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La République - Platon

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Nous allons maintenant nous attaquer à un "gros morceau", La République du philosophe Platon dont Whitehead disait que la "philosophie occidentale ne consistait qu'à placer des notes de bas de pages dans les œuvres de Platon" ! Je vais essayer d'éclairer certains points sans évidemment être exhaustif car des dizaines de billets touffus n'y suffiraient pas !

La République se présente sous la forme d'un dialogue mettant en scène Socrate et est constitué de 10 Livres et porte le sous-titre "De la Justice". C'est à la fois un traité politique et un traité d'éducation.

Il s'agit d'une part de déterminer ce qu'est la Justice, d'autre part de constituer la cité idéale, juste et de définir qui doit la diriger. Ce rôle revient aux Gardiens - qui peuvent être aussi des Gardiennes - les Philosophes-Rois qui consacreront toute leur vie à l'étude - notamment de la dialectique - afin de mettre en œuvre cette cité idéale d’après l'Idée de Bien. Le philosophe est dans la contemplation mais aussi dans l'action. Cette cité se bâtira donc sur le savoir mais aussi la philia, l'amitié !

Platon/Socrate veut sculpter l'âme des jeunes gens qui est comme un morceau de cire. Il s'agit d'introduire une troisième voie éducative, entre l'éducation classique (Homère, Hésiode) et celle des sophistes. Cette formation qui dure 50 ans commence par la musique, la grammaire, la poésie et la gymnastique. On apprendra aussi aux jeunes à "contempler" la guerre afin de se désensibiliser et de prendre leurs responsabilités. L'enseignement des mathématiques - afin de cerner les régularités dans le mouvement, l'unité dans la multiplicité - sera aussi prodigué. Après une première sélection des futurs Gardiens, les études se poursuivront jusqu'à 30 ans, suivies de 5 ans d'enseignement de la dialectique - qui permet de remonter vers les Idées et la Cité en parole - puis 15 ans aux responsabilités de la cité à divers postes.

Se pose aussi le problème de la corruption. Platon distingue cinq types de cités qui correspondent à autant de disposition de l'âme. il établit une étude du mouvement et de la corruption. La cité serait comme une toupie dont les Gardiens sont l'axe et le peuple la périphérie. De plus, il y a différente tendances dans l'âme humaine : la partie désirante qu'il convient de contrebalancer avec le thymos (le courage) aiguillé par la raison.

Les désirs sont comme un élan. Ils peuvent orienter vers le savoir (désir d'apprendre - et non curiosité -voir Le Banquet) mais aussi déstabiliser l'individu et la cité. De la Cité idéale, on passe à la timocratie, puis à l'oligarchie, à la démocratie et enfin au despotisme. Le tyran est "l'enfant-roi" de l'oligarque, celui qui a des désirs démesurés - de même que la cité "enfle" par désir du luxe. Il n'a pas d'ami et se croit libre. Platon, par ailleurs, a tenté d'appliquer son modèle de cité chez Denys de Syracuse.

Le morceau d'anthologie de La République, c'est bien entendu ce passage du Livre VII - à destination notamment des Classes de Terminales, à savoir l'Allégorie de la Caverne ! Des hommes sont enchaînés et ne voient que des ombres sur un mur. L'un d'eux est libéré et remonte vers la Lumière (le Soleil/ le Bien) puis il redescend dans la Caverne où personne ne l'écoute et où il risque d'être mis à mort ! Cet homme éclairé, c'est le philosophe ! Il y a d'autres allégories dans ce texte, l'image de la lyre, de la ligne, la hiérarchie Idées/Formes, concepts mathématiques, objets concrets et imitations.

Ce texte est effectivement d'une très grande richesse ! Il permet notamment de s'interroger sur le pouvoir des images et des idoles, l'opinion. il est aussi question de la communauté des biens et des femmes - certains y ont vu un texte communiste, d'autres une réflexion sur la démocratie. Un texte à questionner à l'heure où des jeunes décérébrés se font embrigadés par des fanatiques religieux et commettent des attentats. Ce texte a aussi eu une grande postérité du côté des utopistes, Thélème chez Rabelais ou chez Thomas More...

A bientôt !

La République - Platon
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