Depuis 2008, on nous serine "c'est la crise !". Ok, on a beaucoup parlé des banques, qui au final, ne s'en sortent pas si mal. Mais qu'en est-il pour les gens du communs, ceux qui avant la Crise avait déja du mal a boucler les fins de mois !?
Pour le savoir, la journaliste Florence Aubenas a décidé de mener une enquête en immersion. C'est une technique journalistique qui n'est pas nouvelle; il y a déja eu des précédents aux Etats-Unis : par exemple un Blanc se mélant aux minorités Noires en changeant sa couleur de peau. Dans notre cas, Florence Aubenas a choisi de se forger un CV de femme n'ayant jamais travaillé, abandonnée par son compagnon et cherchant un emploi de femme de ménage. Elle a opté pour Caen et sa région comme point de chute, avec un budget limité, gardant son nom mais s'affublant de lunettes et changeant sa couleur de cheveux. Quant on l'a reconnaissait, elle prétendait l'homonymie. Son expérience devait s'arréter lorsqu'elle décrocherait un CDI. son parcours du combattant a duré six mois.
La journaliste était connue auparavant pour avoir été otage en Irak en 2003 puis pour avoir écrit un livre sur l'affaire d'Outreau en 2005. C'est l'argent du livre du procès qui lui a permis de louer un petit appartement à Caen.
Le moins que l'on puisses dire, c'est que le marché de l'emploi est sinistré mais cela n'est pas une révélation pour beaucoup de gens qui se font rejetter quotidiennement des agences d'intérim et de Pôle Emploi. Dans Pôle Emploi, précisément, la situation est de plus en plus tendue entre les fonctionnaires et les usagers. Toute la souffrance humaine s'y expriment et le gouvernement demande de plus en plus au personnel d'accueil de se comporter en gestionnaires froids et de ne pas faire du social et tout est vite expédié. Ce sont des convocations mensuelles, des "réunions d'informations sans informations", car les autorités qui demandent du chiffre comptent sur un absentéisme statistique pour radier les demandeurs d'emploi. Florence Aubenas décrit des situations de plus en plus absurdes avec un certain humour qui est peut-être l'humour du désespoir.
N'en déplaise à Wauquier, la majorité des chômeurs ne sont pas "le cancer de la société" ! On voit bien dans ce livre que les femmes de ménages, pour ne prendre que cet exemple de situation précaire, sont prêtes à beaucoup de sacrifices, triment comme des forçats pour des salaires de misères.
La solution n'est, AMHA, pas de supprimer les aides sociales mais tout bonnement d'augmenter les salaires.
Je ne veux pas polémiquer sur ce blog mais on sait très bien que le chômage est utile au système capitaliste car en fichant la trouille à ceux qui ont un emploi, il permet de les garder dans les rang : "Si tu n'est pas content tu prend la porte !"
Enfin, plus anecdotique, le livre se déroule en Basse-Normandie, à Caen, et à Ouistreham, au Car -Ferry. Florence Aubenas revient sur les grandes crises des années 1990 : fermeture de la Société Metallurgique Normande, de Moulinex etc. La région est bel et bien sinistrée comme beaucoup d'autres endroits en France victimes de la délocalisation. Pour ma part, j'ai reconnu pas mal de lieux du livre. Concernant les individus, la journaliste a bien entendu utilisé des noms d'emprunts : son intention n'était pas de blesser les gens comme elle s'en est expliqué un peu partout dans les médias en mars 2010 à la sortie du livre et en juin 2010, à Ouistreham, au cinéma Le Cabieu, où était organisé une rencontre avec elle à laquelle j'ai assisté (elle m'a d'ailleurs gentiment dédicacé mon exemplaire du quai de Ouistreham (nommé ainsi en hommage au roman de G. Orwell : Le quai de Wiggan).
A bientôt !