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Les faibles et les forts - Judith Perrignon

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Les faibles et les forts est un roman de Judith Perrignon, née en 1967, écrivain, journaliste et essayiste française, aussi intéressant dans sa forme que sur le fond.

Il s'agit de l'histoire d'une famille noire-américaine sur fond de ségrégation raciale. Dans ce contexte de lutte entre Noirs et Blancs, on peut se demander qui sont les faibles ? Qui sont les forts du titre ? Le fort est-il l’oppresseur ou bien celui qui résiste ?

Le roman comprend différentes parties, différents moments. Un premier tiers du livre donne la parole successivement aux membres de la famille au coeur du récit. On a donc différents points de vue, différentes focales qui se complètent pour donner un récit mosaïque. Parmi les personnages, il y a Mary Lee, la grand-mère, Dana, la mère et les enfants, Marcus, Jonah, Déborah, Wes et Vickie. Les hommes adultes sont absents et déficitaires dans leur autorité - cela a un sens dans le récit et dans le dernier tiers du livre un peu trop "roman à thèse" pour le coup ! J'y reviendrais.

Marcus, le fils ainé se retrouve victime de harcèlement policier et subit une humiliation - comme son grand-oncle Howard avant lui - lorsqu'il doit baisser son pantalon pour une fouille. La grand-mère a ce geste fou au début de roman de le ligoter avec une corde à linge pour le préserver du danger !

La police est un des éléments communs au premier tiers et au deuxième tiers du roman. Dans la suite du récit, on quitte la multifocalisation pour revenir en 1949 - l'intrigue au début du roman se situe en 2010, au présent, dans les années Obama. On nous conte alors un récit fondateur. Tentant de percer une brèche dans la discrimination raciale, des Noirs vont vouloir aller se baigner dans la piscine municipale des Blancs. Bien évidemment, dans le contexte des années 1950, cela provoque des émeutes raciales et l'oncle Howard perd l'usage de ses tympans lors d'une bastonnade.

L'eau, que ce soit à la piscine ou dans la rivière est au coeur du récit. Il est important d'insister sur le fait que les héros noirs ici présentés -comme 60% des Noirs issus de l'esclavage - ne savent pas nager -du fait que l'accès aux piscines leur soit interdit - l'épisode de 1949 prend alors tout son sens. Dans la dernière partie survient un drame, la mort des enfants noirs par noyade. On termine sur un discours qui fait assez exposé mais qui n'en est pas moins retentissant sur la répression du corps des Noirs, le Noir dont on utilise la puissance de travail mais dont on redoute la force physique. La rivière est aussi l'allégorie de la monstruosité de la société moderne, pleine de détritus sur contexte de crise économique de 2008.

L'action se passe à Saint-Louis, Denver et Chicago.

Un roman que j'ai bien appréciez - la preuve étant que j'ai lu ses 153 pages d'une traite, sans en décrocher en une matinée -il y a de l'émotion mais pas trop et aussi un bon dosage de réflexion.

Vous savez ce qu'il vous reste à faire... à lire....

A bientôt !

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Des souris et des hommes - John Steinbeck

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Des souris et des hommes ! Voilà un roman de John Steinbeck, publié en 1937, que j'ai lu au collège en classe de Troisième il y a fort longtemps et que je relis ces jours-ci ! Ce roman reste toujours un chef d’œuvre !

L'histoire poignante - mais sans sensiblerie - de deux journaliers dans le monde rural des États-Unis dans les années 1930 - unis par une indéfectible amitié. Il y a George Milton, un type qui essaie de tirer son épingle du jeu, malin mais sans malice, petit de corpulence et Lennie Small un vrai colosse - qui ne mesure pas sa force - d'une gentillesse sans limite mais avec la mentalité d'un enfant de 3 ans, bref un attardé qui devient vite la cible de gens comme Curley, le fils du propriétaire qui engage nos deux compagnons sur son exploitation.

Ce roman est magnifique, l'histoire est assez connue et je ne fais pas de grosses révélations en disant que la fascination de Lennie pour les choses douces, les souris, les petits chiens, les robes et les cheveux des femmes, vont le mener à sa perte ! Voulant caresser ces choses, et ne mesurant pas sa force, il a tendance à les briser - donc à les tuer. Et puis, il y a la femme de Curley, une "vraie pute" sur laquelle le colosse va poser son dévolu ! Elle a de si beaux cheveux !

