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biographies

Ruy Lopez de Segura et les échecs à la Renaissance

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Depuis peu, je me suis mis aux échecs ! Je suis d'ailleurs inscrit sur chess.com et j'apprends petit à petit le jeu mais ne suis encore qu'un néophyte. Je ne suis pas encore en capacité de me mesurer à Gilles ou Damien P., les deux "champions" de mon Foyer mais je progresse !

Je décide ce jour de commencer une série sur l'Histoire des champions d'échecs à travers les âges ! Ce sport est à la mode avec la diffusion du Jeu de la Dame sur Netflix (série que j'ai adorée et je vous renvoie à mon article dessus !). Il se dit même que depuis les ventes de jeux d'échecs ont été multipliées par 300 et d'ailleurs mon Espace Culturel Leclerc d'Ifs saisit aussi cette opportunité et a dressé un stand de livres sur le jeu - bien que je déplore qu'on ne trouve aucun échiquier en vente dans la grande surface (des jeux de dame, oui !).

Je vais vous parler aujourd'hui de Ruy Lopez de Segura, né à Zafra, près de Badajoz en 1540, qui devint par la suite prêtre et est considéré comme le premier champion du monde d'échecs à une époque où la théorie de ce jeu était encore balbutiante. Il était fils d'une famille de la noblesse d'Estrémadure et fut ensuite confesseur et conseiller du roi Philippe II d'Espagne. Il est mort à Madrid en 1580.

Notre prêtre espagnol était amateur passionné d'échecs depuis l'enfance et surprenait ses contemporains en battant ses "adversaires" à l'aveugle, c'est à dire en visualisant l'échiquier uniquement de mémoire  - et donc en mémorisant les coups au fur et à mesure.

Au XVIème siècle, la domination aux échecs était italienne. Mais Ruy Lopez de Segura avait son mot à dire et battit les maitres italiens, les joueurs les plus prestigieux donc, à Rome en 1560. Il fut alors considéré comme le meilleur joueur de l'époque. Il existe un tableau de l'artiste italien Luigi Mussini, une peinture à l'huile, qui représente Ruy Lopez opposé à son éternel rival, Leonardo da Cutri, à Rome précisément en 1560.

En 1561, Ruy Lopez publie, à Alcala de Henares, son chef d'oeuvre Libro de la invencion liberal y arte del juego del Axedrez (Livre de l'invention de l'art libéral des échecs), rempli de conseils utiles pour améliorer son jeu et de recommandations pour les coups effectués en parties réelles ! Certains conseils nous paraissent naïfs aujourd'hui comme laisser son adversaire jouer face au soleil de manière à l'éblouir et à le déconcentrer ! Mais dans la partie du livre consacrée à l'analyse proprement dite, la profondeur de son esprit est manifeste.

C'est à Ruy Lopez que l'on doit l'une des ouvertures les plus utilisées par les joueurs d'échecs, même de nos jours, l'ouverture dite "à l'espagnole" (qu'affectionne particulièrement Rubèn dans mon Foyer !). Elle se caractérise par la séquence 1. e4 e5 2. Cf3 Cc6 3. Fb5 (j'utilise la notation des échecs !).

En 1573, lors d'un nouveau séjour à Rome, Ruy Lopez met en déroute de nouveau les meilleurs joueurs italiens dont Leonardo da Cutri et c'est pour cela qu'il est considéré comme le premier champion du monde officieux car à la Renaissance, pas de compétitions internationales ou de classement mondial bien sûr !

En 1575, Philippe II organisa à la cour de Madrid un nouveau tournoi auquel il convia les meilleurs joueurs espagnols, Ruy Lopez donc mais aussi Alfonso Ceron (un autre joueur de Grenade, lui aussi prêtre) ainsi que les Italiens da Cutri et Paolo Boi. Ruy Lopez démarra favorablement la compétition puis se mit à perdre, affaibli par une santé défaillante ! Ce fut son rival Leonardo de Cutri qui remporta la rencontre, le tournoi. Le vainqueur de ce tournoi légendaire reçut alors mille ducats, une cape d'hermine et son lieu de naissance Cutri en Calabre fut exonéré d'impôts pendant vingt ans.

Dans cette rencontre, Ruy Lopez renonca à son ouverture favorite et opta pour le "gambit du roi", une ouverture très appréciée des joueurs d'attaque trois siècles plus tard au XIXème siècle. 1. e4 e5 2.f4.

Mais par la suite, les Noirs que maniait Leonardo da Cutri, Ruy Lopez ayant ouvert avec les Blancs, commettent une erreur dont l'Espagnol va profiter au coup suivant, une erreur bien connue aujourd'hui mais pas à l'époque ! 2. ...d6 3. Fc4 c6 4. Cf3 Fg4.

La suite consiste en 5. fxe5 dxe5 6. Fxf7+ Rxf7 7. Cxe5+ Re8 8.  Dxg4. Les Blancs ont récupéré le fou sacrifié, ont gagné deux pions et privent de surcroit le roi noir de la possibilité de roquer. L'avantage des Blancs pour un joueur expérimenté d'aujourd'hui, est décisif. Ruy Lopez continue à jouer avec une grande précision et punit aussitôt la nouvelle erreur commise par Leonardo.

Et pour finir 8... Cf6 9. De6+ De7 10. Dc8+ Dd8 11. Dxd8+ Rxd8 12. Cf7+ 1 - 0. Finalement, les Noirs abandonnent en raison de leur énorme infériorité.

Pas trop perdu !? N'hésitez pas à sortir un échiquier et à réviser les notations pour visualiser ! Je ferai peut-être bientôt un article pour repréciser ces notations pour les néophytes !

A bientôt !

