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philosophie

Philosophie Magazine N°127 - Mars 2019

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Mine de rien, cela fait huit ans que je lis Philosophie Magazine, dès 2011 et bien avant mes études de Philo ! Dans le numéro 127 - de mars 2019 - la rédaction consacre un dossier à la mémoire - aussi bien ses mécanismes physiologique que son rôle dans nos parcours de vie et dans la société. Mais le numéro ne contient pas que cela et a aussi toutes les rubriques habituelles !

Philosophie Magazine  surfe sur l'actualité et tente de l'éclairer à partir des écrits des grands philosophes. Or l'actualité, en cette année 2019 mouvementée, ce sont les Gilets Jaunes qui se lèvent avec raison contre un pouvoir aux mains d'un président-voyou, Macron, élu par les oligarques, pour dépouiller la France à leur profit ! Evidemment, ça, ce n'est que mon avis personnel et Philosophie Magazine n'osera jamais tenir ce genre de propos à l'instar de la panoplie de journalopes des merdias qui attendent que le Prince leur jette ses restes ! Le magazine préfère organiser sa propre session du Grand Débat National, vaste fumisterie de Macron ! Ils appellent cela "En direct de la Démocratie" !

C'est en effet à Lille, avec les philosophes Fabienne Brugère, Pierre-Henri Tavoillot et Denis Maillard que la parole à été donnée aux citoyens autour de trois thèmes imposés : la réforme des institutions démocratiques, l'Ecologie et la lutte contre les inégalités ! Un protocole est suivi à chaque fois : retours d'expérience, conceptualisation, argumentation et propositions et vote.

Je ne rentre pas dans le détail de ce débat ! On connait les propositions si on suit l'actualité ! Représentation contre participation des citoyens, nouvelles assemblées, ferroutage, recyclage, limiter sa consommation en écologie et restauration de l'ISF, création d'un revenu universel, taxation de l'héritage... On sait tous bien que rien ne sortira de ce genre de consultation car le brigand qui nous dirige n'en fait qu'à sa tête !

Dans les pages suivantes, on a une interview d'Aubrey de Grey, un type qui pourrait passer pour un illuminé car il  se propose de nous faire vivre mille ans en investissant massivement dans la recherche ! Le gars ne se revendique pourtant pas transhumaniste ! On hallucine !

Vient ensuite le coeur de ce numéro : "L'étrange logique de la mémoire". Au menu, on commence par le constat qu'aujourd'hui, le commun des mortels a l'impression de perdre la mémoire  - et ce serait du au fait que l'on imagine notre futur bouché ! Car il existe aussi une "mémoire du futur" ! Paradoxe !

Denis Peschanski, historien et Francis Eustache, neuroscientifique nous présentent ensuite leurs recherches en cours, selon de multiples axes sur la mémoire d'un événement traumatique, le 13 novembre 2015 au Bataclan et alentours. Ils étudient les syndromes post-traumatiques et notamment comment évolue la perception de ce drame contemporain au fil du temps ! C'est très instructif !

Puis, on a un panorama de la pensée de plusieurs philosophes célébres, de Raymond Lulle, René Descartes à Sigmund Freud, Henri Bergson et Paul Ricoeur sur la mémoire et l'importance de nos souvenirs en appuyant sur ce qui rapproche et sépare ces penseurs sur ce sujet !

 Le grand spécialiste de la mémoire, Larry R. Squire, nous introduit ensuite aux concepts de mémoire non-déclarative et mémoire déclarative avec la subdivision dans cette dernière entre mémoire épisodique et mémoire sémantique.

Le dossier central se conclut avec Raphael Enthoven - que je n'apprécie pas trop pour ces récentes prises de positions outrancières contre les Gilets Jaunes ! - qui nous commente des extraits de Proust sur la mémoire là encore ! On connait évidemment le passage de la madeleine ou des pavés déchaussés !

J'ai trouvé passionnante l'interview de la sociologue Eva Illouz qui suit où elle nous montre que l'amour est un processus en déclin dans nos sociétés, et lié au capitalisme et à la marchandisation des objets ! Pessimisme ? En tout cas, je suis d'accord avec elle quand elle dit que le mal-être des gens dépends autant d'une faiblesse de notre psychisme individuel que de la pression que fait peser une société devenue folle sur chacun - et aux psychiatres de prescrire du chimique pour faire rentrer les gens "dans les cases" !

Je ne connaissais pas le penseur perse Sohrawardi condamné à mort pour hérésie envers l'Islam, dans la seconde moitié du XIIème siècle ! Ce philosophe s'inspire de Platon mais modifie le dualisme de celui-ci en ajoutant au monde des idées et au monde sensible un troisième monde, celui de l'âme que nourrissent les rêves et la poésie ! Intéressant là aussi !

Le magazine se termine comme à l'habitude par quelques rubriques à visée pédagogique - comme un exemple de rédaction pour bacheliers et étudiants en philo sur "liberté et égalité" - point de désaccord traditionnel entre la Droite et la Gauche ! Puis la "revue de presse" et présentation des derniers ouvrages importants parus dans le domaine de la philosophie !

En conclusion, un numéro un peu faible pour ce qui a trait à l'actualité ! Je n'aime pas leur prise de position plus ou moins avouée anti-Gilets Jaunes (mais qui transparait dans un quizz un peu moqueur à la fin du numéro !). Ce Philosophie Magazine  est plus convaincant lorsqu'il revient sur les classiques et l'Histoire de la Philo ! Manque de recul ?

Et j'allais oublier le carnet central sur des extraits de Essai sur l'entendement humain de John Locke.

Ce billet est le 1600ème de mes Skyblogs, le 2535ème d'Overblog et eklablog et je crois le 2717ème au total que j'ai écris dans ma carrière de bloggeur !

A bientôt !

