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Galadio - Didier Daeninckx

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On connait Didier Daeninckx comme un écrivain engagé, militant communiste. J'ai déja eu l'occasion de parler de lui sur biblio-drizzt.

Dans Play-back, il dénoncait les travers du monde du show-biz, prêt à briser les gens pour faire de l'argent (regardez la télé-réalité pour vous en convaincre et ses candidats jetables !)

Dans Cannibale, l'écrivain décrivait, non sans un certain humour salvateur, les tribulations de canaques déracinés et exportés à Paris comme des marchandises pour l'exposition coloniale, stigmatisés et rabaissés. On était en présence d'un plaidoyer contre le racisme et le colonialisme.

Dans Galadio, Daeninckx met en avant le personnage du jeune Ulrich, né des amours furtifs d'un père tirailleur sénégalais et d'une mère ouvrière allemande. L'intrigue se développe sur 150 pages dans un contexte de montée du nazisme puis de guerre mondiale.

Métis, Ulrich se retrouve vite stigmatisé, comme tâche à la "pureté de la race". C'est toute la cruauté et la stupidité des SA et des SS qui est décrite. On assiste à une escalade dans l'horreur et la cruauté : d'abord les SA raflent les animaux familiers des indésirables (juifs, homosexuels, communistes) pour les abattre puis on connait la suite, ce sera les camps, les déportations, la Shoah (Dachau et Auschwitz sont évoqués à la fin du roman).

Evidemment, aujourd'hui, nous savons ce qui s'est passé : six milllions de juifs exterminés. Certes, à l'époque, on soupçonnait ce qui se déroulait (voir le roman-témoignage polémique Jan Karski) mais Ulrich assiste incrédule à la progression des évènements. Il présent bien un danger pour son intégrité physique et moral lorsqu'on le convoque à l'hopitâl de Cologne.

Ce livre nous montre aussi des actes de résistance modestes : la famille juive qui cache Ulrich dans son grenier, l'infirmière amie de sa mère qui fait croire qu'il a été stérilisé alors qu'il n'en est rien. Dans le noir, il subsiste une lueur d'espoir !

Ulrich va être "sauvé" (si toutefois, on peut utiliser ce terme, du moins, il échappe à la mort mais pas à l'avilissement) par un cineaste allemand du régime nazi qui l'engage comme figurant dans des films de propagande à Babelsberg. On voit là tout le mensonge de cette propagande présentant le Noir comme la perversion de la race aryenne et les métis comme le résultat de viols (alors que dans le cas d'Ulrich et de tous les personnages métis du roman, il n'en est rien !).Ce mensonge va s'opposer à la vérité de l'Afrique plus loin dans le livre.

On peut ici établir un parallèle dans la démonstration avec les attractions canaques de l'exposition coloniale de Cannibale.

Ulrich, dans le dernier tiers du roman, va partir en Afrique pour un tournage. Il décide d'y rester et de rechercher son père. A cette occasion, l'auteur nous gratifie de superbes descriptions de ces terres, pleines de poésie et de vocabulaire éxotique.

Le jeune garçon ne retrouvera pas son père car celui-ci n'est jamais revenu au Sénagal (dans quelles conditions, je vous laisse le découvrir) mais il fait la connaissance de son oncle.

Finalement, suivant les traces de son père, il s'engage dans l'armée française et va libérer l'Europe. La boucle est en quelque sorte bouclée et une page d'Histoire se tourne !

Voila pour ce compte-rendu d'un livre qui fait réfléchir tout en réservant de beaux moments d'émotion !

A bientôt !

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