Deux hommes dans Manhattan - Jean-Pierre Melville
Jean-Pierre Melville - de son vrai nom Jean-Pierre Grumbach - est un cinéaste de l'après-guerre - durant laquelle il combattit dans la Résistance. Il est surtout célèbre pour sa trilogie sur l'Occupation et ses collaborations avec Charles Vanel, Lino Ventura, Jean-Paul Belmondo ou Alain Delon.
Ses méthodes de tournages anticipent déjà celles de la Nouvelle Vague. Dès l'incipit de Deux Hommes dans Manhattan, film de 1959, on est frappé par le fait qu'il utilise des images d'archives et d'actualités et filme dans les rues de New York à la manière d'un documentaire !
Deux hommes dans Manhattan raconte l'enquête d'un journaliste travaillant pour l'AFP¨et d'un photographe "bas de classe" et en rupture de ban à la recherche de Fèvre-Berthier, délégué français à l'ONU - qui semble avoir disparu lors de la dernière session des représentants !
L'ONU est évidemment un point névralgique du monde nouveau de l'après-guerre et tous les regards du monde sont tournés vers le Conseil ! Une galaxie de journalistes gravite donc autour des politiques ! Moreau (interprété par Melville lui-même) et Delmas (rôle tenu par Pierre Grasset) recherchent donc le disparu - à la manière de policiers ou de détectives. Les journalistes, nouveaux "héros" du genre "film noir" ?
Fèvre-Berthier était un homme à femmes. Nos deux personnages rencontrent successivement quatre maitresses Judith Nelson (jouée par Ginger Hall), une actrice de Broadway, une chanteuse (jouée par Glenda Leigh), Miss Gloria, une prostituée (jouée par Monique Hennessy) et Bessie Reed, une danseuse de burlesque (jouée par Michèle Bailly). Les mondes de la politique et de l'information ne sont donc jamais très loin de celui du strass et des paillettes !
Seulement voilà, une de ces femmes - après avoir reçu la visite de Moreau et Delmas, va tenter de se suicider car elle connait le triste sort de Fèvre-Berthier. Nos deux journalistes se ruent à son chevet mais pas par compassion. Delmas prends une photo volé et maquille les faits pour faire du "spectaculaire" ! C'est donc la question de l'éthique journalistique qui est posée ! Choisir entre information honnête et quête du sensationnel !
Tout le film est illustré par une très belle musique jazzy et des thèmes musicaux courts qui appuient les séquences chocs ! L'esthétique pellicule noir & blanc du film donne un cachet plaisant à celui-ci !
Un film qui montre que le travail de journaliste n'est pas sans conséquences sur le sujet qu'il cherche à mettre en lumière ! C'est aussi - hélas - souvent un travail de (ré)interprétation !
A bientôt !