Philosophie Magazine N°127 - Mars 2019

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La télécratie contre la démocratie - Bernard Stiegler

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Je trouve la pensée de Bernard Stiegler très digne d'intérêt et je suis ce philosophe depuis presque une dizaine d'années maintenant. Son essai La télécratie contre la démocratie montre comment notre société va mal, par quel processus on est arrivé au "degré zéro de la pensée" et à la barbarie. Ce livre a été écrit dans le contexte de l'élection présidentielle de 2007, opposant Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal - mais il anticipe assez bien l'explosion sociale portée par les Gilets jaunes !

Stiegler oppose donc la télécratie - constituée des moyens de communication de masse, des médias comme la télévision - à la démocratie. Celle-là cause la perte de celle-ci. En effet, on a détruit la philia, héritée des Grecs, au profit du Marché. Ce ne sont plus les liens entre les hommes qui font la société mais le marketing qui sait très bien transformer le désir en le faisant régresser en pulsions.

Notre philosophe revient sur une de ses marottes qu'il a développé à partir des écrits de Simondon, les notions d'individuation, et de rétentions psychiques et collectives. Les moyens modernes de communication sont en réalité des pharmaka, à la fois remèdes et poisons ! Il y a nécessité de mettre en place une organologie. Déjà, dans la Grèce antique, l'écriture était détournée par les sophistes !

La Modernité et le capitalisme ne permettent plus aux individus de s'individuer. On a prolétarisé les êtres, les dépossédants de leur savoir-faire et de leur savoir-vivre.

Les individus sont coincés devant leur télévision et ne peuvent plus s'élever. On donne du "temps de cerveau disponible à Coca-Cola" pour reprendre une formule de Pierre Le Lay.  L'école a un rôle à jouer !

Les hommes politiques ne sont plus que des "produits marketing" et n'ont plus aucune vision à long terme. La télé-réalité politique détruit l'opinion et la démocratie.

La télécratie est donc le soubassement de la Société de Marché, relève d'un populisme industriel, et détruit le lien social. Il en résulte un profond désespoir des populations qui mène à des actes barbares et régressifs.

Le propos de Bernard Stiegler est assez complet et poussé. Cet essai est très riche et il y aurait encore beaucoup à dire. La télécratie contre la démocratie est le premier ePub que j'ai lu sur mon Smartphone et je regrette de ne pas avoir pris de notes car ce billet eut été plus complet ! Il y a redites entre les essais de Stiegler et ses cours et séminaires sur Pharmakon.fr qui se font échos !

J'aurais sans doute l'occasion d'y revenir dans d'autres billets !

A bientôt !

La télécratie contre la démocratie - Bernard Stiegler

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La théorie physique, son objet, sa structure - Pierre Duhem

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Même si je me suis tourné à 30 ans vers la littérature, puis les sciences humaines, ma formation initiale est scientifique (Baccalauréat D) ! J'éprouve un vif intérêt pour l'épistémologie en général et il est possible que je travaille dans ce domaine lorsque je commencerais ma période "doctorats" ! Nous allons maintenant nous intéresser à Pierre Duhem qui est un physicien, chimiste, historien et philosophe des sciences à cheval sur le XIXème et le XXème siècle ! Je l'avais étudié en seconde année de Licence de Philo !

Quelle est la tâche de la science ? A-t'elle pour but d'expliquer le monde ? De chercher les causes des phénomènes ou simplement de les décrire ? Quelle est la part de la théorie par rapport à l'expérimentation dans tout cela ? Dans son essai, La théorie physique, son objet, sa structure, Pierre Duhem apporte des éléments de réponse !

C'est Francis Bacon, le chancelier britannique, qui a posé, avant Descartes, les fondements de la science moderne, basée sur l'induction et l'expérience reproductible ! Plus tard, d'autres ont lié théorie et expérience, comme travaillant de concert  !

Duhem arrive à une époque où la Physique dont on pensait qu'elle avait déjà tout découvert est sur le point d'accomplir sa double révolution quantique et relativiste ! La science pour lui ne doit pas rechercher les causes profondes qui se cachent sous ce qu'on observe ! La théorie n'est jamais qu'un moyen de classer les lois mises à jour par l'expérimentation. La théorie est appelée à avancer et à refouler comme les vagues mais globalement, la marée monte !

Chercher à expliquer le monde revient à considérer des entités invisibles et à recourir à la métaphysique. On sait que dans la philosophie, les racines de l'arbre de la connaissance sont la métaphysique, son tronc la Physique et ses branches la morale ou l'éthique. Si la Science veut réellement être universelle, elle doit renoncer à la métaphysique qui comporte nombre de chapelles !

L'"erreur" de Galilée, qui fit qu'il fut condamné par l'Eglise est d'avoir présenté sa théorie héliocentrique comme une "Explication" du monde, contredisant les Ecritures qui faisaient alors encore la loi. Si l'imprudent savant avait présenté son oeuvre comme un simple moyen "technique" de représentation, un "outil" permettant de s'affranchir des épicycles, il aurait éviter bien des désagréments !

La science progresse-t'elle en accumulant des données empiriques ou en commencant par rechercher des explications, des théories ? Duhem cite les théories de la lumière de Descartes comme franchissant instantanément les distances, très vite invalidées par la suite alors que ses lois de la dioptrique, sur la réfraction, donc expérimentales, elle sont toujours valables !

Puis, dans l'Histoire des Sciences, on eut Newton et ses Principes mathématiques de la philosophie naturelle où le grand scientifique dessine les lois de la gravité mais déclare ne pas en chercher les causes ni se risquer en hypothèses !