Au final, George devra prendre une décision irrémédiable et déchirante !

Le point fort de Steinbeck, c'est, que sans nous faire entrer dans la pensée des personnages - ainsi pas de monologue intérieur notamment - il parvient à tout nous révéler de leurs psychés. Ceci par le dialogue, abondant - la pièce fut adapté au théâtre et au cinéma plusieurs fois - et des descriptions. Le monde rural est également très bien rendu et très vivant - la vie dans un ranch, les journaliers et les ouvriers agricoles.

Steinbeck, qui fuyait la publicité, a en effet vécu cette vie d'ouvrier agricole. Il a visité Panama et a vécu à New York. il est célèbre pour des souris et des hommes mais aussi pour Tortilla Flat, Les raisins de la colère ou encore A l'est d'Eden. Il ne craint pas de retranscrire la manière non châtiée de s'exprimer de l’Amérique profonde. Il constitue avec Faulkner, Hemingway et d'autres, un des écrivains américains incontournables de cette période de l'entre-deux Guerre et de la crise de 1929, moins dans les élans fougueux d'un Faulkner ou la violence et les personnages épiques d'Hemingway, plus dans l'authenticité !

Je me demandais si une lecture psychanalytique pouvait s'appliquer à Of Mice and Men ? Vous me voyez venir à dix kilomètres ! George et Lennie comme deux instances d'un même psychisme, le surmoi ?, le Ca ? Cela me parait un peu trop facile et fumeux - et surtout très réducteur alors passons ! Mais bon, j'y ai pensé alors je l'évoque ici !

On retrouvera certainement d'autres romans de Steinbeck un jour sur ce blog !

A bientôt !

Des souris et des hommes - John Steinbeck

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Phèdre - Platon

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Nous allons maintenant nous attacher à un rapide survol de Phèdre, un autre texte de Platon (nous avions déjà parlé du Banquet), investigation qui ne peut être que très incomplète tant Phèdre est un texte dense, d'une difficulté abyssale et extrêmement brillant !

Alors qu'il chemine, Socrate croise son ami Phèdre qui est saisi d'enthousiasme débordant car il vient d'entendre un discours - qu'il juge parfait - de Lysias sur la question suivante : vaut-il mieux se tourner vers quelqu'un qui vous aime ou porter de l’intérêt à celui qui ne vous aime pas ?

Socrate écoute alors le jeune homme lui rapporter le discours tel qu'il l'a retenu et d'après ce qu'il en a noté. Il apparait - en simplifiant grandement - qu'il vaut mieux éviter celui qui vous aime car l'amoureux cherche à rabaisser l'aimé.

Socrate/Platon utilise alors un premier mythe dans ce texte, celui des âmes ailées.

L'âme immortelle possède des ailes, et les perds, tombant dans un corps mortel. Elle parcourt des cycles et peut s'approcher du Beau, du Bien, du Vrai, dans le sillage des dieux.

L'âme est un attelage de deux chevaux, un bon cheval obéissant et un cheval capricieux tous deux menés par un cocher qui a du mal à faire aller l’attelage comme il faut.

Eros, l'amour, est une folie envoyée par les dieux, une sorte de Daimon, qui est source d'inspiration. Le comportement des amoureux dépends de la manière dont ils mènent leur attelage respectif. L'amoureux veut retrouver le Beau qu'il a contemplé dans son passé d'âme ailée - c'est donc une réminiscence.

Socrate/Platon soutient donc dans Phèdre une thèse et son antithèse. Synthèse ? Non ! On n'est pas en classe de Terminale ! S'ensuit après cela, des arguments sur la rhétorique où l'art de convaincre - qui se justifie plus lorsque ce ne sont pas de simples artifices mais que le sujet sur lequel on parle nous est bien connu. La connaissance de la Vérité est un préalable au discours.

Il y a ensuite un deuxième mythe, le mythe de Teuth où il est question de l'écriture comme mémorisation/remémoration. Bernard Stiegler parle à propos de l'écriture d'un pharmakon, un remède, un poison et un bouc-émissaire. Platon est très méfiant vis-à-vis de l'écriture qui ne doit servir que les plus hautes idées.

Voilà, je résume en gros et de manière très maladroite une lecture à chaud sans prise de notes. Il existe des bibliothèques entières sur ce livre. Mais bon, je voulais vous en parler et surtout dire qu'il est important parce qu'il comporte deux mythes : l'âme ailée et Teuth. Platon est surtout connu pour son allégorie de la caverne (République, livre VII) et le mythe de l'Atlantide (le Timée). Il y a en tout une douzaine de mythes dans son œuvre !

