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La Mort d'Ivan Illitch - Léon Tolstoï

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Les œuvres les plus connues de Tolstoï demeurent La Guerre et la Paix et Anna Karénine.

Je vais ici m'interesser à un petit corpus de nouvelles (deux nouvelles) parues notamment en Folio 3011 : La Mort d'Ivan Illitch, Trois morts et Maitre et serviteur. Je m'attarderais plus longuement sur la première, parlerais un peu de la seconde et ferais abstraction de la dernière que je n'ai pas encore lue (mais ca ne saurait tarder!). On le voit, ces trois textes ont en commun la mort.

La mort a toujours été pour Tolstoï une préoccupation. En effet, il a vu mourir nombre des siens : sa mère est décédée alors qu'il n'avait que deux ans, son père, les deux tantes qui l'ont élevé, et son frère.

La littérature est un moyen de saisir les derniers instants d'un individu. Il ne viendrait pas à l'idée de quelqu'un de demander à un mourant ses impressions! L'écrit permet de parler de ce tabou.

La mort n'a pas toujours été tabou dans nos sociétés occidentales. au Moyen-Age, elle était acceptée. Au XX ème et XXIème siècle, elle fait peur en même temps qu'elle s'est médicalisée et technicisée.

Revenons à Tolstoï et d'abord à La Mort d'Ivan Illitch. C'est une nouvelle écrite à la fin des années 1870 après que l'écrivain ait traversé une autre de ses crises spirituelles. En effet, Tolstoï s'est plusieurs fois détourné au cours de sa vie de l'écriture qu'il prenait alors en dégout pour se consacrer notamment à l'éducation des paysans russes.

Le récit débute par l'annonce de la mort du protagoniste principal, puis revient sur sa vie. On constate qu'Ivan Illitch sortit de l'Ecole de Jurisprudence, porte un grand intérêt à sa carrière juridique. il gagne vite de hautes reponsabilités. Il se marie mais bien vite son idylle se gâte car sa femme a mauvais caractère. Il se réfugie alors davantage dans le travail.

Un jours, il obtient un poste à cinq mille roubles et fait aménager un luxueux appartement à Saint-Petersbourg. En tendant des rideaux, il chute et se blesse - sans gravité croit-il -au côté. Plus tard, des problèmes de santé vont apparaitre.

Les derniers chapitres de la nouvelle nous montrent la déchéance progressive d'Ivan Illitch. Sa blessure au côté n'est pas bénigne. Les médecins n'identifient pas précisément ce qu'il a, ou du moins ne veulent pas lui dire (la focalisation se fait de son point de vue). On évoque un rein décollé ou une pathologie au caecum.

La douleur persistante va alors lui rappeler constamment son état puis le fait qu'il va mourir.

Bientôt, il ne peut plus quitter son fauteuil et ne trouve du réconfort qu'auprès d'un domestique, gars de la campagne, qui en lui soulevant les jambes des heures durant apaise un peu sa douleur.

Lors des ultimes moments, Illitch s'interroge : pourquoi ne peut-il pas vivre? Sa vie a-t'elle été vaine? L'opium et la morphine ne le calment plus, la confession ne lui apporte qu'un bref répit.

Pourtant à la toute fin, il ne voit pas la mort mais la lumière et semble libéré, de son point de vue. Encore que peut-on donner un point de vue a ce qui n'est plus?

Cette nouvelle interroge chacun de nous sur sa conception de la mort, que l'on soit croyant ou athée.

Trois morts est une nouvelle plus courte, nous montre comment trois êtres -une dame, un paysan et un arbre - acceptent la mort. La thèse de Tolstoî est la suivante : plus on est proche de la Nature, plus on accepte l'échéance. L'écrivain russe avait lu Rousseau et avait de l'affection pour la paysannerie.

Voila un auteur et des textes bien intéressants !

A bientôt !

PS - Lecture complémentaire :

Philippe Ariès; Essais sur l'histoire de la mort en Occident du Moyen-Age à nos jours; Points Histoire H31

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