Au chapitre suivant, Duhem exhume une distinction du philosophe Pascal qui classe les esprits en deux catégories : d'une part les esprits forts et étroits - qui ont une grande puissance d'abstraction mais ne sont pas capables d'englober la totalité du réel - et d'autre part, les esprits faibles et de grande amplitude qui brasse quantités de faits et de donner mais ne pensent pas la théorie et les concepts abstraits ! De là découleraient deux types de savants : d'abord les Français qui conçoivent des systèmes et des théories, s'appuient sur la raison et ensuite les Anglais qui procèdent de manière empirique, se basent sur l'imagination et fabriquent des modèles mécaniques ou mathématiques. La vieille dichotomie entre Francis Bacon et René Descartes, je dirais ! C'est aussi pour cela que la Révolution industrielle s'est développée plus tôt au Royaume-Uni car les ingénieurs sont davantage dans les faits bruts et les données  que les théoriciens du Continent, Français ou Allemands ! Ce chapitre est très intéressant et c'est un aspect qui se vérifie auquel je n'avais jamais pensé !

Une théorie physique est donc un ensemble de propositions logiquement enchaînées, qui ne proposent pas une explication du monde, ne plongent pas dans la métaphysique et permettent de classer un ensemble de lois ! Dans une seconde partie, Duhem s'attarde sur la structure de la théorie physique.

Notre savant-philosophe commence par expliciter les notions de qualité et quantité. En effet, la science physique mesure à priori des quantités et transforment aussi des qualités en quantités. Elle utilise les mathématiques mais pas à la façon d'un géomètre car la Physique est en effet mal assurée et ses données tirées des expériences ne se suivent pas avec la même netteté que les théorèmes et leurs corollaires. La Physique est donc purement quantitative et a les mathématiques comme instrument, avec la logique.

Avec les mathématiques, la Physique établit des relations entre des symboles algébriques. Et à ce stade, notre science est dépendante de la précision des appareils de mesure ! Ainsi, une loi de la Physique sera opérative avec telle précision de mesure mais pas avec des précisions plus fines.

Ceci nous amène, avec Duhem, à établir qu'une théorie et ses lois ne sont jamais définitives ! Elles sont affinées au cours du temps en les comparant avec les données des expériences ! Ces protocoles expérimentaux ne sont jamais neutre et pour les comprendre, il faut avoir assimiler les prérequis apportés déjà par des théories en amont ! La théorie est indispensable pour interprêter les phénomènes ! Ainsi, le fait scientifique et expérimental se distingue du fait de sens commun en ce sens qu'il est plus précis et chargé de données ! Une théorie/une loi n'est ni vrai ni fausse mais elle correspond, est validée ou pas par les faits empiriques.

Ainsi, on affinera l'énoncé d'une loi en englobant de plus en plus d'exceptions et de cas particuliers expérimentaux dans cet énoncé. Duhem donne l'exemple de la loi sur les gaz parfaits qui a tenu ensuite compte de l'influence de l'électricité et du magnétisme.

Une loi de la Physique ne repose jamais entièrement sur l'induction et la théorie et l'intuition jouent leurs rôles. Duhem prends l'exemple de la gravitation pour montrer qu'une théorie ne surgit jamais du seul génie d'un homme fut-il Newton ! C'est un long processus de maturation d'idées qui s'affinent au cours du temps et qui planent dans l'air d'une époque.

Voilà ! Il y aurait encore beaucoup à dire sur ce livre mais reviendrais assurément sur ce domaine qu'est l'Epistémologie à l'avenir car je veux en faire un de mes sujets de recherche ! Le livre se conclut sur deux annexes où Duhem parle de sa biographie personnelle et de son rapport à la foi qu'il veut bien distinct de son rapport à la science. Et aussi sur la "valeur de la théorie physique" !

Personnellement, j'ai trouvé cette lecture très enrichissante et ça reste accessible à un lecteur un peu initié à ces problématiques !

A bientôt !

La théorie physique, son objet, sa structure - Pierre Duhem

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Décadence - Michel Onfray

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Tandis qu'en ce mois de janvier 2019, est sorti Sagesse, le troisième - gros - tome de la "Brève encyclopédie du monde" de Michel Onfray (qui à l'origine ne devait comporter que trois volumes mais en aura trois de plus si on prête vie à son auteur !), je vais revenir sur le précédent opus, Décadence, paru en 2017 qui parle de l'effondrement de la Civilisation judéo-chrétienne !

Onfray part d'un constat et d'un présupposé : si des civilisations comme celle de l'Egypte antique, celle des Sumériens ou celle de Rome ont disparu, rien n'indique que la notre ne subira pas le même sort ! Il va même plus loin en affirmant que le processus est amorcé depuis des siècles !

Le livre du philosophe ornais compte plus de 800 pages en édition de poche et c'est une véritable somme d'érudition ! L'auteur est décidément un "bourreau de travail" ! Toutefois, beaucoup de chroniqueurs ont pointé le "pessimisme" d'Onfray voire son "ressentiment" ! L'auteur ayant connu un orphelinat catholique dont il nous rappelle régulièrement les mauvais traitements que des prêtres saésiens pédophiles faisaient subir aux enfants, s'est toujours montré depuis résolument athée !

L'ouvrage procède donc en trois temps ! D'abord la genèse de la religion chrétienne, depuis la "fable Jésus", les diverses sectes des premiers temps... Ensuite l'apogée au Moyen âge, dans une société réglée sur le religieux, où les Rois tirent leur pouvoir de Droit divin ! Puis le déclin, amorcé dès la Renaissance, avec le schisme protestant, la montée de l'esprit rationnel, les Lumières, Vatican II etc,...

Comme on s'en doutera, on a tous les passages obligés de l'exercice : Jésus, le déni du corps, le Péché originel, Saint Paul, Constantin et Théodose, l'Islam, les Croisades, l'Inquisition, la Découverte du Nouveau Monde et le génocide des Amérindiens, Giordano Bruno, les hérésies, les procès d'animaux, la Saint-Barthélémy, la Contre-Réforme, la Révolution française, Nietzsche et la "mort de Dieu", le nihilisme contemporain, les rapports entre la papauté et le nazisme, Mai 68, la Révolution Iranienne de 1979, Ben Laden et le 11 Septembre !