J'aurais l'occasion de revenir sur Platon et aussi de livrer des analyses plus poussées que ci-dessus car j'envisage des études de philosophie - et d'Histoire - l'année prochaine !

A bientôt !

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Star Wars - Dark Vador et la Prison Fantôme

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Voici un comics - en 5 parties aux USA - Dark Vador et la Prison Fantôme, qui parait en France dans le Star Wars Comics Magazine de Delcourt à partir de septembre 2013 mais qui, étant de bonne qualité, aurait bien selon moi mérité un album.

Le Star Wars Comics Magazine est une revue lancée en janvier 2013 qui succède au "Star Wars la Saga en BD", précédente version démarrée en 2006 et qui compte 40 numéros et 3 hors-séries accueillant des récits Star Wars pour la plupart inédits en albums (mais publiés parfois sous ce format par la suite).

Le scénario de Dark Vador et la Prison Fantôme est écrit par Haden Blackman, un auteur de comics qui a déjà fait ses preuves notamment sur Le Pouvoir de la Force. C'est diablement efficace, l'action se déroule peu après l’avènement de l'Empire mais il y a quand même des incohérences notamment concernant l"Empereur qui perd de sa puissance dans cet opus. Mais il fallait bien trouver une astuce pour l'éloigner des évènements durant ce qui est bien un coup d'état sur le Palais Impérial ! Le dessin d'Agustin Alessio est très beau, abouti et assez sombre ! Parfaitement dans l'ambiance !

L'histoire ! C'est la journée de promotion des cadets des différentes Académies Impériales sur Coruscant. Dans ce contexte, le directeur Gentis, las de voir ses élèves-officiers se faire tuer pour le bon plaisir de Palpatine, organise une insurrection ! L'Empereur et Vador sont pris de court et se replient avec quelques sbires. Mais où aller ?

Vador découvre alors un nouveau double-jeu des Jedi : la Prison Fantôme ou sont enfermés plus de 200 tueurs et criminels de haute-volée, la plupart au service de la Confédération durant la Guerre des Clones. Anakin en a arrêté plus de la moitié mais ignorait où ils étaient envoyés !

Vador repart à l'assaut et contre-attaque à la tête des prisonniers survivants. Il se montre comme à son habitude impitoyable !

A noter, l'apparition de Trachta dans cette histoire qui le conduit à devenir Grand Moff. Ce personnage, en partie cyborg, apparait dans l'autre BD (voir mon billet) Dark Vador - Trahison où précisément c'est lui qui mène l'insurrection cette fois. On découvre dans Dark Vador et la Prison Fantôme que Dark Vador le mets en mauvaise posture quant à ses engagements ici !

Quand je vous dis que dans l'Univers - Etendu - Star Wars, tout est lié !

Please J.J. Abrams ! Respectez cette UE - post "Retour du Jedi" -dans l'Episode VII.

A bientôt !

Star Wars - Dark Vador et la Prison Fantôme

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Une rose pour Emily - William Faulkner

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Une rose pour Emily et autres nouvelles est un recueil - de nouvelles donc - de William Faulkner, paru en Folio 2 euros, qui reprends en fait des textes issu d'un plus large recueil, Treize Histoires.

William Faulkner, un des plus grands écrivains américains du XXème siècle, nait en 1897 à New Albany dans le Mississippi, dans une vieille famille aristocratique ruinée par la Guerre de Sécession. Son père est un raté et un ivrogne et sa mère une femme autoritaire.

L’œuvre de Faulkner est donc fortement marquée par les habitudes du Sud de l'Amérique, puritanisme, jugements moraux, ségrégation des Noirs. Elle se déroule entre Alabama, Tennessie et Mississippi. La plupart des nouvelles - et les quatre du recueil qui nous intéresse présentement - se déroulent dans la petite ville de Jefferson.

Les quatre nouvelles ont pour titre Une rose pour Emily, Chevelure, Soleil couchant et Septembre ardent. Avant de les aborder rapidement une par une, voyons les dénominateurs communs !

Tout d'abord, les personnages centraux de ces récits cachent tous un secret (meurtre, mariage, faute, viol supposé). De ce fait, ils sont en proie à la rumeur populaire, aux commérages - dont le salon de coiffure est un des lieux privilégiés - et donc aux jugements.

