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Le cinéma français sous l'Occupation

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En 1940, à partir de l'Occupation d'une partie de la France par les Allemands - et l'avènement de Vichy, on assiste à une remise en cause du cinéma d’auteur français. Il se produit d'une part, une désorganisation de la production et d'autre part, les grandes figures partent à l’étranger.

Parmi les réalisateurs, Marcel Carné part travailler en zone libre. Et d'une manière générale, les réalisateurs cherchent des compromis pour ne pas tourner à Paris.

On voit aussi l'émergence des critiques du Paris collabo. Les auteurs sont jugés coupables d’avoir démoralisés la jeunesse.

Parmi les auteurs exilés à l'étranger, il y a Jean Renoir et René Clair qui sont partis à Hollywood. Ceci permet une résistance intellectuelle du cinéma exilé.

Fin juin 1940, René Clair quitte la France avec femme et enfant, gagne l'Espagne puis le Portugal et s'embarque pour New York. Le gouvernement de Vichy le déchoit de la nationalité française puis, quelque temps après, annule cette décision. René Clair est bien accueilli à Hollywood, il y tournera quatre films : La Belle ensorceleuse (1940), Ma Femme est une sorcière (1942), C'est arrivé demain (1943) et Dix Petits Indiens (1945). Ce dernier est une adaptation des Dix petits nègres d'Agatha Christie. Il rentre en France en 1946 : Le Silence est d'or (1947), La Beauté du diable (1949) où il revisite le mythe de Faust et dirige Gérard Philipe pour la première fois et Les Belles de nuit (1952).

En 1941 : les Allemands mettent en place la Continentale pour produire du cinéma divertissant et en réalité, abrutir les masses. Ceci doit être la nouvelle Culture nationale « sous protection » du IIIème Reich. En réalité, il y a peu de films pro-allemands, mais des films Pétainistes (sur une thématique : le retour à la terre).

Toutefois, un film antimaçonnerie est tourné : Forces occultes. Il y a aussi exaltation du matriarcat : Le voile bleu.

Mais de manière générale, on est dans une politique de l’évitement, du dénie de la situation présente, par des évitements, par des paraboles avec une évasion dans le merveilleux (le fantastique) et le passé (l’histoire). Mais il faut aussi donner des raisons d’espérer.

Cocteau et Guitry ont épousé ce mouvement d’évitement. Parmi les films dans cette lignée, on a aussi La Symphonie fantastique (1942) de Christian-Jaque (vie de Berlioz) ou Pontcarral, général d’Empire (1942) de Jean Delannoy. Également, « à la mode », on fait des adaptations de Balzac. Et dans le genre du cinéma fantastique, on a, par exemple, La main du diable (avec le motif de Gérard de Nerval). C’est un fantastique avec des touches assez sombres.

Bien évidemment, on n’importe plus de films américains. Alors, le cinéma français copie les films Hollywoodiens : romans à suspens, apparitions de genres à l’américain. Dans cette optique, Henry De Coin et Henry Georges Clouzot font des films policiers.

Parmi l’œuvre de Clouzot de cette époque, on a Le dernier des six, Les inconnus dans la maison, une adaptation de Simenon et un film interdit à la libération ! On a aussi L’assassin habite au 21 et Le Corbeau, tout aussi interdit à la libération, une « galerie de monstres » influencée par l’expressionnisme allemand.

Pendant ce temps, Jean Grémillon réalise Le ciel est à vous où il montre la France laborieuse.

A cette époque, il est difficile d’identifier les camps politiques tant les cinéastes brouillent les cartes.

Citons aussi Marcel Carné qui réalise Les Visiteurs du soir (1942) qui constitue un discours politique improbable et la reconstitution d’une utopie cinématographique… Mais aussi Les enfants du paradis, hommage au théâtre avec un tournage en 1944 et le premier film sorti à la libération, en 1946. La revanche se fait dans l’art, la représentation. Carné et Prévert veulent retrouver la richesse du roman balzacien. Ces cinéastes posent la représentation comme utopie perdue.

Des jeunes cinéastes font leurs armes à cette période : Clouzot, Becker et Robert Bresson.

Ainsi Bresson réalise Les Anges du péché (1943), dialogué par Jean Giraudoux. C’est un cinéma de l’enfermement, avec une esthétique claustrophobe Mais c’est un cinéma plus novateur que celui de Carné. Bresson réalise aussi Les Dames du Bois de Boulogne (1945) d’après Diderot et dialogué par Cocteau.

Claude Autant-Lara réalise Le Mariage de Chiffon (1942), Lettres d'amour (1942) et Douce (1943). On voit l’apparition d’un nouveau réalisme.

En conclusion, s’il existe un relatif contrôle des Allemands et de Vichy, les cinéastes font de la résistance formelle (non politique) pour contourner les problèmes de censure et de finances.

Il n’y a pas de concurrence américaine : une utopie cinématographie par rapport à la difficulté du temps. Dans ce contexte, de nouveaux auteurs apparaissent. Ils compteront par la suite !

Voilà, réaliser des films peut paraitre futile alors que d’autres se battent les armes à la main mais le cinéma – et la propagande sont aussi des armes ! Revoyez mon billet sur 49ème parallèle pour vous en convaincre du côté américain !

Je vous renvoie aussi à mon billet sur la BD de Mangin – Abymes Tome 2 – sur Clouzot, BD qui prend des libertés avec la vérité historique !

Enfin, je signale que ce billet provient de mes notes d’un cours de 2007 qui m’a été prodigué par Noël Herpe !

A bientôt !

Le cinéma français sous l'Occupation
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