Je ne reviens pas sur tous ces "événements" car aurait bien l'occasion d'en reparler un jour dans des articles dédiés dans mes rubriques "Histoire" dans mes blogs !

Michel Onfray reprends aussi des éléments qui étaient déjà dans son Traité d'athéologie et dans sa Contre-Histoire de la Philosophie (notamment sur Epicure et Montaigne !). Il s'inscrit aussi en quelque sorte dans la lignée de Samuel Huntington.

Notre philosophe se donne ici un peu le rôle de penseur omniscient, n'évite pas les raccourcis intellectuels et les jugements à l'emporte-pièce ! Il semble en effet difficile de brasser un aussi large éventail de connaissances sans faire des approximations ! On comprends que ça ai pu en énerver certains !

Pour ma part, je suis un grand admirateur d'Onfray et ai lu du début à la fin une douzaine de ses ouvrages (et parcouru/entamé une demie-douzaine d'autres !). Je serais toutefois plus réservé sur ce Décadence qui prête à polémiques et pourra blesser quelques chrétiens sincères !

Pour être complet, ce volume a donné lieu à une série de conférences, dans le cadre de l'Université Populaire fondée par l'auteur en 2002, qui s'est tenue à Deauville en 2018 - et qui constitue la dernière saison de cette manifestation, annulée au cours du cycle Décadence qui aurait du se conclure en 2019, Onfray ayant été lâché par les politiques de Basse-Normandie et par France Culture qui en assurait les retransmission l'été (la plus forte audience estivale de la chaine de radio d'ailleurs ! Mais bon quand les ordres viennent de l'Elysée, les pantins placés par cooptation s'inclinent !).

A bientôt !

Décadence - Michel Onfray

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Libérez votre cerveau ! - Idriss Aberkane

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Idriss Aberkane s'est fait connaître du grand public avec son essai Libérez votre cerveau ! - sous-titré "Traité de neurosagesse pour changer l'école et la société" qui est son premier ouvrage, paru en 2016 ! Il reprends certaines des idées de ce premier livre dans son second essai, L'âge de la connaissance - et ce présent billet reprendra des idées de mon précédent article mais il faut bien voir que Libérez votre cerveau ! a été écrit avant L'âge de la connaissance  !

Notre cerveau est plus grand que l'ensemble de nos créations ! Il doit revendiquer son autonomie et sa liberté et n'être asservi par aucun système. Par ailleurs, si notre société brasse un nombre incalculable de connaissances, elle est très loin de montrer des signes de sagesse !

Dans ce livre, Aberkane décrit le fonctionnement de notre cerveau, ses lacunes, ses manques, ses biais et tente d'évaluer comment améliorer notre fonctionnement mental !

Nos idées doivent être comme les objets physiques que nous manipulons ! Il faut munir nos concepts d'empans, de "poignets" permettant à notre esprit de mieux les saisir !

L'auteur  remets aussi en question notre système éducatif, qui valorise trop la note ! Or le réel présente une plus grande variété de situations que celles évaluées par l'école ! De plus, l'institution scolaire valorise des "vertus" qui ne sont pas celles de la vie ! Ainsi le travail collaboratif est traité comme de la triche alors que dans le monde, c'est la norme !

L'essayiste introduit ici sa notion de potentiel/capital At - Attention/temps et mets aussi en avant la valeur de l'amour et de la motivation dans la recherche d'idées !

Ce livre est en réalité issu de l'une des trois thèses de doctorat d'Aberkane, celle sur la neuroergonomie. Il enjoint l'Homme à s'inspirer de la Nature et appelle à une seconde Renaissance ! Les objectifs sont aussi de redonner l'envie d'apprendre et à respecter nos neurones !

Bref, il y aurait encore beaucoup à dire et aurait sans doute l'occasion de revenir sur certaines de ces idées dans de futurs articles "Des Réflexions à foison" ou dans le livre que je compte éditer en 2019 - à la manière des Cahiers de Paul Valéry (sur lesquels j'ai travaillé à la fac !) - recueil qui s'intitulera "Matières à penser" !

A bientôt !

Libérez votre cerveau ! - Idriss Aberkane

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L'individu qui vient... après le libéralisme - Dany-Robert Dufour

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On ne cesse de répéter que le monde court à sa perte, de tirer des sonnettes d'alarme sur les impasse du néo-libéralisme qui voit certains accumuler les richesses tandis que la grande majorité de la planète vit dans la pauvreté voire la misère. L'ouvrage de Dany-Robert Dufour, philosophe de son état, apporte sa pierre à la critique de notre société, en dénonce les travers ! Ce livre, c'est L'individu qui vient - sous-titré ... après le libéralisme.

L'auteur se positionne dès le début de l'essai. Un nouveau récit est né avec la Modernité, celui qui fait du Divin Marché la nouvelle religion, et qui évince les anciens récits, celui des monothéismes et celui du Logos grec ! Il s'agit pour Dufour d'adopter une position qui n'est ni celle des néo-libéraux, ni celle des réactionnaires, la posture de résistant !

On accuse notre époque d'être celle de l'individualisme ! En réalité, notre philosophe montre ici qu'elle est plus celle de l'égoïsme où c'est l'amour-propre qui l'emporte sur l'altruisme. Un individualisme humaniste ne serait pas à critiquer, bien au contraire.

Le point d'inflexion, le moment où le libéralisme l'emporte sur le christianisme se situe à l'époque des Lumières mais chemine déjà depuis la Renaissance, Francis Bacon et son Novum organum et René Descartes qui veut faire de nous les "maitres et possesseurs de la Nature". Ce basculement se produit lorsque les Lumières anglaises l'emportent sur les Lumières allemandes ! Kant considéraient l'homme comme une fin et non comme un moyen ! Les Anglais vont développer l'utilitarisme et le pragmatisme : on peut instrumentaliser l'individu car c'est le résultat qui compte !