Pour préserver leurs secrets, les protagonistes s'abritent derrière des murs, dans des lieux clos qui les protègent du "danger" : vieille demeure d'Emily Grierson, salon de coiffure, case de Nancy etc... Le voyageur de commerce - qui tente de percer les secrets - est aussi un élément récurrent.

Dans une rose pour Emily, la nouvelle qui donne le titre au recueil, la vieille fille Emily Grierson vient de mourir. Faulkner glisse des indices - dans le désordre - tout au long du texte afin de préparer le dénouement, le genre nouvelle étant avant tout un art de la chute. Pour le lecteur perspicace, la fin est assez évidente - c'est ce qui la rends plus cocasse (le lecteur perçoit la vérité mais pas les commères du voisinage !). En effet, il y a d'abord cette odeur de charogne, puis cet achat d'arsenic chez les droguiste et enfin la disparition soudaine d'un homme. Mais je vous invite plutôt à lire le texte pour voir comment cela est bien amené !

Je passe plus rapidement encore sur les trois autres textes :

Chevelure et Septembre ardent ont pour cadre le salon de coiffure. Dans le premier texte, la rumeur se charge du cas de Susan Reed et de Hawkshaw le coiffeur qui trompe bien leur monde au dénouement. Dans le deuxième texte que je cite - qui est en fait le quatrième et qui clôt le recueil, il est question de la question noir et d'un jugement porté rapidement sur un noir accusé d'avoir agressé une blanche.

De domestique noir, il est aussi question dans Soleil couchant (comme dans Une rose pour Emily d'ailleurs, fait que je n'ai pas mentionné, le fidèle domestique noir qui protège les secrets de sa maitresse). Nancy qui a fauté et est enceinte (du maitre de maison ? On ne sait ?)craint la vindicte de son compagnon Jésus. Menace réelle ou imaginaire. Le dénouement reste ici en balance.

Bref, d'excellents textes qui posent tous la question du jugement social et s'amuse à s'en moquer pour mieux le fustiger et le déjouer.

Faulkner est une valeur sûre, à n'en pas douter.

Je vous dis à bientôt !

Une rose pour Emily - William Faulkner

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Lego Star Wars - Les Chroniques de Yoda - Episodes 1 & 2

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Avant de vous parler du dernier opus télévisuel de l'association entre Lucasfilm et Lego, un bref historique du fabricant de brique danois !

L'aventure Lego commence après-guerre, en 1949 avec la production des premières briques à verrouillage.

"The Lego Group" est ses produits connaissent un succès jamais démenti. Pour ma part, je découvre ces briques et ces petits personnages à la charnière des années 1970 et 1980 - collectionnant vers mes dix-douze ans les éléments Lego City qui constituent une ville avec la caserne des pompiers, la station service, le fast-food et les Lego astronautes !

Mais ce qui m'intéresse surtout ici et ce qui va nous amener à l'association avec Star Wars, c'est comment la firme danoise négocie la passage des années 1990 et 2000 ! Il y a probablement eu à ce moment là une baisse des ventes car la société Lego change sa stratégie. Les enfants délaissent les Lego pour les Game Boy et les Playstation.

Lego diversifie alors son oeuvre et s'associe avec des franchises telles Harry Potter, Indiana Jones, Batman, Marvel Super-Heroes et lance aussi des gammes plus modernes à comme Bionicles ou Racers. Les concepteurs danois proposent aussi des jeux de plateaux, des jeux vidéos et des films mettant en scène les petits personnages et leurs briques !

Les Lego Star Wars apparaissent en 1999 - au moment de la sortie de l'Episode I - et il y a à ce jour plus de 300 références, tirées des films mais aussi de la série The Clone Wars ou du jeu Star Wars TOR !

Des films voient vite le jour : La Menace Padawan, l'Empire en Vrac mais plus récemment Les Chroniques de Yoda qui compte désormais trois épisodes. Je vais vous parler des deux premiers qui viennent de sortir dans à DVD à à peine 10 euros.

Les Chroniques de Yoda s'adresse aux plus jeunes - et aussi aux fans de Star Wars atteints de collectionnite comme moi ! Toute l'action met en jeu les briques et les produits vendus dans le commerces, héros, méchants, vaisseaux, décors... tout est à base de briques. Les enfants peuvent donc refaire les scènes chez eux !

