reconduite à Ithaque; et se serait oublié dans les bras de Calypso. C'est aussi empreint de lyrisme.

Le vers est libre et irrégulier, avec des poèmes déstructurés. Goffette exprime l'emprise du présent qui nous fige dans l'habitude et va même jusqu'à faire que l'amour nous ennuie ! C'est aspect "pesant" est cependant allégé par le côté champêtre des poèmes du recueil ! Le dire est fluide comme l'eau ! Le vers coule ! Et l'eau est très présente - déjà dans le titre ! - mais aussi dans la pluie, les larmes et la mer !

Au final, Goffette use d'images simples mais évocatrice et réinvente le quotidien !

Vous aurez compris qu'on est là devant un recueil de poésie de qualité et inspiré quoique parfois un peu hermétique pour le non-initié !

A bientôt !

Le pêcheur d'eau - Guy Goffette

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Corps et biens - Robert Desnos

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Entre les deux Guerres mondiales, le Surréalisme, derrière André Breton ou Louis Aragon, fut un terrain d'expérimentations, en matière de poésie notamment ! Il s'agissait de rompre avec les anciennes formes et plus largement avec une société qui avait amené à la Grande Guerre.

Le Surréalisme laissa ainsi la part belle à l'inconscient - que Freud venait de (re)découvrir - à travers notamment l'écriture automatique, au fantastique et au hasard - avec les Cadavres exquis.

Robert Desnos illustre à merveille les meilleurs moments de ce courant littéraire, entre 1922 et 1930. Il fut l'"enfant chéri" du Surréalisme - et son recueil de poèmes, Corps et biens, couvre cette période.

Corps et biens - que j'ai étudié à la fac de Lettres en 2008 - est un ouvrage emprunt de lyrisme qui joue avec les sonorités - avec des textes qui semblent composer au hasard. On appréciera ou pas le résultat ?

Desnos était un surdoué de la poésie, un provocateur fougueux et un amant passionné. Hélas, il trouva la mort au camp de Trevezin en 1945.

Le recueil dont il est ici question nous ouvre les portes du monde du rêves, avec des chants entre lumière et ténèbres et peuplés de fantômes et d'apparition. Ca regorge de jeux de mots, d'allitérations, et l'émotion est sous-jacente mais souvent tenue à distance. L'inspiration vient à Desnos à travers l'écriture libre et il se dégage notamment de Corps et biens une puissante revendication de liberté ! On joue avec le langage et l'imagination !

Enfonçons-nous avec Desnos dans les chemins du merveilleux, pris de vertiges que nous sommes !

C'est une forme de poésie nouvelle à son époque que je vous propose de découvrir avec ce recueil, d'un jeune poète fauché par un destin tragique ! Ce qui rends encore plus puissante son inspiration à la liberté !

A bientôt !

Corps et biens - Robert Desnos

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Odes et Fragments - Sapphô

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Sapphô est une poétesse grecque réputée du VIIème siècle avant J.C. - dont l’œuvre pourtant en ce temps là considérable par la taille et par la portée, s'est en grande partie perdue ! Il ne nous en reste en effet que des fragments ! De plus cette poésie, au mètre subtil, pose de gros problèmes de traduction afin d'en restituer toute les splendeurs !

Sapphô est donc, au même titre qu'Homère - dont l'existence réelle n'est d'ailleurs pas attestée complètement - un des fondements - l'origine ! - de notre littérature occidentale !

Elle vécut à une époque - entre la Grèce archaïque et la Grèce classique - où le modèle politique grec - la cité - en était encore à émerger ! Il y avait notamment des conflits, ce que l'on nomme la stasis -qui opposaient l'aristocratie au démos - le peuple des citoyens libres mais pauvres ! Avec Sapphô, on quitte la poésie épique d'Homère - qui s'adresse à tous - à une poésie lyrique à destination des aristocrates ! Car Sapphô était une aristocrate, originaire de l’Île de Lesbos, d'où elle dut s'exiler en Sicile pour échapper à un tyran qui s'appuyait sur le démos contres les aristoi !

Dans ses poèmes, Sapphô clame les amours entre femmes ! De son nom, on a fait l'adjectif "sapphique" et de son lieu d'origine, Lesbos, le mot "lesbienne". On retrouve en effet dans ses fragments, des noms de femmes récurrents, tels Gorgo ou Atthis... Une partie de ces textes s'intitule notamment "le temps des amies" !

C'est, avec Sapphô, l'amour chanté, versifié, en lequel la poétesse dépasse la femme ! Une métrique particulière aussi : la strophe sapphique. Celle qui est saisie par la passion a perdu la capacité de s'exprimer, le désir l'étreint et lui fait perdre ses moyens ! Il s'agit pourtant d'attribuer le mot juste !

Laissez-vous emporter par cette poésie qui a plus de 2500 ans !

A bientôt !

Odes et Fragments - Sapphô

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