Adam Smith et Mandeville contribuent à l'avènement du capitalisme et les vices - jusque là prohibés par la religion - deviennent des vertus - comme le pose le second avec sa Fable des Abeilles. L'heure est au plaisir et à la jouissance - "philosophie" qui trouve son apogée chez un auteur comme Sade !

Le Logos grec cède aussi du terrain ! Terminé avec la prohibition de l'hubris - la démesure ! La pléonexie était mal vue chez les contemporains de Socrate - l'art d'accumuler les richesses matérielles pour soi ! - désormais elle est mise en avant et devient la règle !

Les anciens récits avait donc des interdits que le libéralisme a fait sauter ! Faut-il le regretter ? Ce n'est pas si simple car au-delà de ces interdits (sur l'amour-propre et sur la pléonexie), il y avait aussi des répression secondaires ! Un onzième commandement divin caché poserait ainsi la femme asservie à l'homme suivant le modèle du Patriarcat et les Grecs avaient des esclaves qu'on retrouve dans la figure du prolétaire aliéné !

La Modernité place les hommes en situation de "minorité" (la femme, le colon, l'homosexuel,...) là où Kant, dans Qu'est-ce que les Lumières ?, militait pour amener l'Humanité en position de "majorité" - l'âge adulte autoconscient ! Le libéralisme brouille aussi la distinction des sexes en confondant sexe (qui procède de la Nature) et genre (qui procède de la Culture) avec les gender-studies. L'auteur affirme qu'on ne peut contourner le sexe biologique, changer notre être ! On ne change que le paraitre et au moyen du discours et de symboles qui ne modifient pas la configuration du réel et ne sont, par définition, que performatif ! La Modernité, semble-t'il dire, veut accorder une trop grande place à la culture par rapport à la nature en usant d'une rhétorique mensongère ! Car c'est aussi cela la Modernité, un usage décomplexé de la sophistique comme si le dialogue philosophique avait repris là où Platon avait vaincu les sophistes !

Autre discours ayant trait à l'individu postmoderne, on a le récit de l'antipsychiatrie, mis notamment en avant par Deleuze et Guattari dans leur Anti-Œdipe. Ce n'est plus le fou qui est malade mais la famille, l'entourage et la société ! Je reviendrais sur ce point une prochaine fois !

Dernier domaine de ce retournement sophistique, on le trouve chez les tenants de l'anti-spécisme, qui au contraire de ceux qui dans les études de genres privilégient la culture sur la nature, placent eux la nature en position dominante par rapport à la culture et pose l'homme comme "un animal comme un autre". Or il y a une exception humaine que l'auteur situe dans le langage ! En effet, le langage animal reste collé au réel, alors que comme on l'a vu le langage humain est symbolique, use de détours poétiques et métalinguistiques, permets le fantasme et le mensonge !

Le néolibéralisme a permit l'assouvissement des pulsions liées à "l'âme d'en bas" sans passer par la médiation de "l'âme d'en haut". C'est une prolétarisation non seulement au stade de la production mais aussi par la consommation - via les techniques de marketing ! C'est l'ère du leurre - pour "appâter le client" - et de l'addiction !

Pour terminer cette partie de la réflexion, l'auteur de l'essai présente la situation des grands pléonexes qui accaparent la richesse - comme Bill Gates, qui se veut philanthrope ! - ces "libertariens" qui veulent la fin de l'Etat et de la modeste redistribution qu'il permets mais vont pleurer dans ses jupes après la Crise de 2008 pour qu'il les renfloue ! Devant tant d'injustices et d'inégalités, que convient-il de faire ? C'est la dernière partie du livre ! Après le constat et l'observation après la réflexion, le temps de l'action et des mesures !...

L'ultralibéralisme est donc néfaste car d'une part, il nie la nature humaine et d'autre part, en recherchant une croissance illimitée - et illusoire ! - il mets l'écosystème, avec des ressources elles limitées - en péril ! C'est une fuite en avant en réalité !

L'essayiste propose donc plusieurs pistes de solutions ! D'abord créer des conservatoires - afin de préserver ce qui risque de disparaitre, pour échapper à la logique marchande et du profit à tout crin ! Puis, repenser l'école où la figure du maïtre, taxé d'autoritaire par le discours de la Modernité, a été dévalorisé ! Créer une école où apprendre ne se réduise par au jeu ou à la formation de bons prolétaires et de bons consommateurs mais conduisent les jeunes à maitriser leurs pulsions !

Ensuite, il s'agira de passer de l'individualisme égocentré à un individualisme "sympathique" et de tirer les leçons des expériences malheureuses du XXème siècle : fascisme, communisme "vulgaire"  et capitalisme ! Trois impasses historiques en un siècle !

On découvrira bientôt que le seul individualisme qui vaille doit être altruiste ! Je rajoute pour ma part ici que longtemps, un certain darwinisme social a professé que les êtres survivaient mieux en étant égoistes ! Cela semble en fait invalidé par pas mal d'expériences en psychologie sociale comme le "jeu des prisonniers" (base de la théorie des jeux) où deux individus obtiennent de meilleurs résultant en "coopérant" ! Comment s'assurer cette coopération ? En se référant à un tiers, la loi - là encore système symbolique !

Petit apparté : le symbolique peut parfois  transformer le réel ! La "surnature" de Dieu - qui existe dans notre esprit (là seulement  ?) se manifeste dans l'édification de synagogues, d'églises et de mosquées, batiments bien matériels !