Les Lego développent l'imagination - et donc les films Lego en sont un prolongement. il y a aussi pléthore de "private jokes " et l'humour - quoi que très simpliste - y est présent tout du long !

Dans les deux premiers épisodes, Sidious et Dooku cherchent à créer un clone Sith et y parviennent mais JEK-14 se rebelle bientôt et choisit sa propre liberté ! Les deux épisodes ont pour titres Le Clone Fantôme et La Menace des Sith, évidents jeux de mots sur les titres des films de la Prélogie !

Voila, bon visionnage en famille et que le pouvoir de la Brique soit avec vous !

Lego Star Wars - Les Chroniques de Yoda - Episodes 1 & 2

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Supplément à la vie de Barbara Loden - Nathalie Léger

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Supplément à la vie de Barbara Loden est un roman court constitué de plusieurs niveaux de récits - enfin pas vraiment mais bon vous allez me comprendre !

Acheté ce matin au Relay, lu d'une traite ce soir, un roman court mais dense ! J'avais peur de ne pas rentrer dedans avant la fin mais finalement j'ai été capté par la densité.

Pourtant ce n'est pas un récit optimiste.

Premier niveau : la narratrice a été chargée d'écrire une notice sur l'actrice/réalisatrice des années 1960/1970, Barbara Loden. Or, peu connue, cette dernière n'a pas laissé de traces évidentes hormis quelques films dont sa propre œuvre, Wanda, qui reçu un prix à Venise en 1972 et ne fut diffusé que de manière confidentielle. Marguerite Duras s'extasiait devant ce film tandis que le MLF s'insurgeait !

En effet, Wanda s'inspire d'un fait divers survenue en Pennsylvanie en 1959, une femme, Alma, accompagne un braqueur de banque pour perpétrer un casse. Le coup tourne au fiasco, lui est tué et Alma, ayant abandonné par ailleurs mari et enfants, réclame la prison tant elle considère sa vie comme un désastre.

Wanda est l’œuvre de Barbara Loden car elle y enfile les deux casquettes de réalisatrice et d'actrice. La vie de Loden - qui fut la deuxième femme d'Eliah Kazan - est comme celle de son héroïne Wanda/Alma, une désespérance sans fin frappée dès le départ par une enfance malheureuse. Dans ce film Loden montre une "héroïne" - qui n'a rien d'héroïque - partagé entre l'archétype de la pin-up, c'est à dire voulant séduire afin d'être aimée et la femme au foyer, la femme résignée, soumise au mari qui ne l'aime plus ! C'est ce personnage négatif de femme soumise qui déplut tant aux féministes. Mais Barbara Loden voulait montrer ce qu'est une existence dont on n'attend plus rien. Ici, la prison apparait comme un suicide social volontaire et la seule issue.

La narratrice, pour rédiger sa notice, va faire une longue enquête un peu disproportionnée par rapport à la tâche - mais pas à l'enjeu - comprendre un destin et une condition. Ces personnages - ce que j'appelle improprement les niveaux du récit - se reflètent, s'encastrent. Alma, Wanda, Barbara Loden, la narratrice, la mère de la narratrice...

Un roman court -je le répète encore au moment ou sort Naissances de Yann Moix ou le pavé sur la Grande Guerre - Au revoir là-haut de Pierre Lemaitre - mais un roman qui pose la réflexion - sans être un roman à thèse ! Plaisant n'est pas le terme exacte, disons intéressant mais il manque le petit plus qui me ferait le placer dans mes "Coups de Coeur" !

Enfin ,ajoutons que ce livre est paru en 2012 et a eu le prix France Inter cette année là.

Ah si, une toute dernière chose : vous ne serez pas étonné si je vous dit que l'intertexte fait référence à Bartleby de Melville ou plusieurs fois à Flaubert et Madame Bovary qui se placent haut en matière de récit d'existences mornes et résignées ! Ici, la filiation est revendiqué !

A bientôt !

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Journal d'un écrivain en pyjama - Dany Laferrière

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Voilà un écrivain, Dany Laferrière, que je ne connaissais que de nom depuis le tremblement de terre d’Haïti début 2010. Je viens de lire Journal d'un écrivain en pyjama et trouve le bonhomme plutôt sympathique et plutôt juste dans ce qu'il dit sur l'écriture, les sentiments et impressions liés à cette activité - cet art - qu'il pratique depuis un petit moment déjà et que je pratique moi-même dans une moindre envergure !