Face à une société qui ordonne les hommes en "troupeaux de consommateurs" livrés à leurs pulsions et à leur satisfaction, un monde comme on l'a vu très inégalitaire, il conviendra aussi de rétablir un Etat fort qui assure une fonction de régulation - ne laissant pas tout à la "main invisible du marché" et qui redistribue les richesses (le cauchemar des libertariens !), qui associe les intérêts privés et collectifs. Bref "moins d'affaires dans les Etats" ! Je pense que certaines propositions des Gilets Jaunes - contre le règne de l'argent roi qui dirige tout et pour une meilleur représentation de tout un chacun  ! - sont intéressantes ! Mais évidemment, il n'est pas mention des Gilets Jaunes dans ce livre car c'est beaucoup trop récent !

Comme je dis souvent à mon père, la valeur d'un individu ne se mesure pas à son salaire ou à sa fortune ! Dany-Robert Dufour démolit aussi en conclusion cette figure détestable et mensongère du self-made-man ! Pour éviter cette pente néo-darwinienne, nous avons besoin d'un Etat, au sens philosophique ! Je vous renvoie avec l'auteur aux grands textes que sont La République  de Platon, Le Contrat Social  de Rousseau et les Principes de la Philosophie du Droit de Hegel !

En conclusion, l'avenir peut paraître sombre mais le pire n'est jamais sûr ! Il est temps de construire de nouvelles utopies et cette fois de les réaliser ! La tâche est immense mais toutes les bonnes volontés sont les bienvenues !

La période que nous vivons est charnière - un naufrage ou  une nouvelle Renaissance - et très exaltante ! De nombreuses voix s'élèvent pour proposer de nouvelles perspectives !

Comme disait le poète Holderlin : "Là où croit le péril, croît aussi ce qui sauve !".

Un très bon essai que voici !

A bientôt !

PS : je vous souhaite un joyeux Noël 2018 !

L'individu qui vient... après le libéralisme - Dany-Robert Dufour

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Le deuil de la mélancolie - Michel Onfray

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J'apprécie particulièrement Michel Onfray, philosophe français actuellement le plus vendu dans le monde, très controversé et qui a beaucoup d'ennemis - notamment à la fac de Caen où les profs ne l'aiment guère ! On aurait de vives raisons de les critiquer ces profs qui feraient mieux de balayer devant leur porte !

Onfray est un travailleur infatigable qui, lorsqu'il aborde un sujet, lis toute la littérature existante sur ce sujet - telle est sa méthode ! - du haut de sa bibliothèque personnelle de 20000 ouvrages ! Onfray est aussi connu pour être un graphomane !

Il a sorti récemment, à la rentrée littéraire 2018, son centième livre - qui revient de manière plus intime sur sa vie. Onfray est un éternel rebelle et il y a beaucoup de malentendus sur lui. Il a été récemment au cœur d'une polémique à propos d'un texte sur le doigt d'honneur du voyou braqueur qui a posé avec notre si pitoyable président - le "Méprisant de la République", Macron Ier ! Je soutiens entièrement notre philosophe normand dans cette affaire d'autant qu'il s'est vu privé de France Culture et de France 5, ses chaînes payées  par l'argent des contribuables, chaînes qui boycottent ainsi un philosophe près du peuple ! De plus, Onfray a mis un terme à sa participation à l'Université Populaire de Caen qui continuera sans lui !

Il faut dire que si Onfray est si amer, c'est parce qu'il a pu goûter à la bassesse humaine, notamment à celle de la petite bourgeoisie mesquine de province, celle de l'intelligentsia snob de Paris qui fait la pluie et le beau temps ou encore les élus de Gauche qui ont renié les idées de Gauche au nom du libéralisme. Onfray ne s'est jamais soumis et on le lui fait payer !

Revenons donc au livre du jour qui s'intitule Le deuil de la mélancolie. Sans vouloir faire de la psychologie de bazar, on peut dire que ce livre est comme une thérapie pour son auteur. Il s'agit de se relever et d'en finir avec la peine. Onfray revient sur l'AVC qu'il a éprouvé en janvier 2018 et qui aurait pu lui coûter très cher du fait que 4 ou 5 médecins sont passés totalement à côté ! Par chance pour lui, Onfray a tout de même du "réseau" et a finit par être diagnostiqué correctement et envoyé en soins à l'hôpital Foch. Mais il se demande quid du quidam qui n'a pas de relations dans le corps médical ? L'exercice de la médecine semble truffé de bourdes et de ratages d'autant plus graves que, comme le montre l'auteur, les médecins qui se sont plantés ne reconnaissent que rarement leurs erreurs !

Onfray livre donc le déroulé de la survenue de son AVC, puis les différents messages pris à l'hôpital sur son i-phone, dénonce l'impéritie de certains praticiens.

Ensuite, il revient sur le décès de sa compagne Marie Claude Ruel, qui a souffert le chemin de croix du cancer pendant dix-sept ans et est décédée en aôut 2013. Onfray nous dévoile donc son intimité, tout en restant mesuré et pudique. Il n'a tenu le coup ensuite que grâce à l'amour de Dorothée, l'autre femme de sa vie. Notre penseur, comme Sartre et Beauvoir avant lui est donc un pratiquant du polyamour - chacun des trois membres de l'affaire étant au fait de la réalité !

De là, Onfray dresse un constat, relie les points entre le décès de Marie-Claude, la mélancolie et le mal-être dont il a souffert par la suite et la survenue de son AVC comme le bout d'un processus. A partir de là, il décide de se relever, pour Dorothée et les gens qu'il aime, son frère, sa mère, ses rares véritables amis, notamment en se réfugiant dans le travail.

Onfray nous raconte, vous l'aurez compris, dans ce livre son rapport à la mort - relate aussi un accident de voiture de sa mère des années plus tôt, la mort de son père, ses relations amicales et tant de choses intimes.

C'est un livre plaisant et instructif, qui explore et interroge sur la nature humaine, sru "que faire de notre vie le temps qu'il nous reste ?". Le philosophe d'Argentan sait qu'il ne lui reste plus que quelques années à vivre - menacé et en sursis depuis son infarctus alors qu'il n'avait pas encore 30 ans ! Mais ne sommes-nous pas tous en sursis sur cette Terre ?

Un livre qui permets de mieux comprendre - et d'apprécier ! - Michel Onfray, un livre que j'ai lu en 1 heure et demie de temps, tellement c'est passionnant ! Je vous en recommande la lecture fortement !

A bientôt !

Le deuil de la mélancolie - Michel Onfray

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La composition des mondes - Philippe Descola

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La composition des mondes est un ensemble d'entretiens que l'anthropologue Philippe Descola, un des héritiers de Claude Lévi-Strauss et qui officie notamment au Collège de France, a donné au journaliste Pierre Charbonnier en 2014.

Cet ouvrage nous éclaire sur le parcours de cette grande pointure des sciences humaines et à travers lui nous éclaire sur ce qu'est le cheminement intellectuel d'un anthropologue dans la deuxième moitié du XXème siècle ! Il nous renseigne également sur les grandes ontologies régissant le monde - les "modes d'être" : animisme, totémisme, analogisme ou naturalisme. Enfin, le livre interroge notre modernité à travers le naturalisme qui est une façon de penser les choses dans un rapport particulier à l'espace, en lien avec la science et la conception mathématique.

Comme pas mal de sociologues et d'anthropologues, le parcours de Philippe Descola commence avec la philosophie. Après tout, le remaniement des ontologies du monde auquel il se livre ne revient-il pas à manipuler un principe philosophique ? L'anthropologie est à la conception théorique de modèle pour penser le monde, ce que l’ethnographie de terrain - qui recueille des données - est à l'empirisme.

Descola revient sur sa formation et ses maîtres, Maurice Godelier, Claude Lévi-Strauss, André-George Haudricourt, les écrits de Michel Foucault et bien d'autres ! Sa formation politique marxiste et trotskyste trouve sa source dans Mai 68.

Les premiers travaux sur le terrain de notre anthropologue le mèneront d'abord en Amérique Centrale puis en Amazonie où il étudie les indiens Achuar, leur rapport à la nature, aux Non-Humains (animaux et végétaux), leur rêves et leurs chants. Il s'agit de se défaire de notre modèle européen qui a voulu s'imposer au monde par le colonialisme ! Le retour à la civilisation après des mois en Amazonie est d'autant plus bizarre ! Descola restera trois ans chez les Achuar - une ethnie Jivaros ! - en "immersion participante", mesurant les parcelles de terres, pesant les rations de nourriture des indigènes, participant à leurs activités, etc,...

En 2005, Descola publie son maître livre Par-delà nature et culture. Ses analyses s'appuient au départ sur les méthodes structuralistes mais vont plus loin et se complètent d'autres lectures. C'est là, dans cet ouvrage de 2005 que Descola pense l'animisme, le totémisme, l'analogisme et le naturalisme.

L’animisme envisage la continuité mentale entre humains et non-humains et leur discontinuité physique. Le naturalisme considère les discontinuités mentales et les continuités physiques. Le totémisme, au contraire, postule des continuités morales et physiques entre humains et non-humains, dont des groupes totémiques entiers se séparent. Enfin, l’analogisme suppose de considérer des discontinuités totales et permanentes entre humains et non-humains, ce qui ouvre la voie à une série de renvois entre des singularités partout saillantes.

Mais en réalité, on ne trouve jamais ces ontologies sous leurs formes pures établies par l'analyse dans les faits !

Descola établit que l'analogisme succède à l'animisme mais ce passage n'est pas documenté. On en sait davantage sur l'analogisme - déjà théorisé comme la pensée du Moyen Âge et de la Renaissance par Michel Foucault dans Les Mots et les Choses - qui est remplacé par le naturalisme. Le naturalisme vient avec l'avènement des Sciences avec Bacon, Galilée, Descartes puis Newton mais a déjà été préparé dans les esprits par la peinture néerlandaise du début du XVIIème siècle. Descola accorde une grande place, en effet, à l'analyse des images.

Enfin, l'interviewé précise que la confirmation de ces quatre ontologies par les faits sera la mission des futurs jeunes chercheurs de la discipline dans une casuistique qui viendra confirmer ou démentir la théorie !

Voilà ! Le livre expose bien d'autres points mais je me garderais de rentrer trop dans le détail !

A bientôt !

La composition des mondes - Philippe Descola

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Le transhumanisme, c'est quoi ? - Folscheid, Lécu & de Malherbe

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Aujourd'hui, nous allons discuter du Transhumanisme - après avoir déjà abordé cette forme d'utopie du futur dans un billet sur un livre de Luc Ferry - et avant d'en reparler bientôt à propos d'un livre sur la Singularité !

Dans Le transhumanisme, c'est quoi ?, les auteurs, Dominique Folscheid, Anne Lécu et Brice de Malherbe, se posent des questions essentielles pour notre temps et le futur ! Doit-on voir dans ce mouvement en quelque sorte philosophique une réponse aux problèmes actuels ?

Nos spécialistes sont un médecin, un philosophe et un théologien dans cet ouvrage court et accessible ! Ils consignent ici les réflexions qui ont eut lieu lors d'un séminaire au Collège des Bernardins !

Le transhumanisme envisage un "homme augmenté", une sorte de cyborg, interfacé avec les machines, amélioré par le génie génétique et qui a vaincu la mort ? Ce  saut vers l'avenir est fortement encouragé par les sociétés des GAFA qui financent les recherches avec des individus comme Elon Musk ! Un pas vers une nouvelle Humanité mais s'agira-t'il encore d'Humains ?