Le Journal d'un écrivain en pyjama est donc un essai qui parle de littérature du point de vue de l'écrivain - mais le lecteur n'est pas oublié car les deux personnages sont liés - et qui en même temps désacralise cette pratique avec humour par le port du pyjama !

Présentons rapidement l'auteur ! Dany Laferrière est né à Port-au-Prince en 1953, a passé son enfance avec sa grand-mère à Petit-Gôave. En 1976, craignant d'être sur la "liste" des Tontons Macoutes après l'assassinat d'un de ses amis, il quitte Haïti pour Montréal, au Canada.

En novembre 1985, est publié son premier roman au titre provocateur, Comment faire l'amour avec un Nègre sans se fatiguer. Sa carrière littéraire s'étend donc désormais sur presque 30 ans et en 2009, il reçoit le Prix Médicis pour son roman L’Énigme du retour.

Je ne reviendrais pas dans les détails sur tous les éléments et conseils -jamais trop techniques mais un peu quand même - que contiennent les presque 200 entrées - suivies chacune d'une sorte d'idée courte à la manière des gâteaux chinois - tant le Journal d'un écrivain en pyjama est dense et riche. J'aborderais tout de même quelques points.

A plusieurs reprises, il est question du rapport entre la réalité, la vie extérieure et la fiction, le roman. La mise en fiction relève d'un travail, d'un mélange, d'un assemblage et d'une mise en forme. Mais le récit est d'abord tributaire d'une observation quotidienne voire même quasi permanente ! Toutefois, la fiction et la vie sont deux choses différentes qui se nourrissent l'une de l'autre et réciproquement.

Mais l'écriture puise aussi dans l'intimité de l'écrivain, dans son vécu, son enfance, sa famille, ses expériences même les plus anodines. C'est une passion dévorante, accaparante qui procure à la fois plaisirs, doutes, souffrances.

C'est un véritable métier qui requiert un effort permanent. Du travail, encore du travail !

Laferrière analyse -sans clore le sujet (est-ce seulement possible ?) - les rapports entre lecture/lecteur et écriture/écrivain. On n'écrit jamais à partir de rien et l'on se nourrit de ceux qui nous ont précédés dans l'art. Par le livre, l'intime de l'écrivain et l'intime du lecteur se communiquent. Il reste que tout lecteur ne devient pas écrivain - à fortiori un bon écrivain. Il y a de bons lecteurs comme il y a de mauvais écrivains ! Mais en tout écrivain, il y a d'abord un lecteur. Dans cette optique, l'écrivain en pyjama mentionne ses lectures préférées - éclectiques et approfondies comme tout bon lecteur - mais dont on retiendra deux noms marquants pour lui : Henri Miller et Luis Borges.

Bref, un essai qui touche sa cible ! J'ai passé un excellent moment dans cette lecture que je n'ai pas "dévorée" mais qui s'est "insinuée en moi" pour reprendre une subtile distinction de l'auteur !

A bientôt !

Journal d'un écrivain en pyjama - Dany Laferrière

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Red Skull : Incarné - Pak & Colak

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Red Skull, ou en VF Crâne Rouge est un méchant - très méchant - de l'univers Marvel, d'obédience nazie et ennemi de ce fait de Captain America !

Dans Red Skull : Incarné, scénarisé par Greg Pak et dessiné par le Serbe Mirko Colak, point de super-héros,d'aliens ou de dieux Asgardiens mais des gens ordinaires - des salauds ordinaires durant l'ascension d'Hitler au pouvoir. Pak signe ici le pendant à son histoire précédente, Magnéto : le Testament qui témoignait du destin tragiques des Juifs durant la Solution Finale. Des sujets éminemment délicats et sensible, que le scénariste - qui s'est documenté - parvient à traiter sans trop de casse.

Mais dans le récit qui nous intéresse aujourd'hui, on suit le parcours de Johann Schmidt, bien avant qu'il ne devienne Crâne Rouge qui grandit dans un orphelinat au directeur cruel, soumis à la cruauté du genre humain. Comme on peut s'y attendre, le gamin va mal tourner, devenir encore plus tordu que ses tortionnaires, accumuler trahisons et coup-fourrés.

De ce point de vue, l'exposition de la cruauté dans une République de Weimar déclinante, avec des Allemands humiliés par la conclusion - le Diktat - de la Guerre de 14-18, n'est pas une surprise. L'intérêt réside plutôt dans les détails du récit et les évocations de faits historiques en arrière-plan de l'existence fictif -mais plausible - du jeune Johann.

On assiste aux étapes de l'accession du Mal au pouvoir, détails sur lesquels je serais bref car je les expose dans ma longue série de billets sur la Seconde Guerre Mondiale : Putsch de la Brasserie en 1923, Hitler Chancelier et incendie du Reichstag en 1933, émeutes entres nazis et communistes, entre S.A. et Front Rouge, éviction des S.A. par les S.S., création de Dachau, premier camp de concentration etc...

Au terme d'une ultime trahison envers un "ami" de l'orphelinat qu'il a manipulé jusqu'au bout, Schmidt réussit à se faire remarquer par le Führer et deviendra - hors du cadre de cette BD - le malfaisant Crâne Rouge ! Mais déjà, les ténèbres étaient en lui !

Voici une BD atypique dans l'univers de super-héros Marvel qui prend un pari risqué - raconter une histoire crédible sur une page noire de l'Histoire. Tentative en grande partie réussie !

A bientôt !

Red Skull : Incarné - Pak & Colak

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Taxi Driver - Martin Scorsese

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Taxi Driver est un film important dans l'histoire du cinéma mondial. Il est l’œuvre d'un cinéaste non moins prestigieux, Martin Scorsese, et a contribué - avec Raging Bull - à lancer Robert de Niro vers les sommets tant l'acteur est impressionnant dans ce récit et porte presque à lui seul tout le film - Jodie Foster, dans son premier film, dans un personnage de prostituée de 12 ans, Harvey Keitel en maquereau manipulateur et Cybill Shepherd n'ayant pas démérités !

L'histoire - d'après un scénario de Paul Schrader écrit en cinq jours, en partie autobiographique, raconte le parcours de Travis Bickle, un ancien marine démobilisé du Viet-Nam qui se retrouve taxi à New York et supporte mal l'atmosphère putride et mal famée d'une ville au taux de criminalité parmi les plus élevés du pays.

Travis va alors décider de réagir et s’éprend de Betsy, une militante du parti - "Nous somme le peuple" de Charles Palantine. Mais, notre personnage central est très maladroit et emmène la jeune femme voir un film porno ce qui provoque leur rupture avant toute relation naissante.

Blessé par cette rupture sentimentale, Travis semble proche de sombrer dans la folie, développe une fascination pour les armes à feux et rêve de "faire le ménage". Il se prend aussi pour un surhomme et développe des idées de meurtres.

Cependant, on ne sait jamais dans le film - ou alors cela m'a échappé !? - si ses instincts meurtriers sont dirigés contre le sénateur ou contre Betsy ! Alors qu'il s’apprête à passer à l'acte contre Palantine et son entourage, il est déjoué et renonce en prenant la fuite.

La frontière du bien et du mal est ténue et Travis manque de rejoindre tous ces dérangés de l'Histoire, assassins de présidents et de politiques qu'ils tiennent comme des bouc-émissaires des problèmes de la société et de leurs propres problèmes. Pourtant Taxi Driver, tourné en 1975, et Palme d'Or à Cannes en 1976, trouve malheureusement des échos dans l'actualité américaine, française et internationale (Richard Durne, Andreas Breivik...) de ces dix dernières années ! On ne résout rien par la violence surtout pas sur le terrain politique où il vaut mieux montrer son désaccord éventuel en confrontant ses idées ! Voilà, en aucun cas, le film -ou moi-même - n’incitons au meurtre !

Contre toute attente, Travis se "rattrape aux branches" et exerce sa vindicte sur "Sport" - Matthew, le proxénète d'Iris - jouée par Jodie Foster que notre "héros" a rencontrée précédemment et qu'il souhaite tirer de la prostitution. Le film se termine sur une note douce amere : la jeune fille est sauvée et reprend ses études, Travis est célébré mais est-il pour autant heureux ?

La quête du bonheur est notre lot à tous. Dans ce film, c'est le combat d'un homme pour ne pas se laisser envahir par une société qui salit tout et contre ses démons intérieurs.

Pour ma part, ce film m'a bluffé ! Ambiances du New York nocturnes, néons et enseignes en tout genres ! Attention, la fin est très violente !

A bientôt !

Taxi Driver - Martin Scorsese

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