Le problème avec le Transhumanisme est multiple ! On passera sur le fait que ces "améliorations" ne toucheront qu'une petite élite - celle qui aura les moyens financiers et les réseaux d'influence - et qui domineront alors la masse des sous-hommes. Mais pire, on est là devant un déni du corps ! Or c'est le corps, support des émotions, qui fait notre Humanité !

Les trois auteurs établissent que l'on ne peut pas vraiment considérer le Transhumanisme comme un nouvel Humanisme ! Celui-là subvertit certains auteurs qui font partis de celui-ci comme Pic de la Mirandole !

Surtout le Transhumanisme s'inscrit davantage dans le mythe du progrès et le développement de la science moderne ! A l'âge préhistorique, l'homme se rends compte qu'il fait partie de la nature et doit lutter contre elle ! Durant l'Antiquité grecque, il découvre le logos, la foi en la Raison. Mais ce n'est qu'au XVIIème siècle, que cette Raison conduit au développement de la science - avec Francis Bacon, Galilée et René Descartes, trois contemporains. Il s'agit, pour reprendre la formule du dernier, de se rendre "comme maître et possesseur de la Nature" !

Le Transhumanisme, c'est aussi la technique dérivée de la science et l'"arraisonnement de la Nature" pour parler comme Heidegger ! Dans un monde où Dieu a par ailleurs été révoqué et où l'Homme veut prendre la place du divin !

Le corps est vécu comme une "prison" dont il faut s'affranchir ! En cela, les transhumanistes sont dans la détestation du corps comme les gnostiques au début de l'ère chrétienne ! Mais n'est-t'on pas alors en plein péché d'hubris - de démesure ? Certainement !

Dans cette philosophie du XXIème siècle, on considère l'univers comme un mécanisme d'horloge, un animal-machine (ou encore un  "homme-machine" depuis La Mettrie). Devenu entièrement et uniquement matériel, le monde peut s'expliquer par la science - est pensable en termes mathématiques - pour reprendre Galilée ! On évacue la finalité ou le "pourquoi" qui est du ressort métaphysique ! La science ne chercher jamais que le "comment" et Newton ne se risquait pas en hypothèses !

Mais le corps n'est pas qu'un corps support de la vie, le Körper, celui que le médecin examine mais aussi un Leib, une subjectivité parlante, qui s'exprime pour penser comme Husserl ! Le corps est le support de nos émotions et ce qui fait de nous des humains !

Mais après la Shoah, il s'agira de prouver que l'Homme est encore digne d'être celui qui nous ouvre un avenir !

Nos trois spécialistes dans leurs domaines, parce qu'ils font parties de la sphère du soin sont , vous l'aurez compris, très réticents à l'égard du Transhumanisme ! Il sera intéressant de comparer bientôt avec d'autres points de vue !

C'est pourquoi je vous dit à bientôt !

Le transhumanisme, c'est quoi ? - Folscheid, Lécu & de Malherbe

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Etre et Temps - Martin Heidegger - Introduction

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L'ontologie est la partie de la philosophie qui traite de l'être ! Or cette problématique a été traitée depuis les origines de l'Histoire de la pensée. Déjà chez Aristote, on a les Catégories qui classent les "choses" en essence (ousia en grec) et attributs.

Mais pour Martin Heidegger, cette question a été délaissée dans les temps modernes et en tout cas n'a pas été résolue bien qu'elle soit fondamentale ! C'est pourquoi le philosophe allemand - connu pour s'être compromis avec les nazis mais bon, ce n'est pas le sujet ! - tenant de la phénoménologie en bon élève d'Husserl tente de reposer la question de l'être dans le monumental - par le nombre de pages et la teneur du propos ! - Être et Temps, publié en 1927.

Je n'ai pas évidemment l'ambition d'expliciter ici totalement, ni même partiellement cet ouvrage capital et très ardu en quelques dizaines de lignes ! La tâche est colossale et Heidegger souvent obscur ! Un tel ouvrage doit se lire maintes et maintes fois - en prenant des notes - pour que l'on commence à en saisir le sens ! Je ferais donc un rapide et sommaire survol et ferais probablement des billets plus thématiques dans un certain avenir - ou des écrits dans d'autres cadres que ce blog - pour mes études de philo par exemple !

Pour produire une analyse précise de cet ouvrage monumental, je prévois toute une série d'articles qui reviendrons sur chacune des parties du livre ! Ce billet a pour principale fonction de teaser/d'annoncer cette série à venir !

Pour Heidegger, dès l'incipit, il convient de distinguer l'être et l'étant ! L'étant est de l'être porté à l'existence, de l'essence réalisée. Il y a une grande diversité d'étants - tout ce qui est en fait ! - témoins d'autant d'être ! Or pour étudier l'être, en plus d'une méthode - qui sera l'analytique existentiale, il nous faut un être qui s'y prête bien. Cet être, pour Heidegger est le Da-Sein ! Explicitons !

Dès la Deuxième Section de la Première Partie, le philosophe introduit le temps, qui est un aspect fondamental du problème ! En effet le Da-Sein est inscrit dans le temps. Mais il a bien d'autres "caractéristiques" (mais pas véritablement d'attributs !), comme la mondéité. Le Da-Sein est la grande affaire d'Heidegger et nous y reviendrons dans les prochains billets sur cet ouvrage !

Pour terminer cette introduction très rapide sur Être et Temps, quelques infos biographiques sur ce philosophe !... On retiendra qu'il fut l'élève d'Edmund Husserl et prolongea la réflexion de celui-ci sur la phénoménologie, l'orientant plus dans une perspective ontologique.

Le grand soucis avec Heidegger est sa compromission avec le régime nazi ! Est-ce que cela disqualifie pour autant sa pensée, je ne le pense pas !

A bientôt !

Etre et Temps - Martin Heidegger - Introduction

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