Source : Cours de jeu d'échecs - Volume 1; RBA

Ruy Lopez de Segura et les échecs à la Renaissance

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Maurice Merleau-Ponty et la quête du sens

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Dans les années 1950, le monde intellectuel est en pleine effervescence ! Dans ce contexte, un homme, Maurice Merleau-Ponty, inspiré par la phénoménologie de Husserl, antistalinien contre son ami Jean-Paul Sartre et défenseur du projet structuraliste, va promouvoir les sciences sociales.

Merleau-Ponty est né à Rochefort-sur-Mer en Charente-Maritime le 14 mars 1908. Il fait ses études secondaires au Havre puis à Paris au lycée Jeanson-de-Sailly où il obtient son Baccalauréat et le prix d'excellence en Philosophie. Son père étant un officier d'artillerie décédé trop tôt, il vit avec sa mère puis intègre la classe préparatoire au lycée Louis-le-Grand  et enfin l'Ecole Normale Supérieure de la rue d'Ulm, lieu de l'excellence !

C'est en 1926, lors d'une soirée étudiante agitée qui vire à la bagarre que Merleau-Ponty rencontre Sartre. Ils seront amis jusqu'à leur rupture, pour différent politique, en 1952.

Merleau-Ponty ne s'intéresse tout d'abord pas autant que Sartre à la politique, par contre, il est très religieux, traditionaliste Pratiquant, il va à la messe tous les dimanches.

Reçu second à l'agrégation de Philosophie en 1930, Merleau-Ponty devient professeur dans le secondaire à Beauvais (1931 - 1933) et à Chartres (1934 - 1935) puis devient caïman, c'est à dire agrégé-répétiteur à Ulm de 1935 à 1939.

Ses recherches sur la perception le conduisent à étudier la phénoménologique de Husserl qui veut faire de la Philosophie une science et doit nous permettre de reprendre contact avec le monde que nous ne voyons plus car nous sommes immergés dedans ! Merleau-Ponty ira notamment étudier les Archives Husserl à Louvain mais cette tâche sera interrompue par la guerre où notre intellectuel est mobilisé jusqu'à l'étrange reddition de l'automne 1940. Il sera ensuite professeur au lycée Carnot jusqu'en 1944 puis au lycée Condorcet en 1944 - 1945.

Avec Sartre et Simone de Beauvoir, Merleau-Ponty fonde la revue Le Temps modernes en 1945. Docteur en Lettres en 1945, il est élu professeur à l'Université de Lyon jusqu'en 1948, année où il rejoint la Sorbonne en tant que professeur de psychologie de l'enfant et de pédagogie. En 1952, il est au sommet de sa carrière, lorsqu'il est élu au Collège de France !

En 1947, Merleau-Ponty se montre lucide face au stalinisme, contrairement à Sartre car cette année, il publie Humanisme et terreur. Ceci dans le contexte où une réflexion globale sur le marxisme et la terreur est lancée ! Notre penseur conteste la figure du Commissaire qui vise à l'efficacité par opposition au Yogi, incarnation de la morale tels que présentés dans Le Yogi et le Commissaire, livre de 1945 d'Arthur Koestler qui a participé à lancer la réflexion mentionnée plus haut.

Pour Merleau-Ponty, les choses relèvent de la dialectique, le mariage et le dépassement des contraires, et la figure du prolétaire est une réalisation possible des valeurs humanistes. Pour Merleau-Ponty, le marxisme est encore l'horizon indépassable, comme pour Sartre.

Humanisme et terreur  est violemment attaqué par les staliniens qui s'opposent au refus de l'auteur du glissement du prolétaire vers le commissaire ! Pour ces irréductibles, le stalinisme est l'idéal de libération de l'Humanité ! Pour Merleau-Ponty, ce glissement est une forme de dégénérescence ! Il ne suit pas Sartre dans sa conception du Parti considéré comme un ordre religieux et considère que le stalinisme s'est éloigné du marxisme. Il propose de juger sur pièces ce régime ! C'est la rupture avec Sartre !

Un autre penseur a beaucoup compté pour Merleau-Ponty, c'est l'anthropologue Claude Lévi-Strauss ! La réciproque est vraie et Lévi-Strauss conservait un portrait de Merleau-Ponty sur son bureau. La pensée de Merleau-Ponty sera influencée par la linguistique et la sémiologie - si importantes dans la genèse du structuralisme - et la psychanalyse. Il appelle en outre à un travail commun entre  la Philosophie et la Sociologie. Bref, il engage alors des dialogues multiples entre les disciplines.

A cette époque, l'anthropologie connaît de grandes avancées et c'est désormais à la Philosophie de se situer par rapport à elle et non plus l'inverse ! Les Temps modernes s'ouvrent aux travaux de Michel Leiris et Lévi-Strauss. Dans l'opération la Philosophie perds ses certitudes !

Merleau-Ponty décède d'un arrêt cardiaque soudain à sa table de travail en 1961, le 3 mai, à l'âge précoce de 53 ans. Ce fut une perte énorme pour la pensée et son ami Sartre prononça l'éloge funèbre.

Voilà pour ce rapide tour d'horizon dont la matière première a été fournie par un article de François Dosse dans le Sciences humaines N°323 de Mars 2020.

A bientôt !

Maurice Merleau-Ponty et la quête du sens

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Génies des Mathématiques : Carl Friedrich Gauss

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Je suis un grand fan des collections de livres didactiques et de BD comme il peut s'en vendre dans les kiosques et points presse - au grand désespoir de ma psy et de mon porte-monnaie ! J'aime particulièrement les publications de l'éditeur espagnol, RBA que ce soit "Apprendre à philosopher !", "Voyages dans le Cosmos", "Le monde est mathématiques" ou "Défis de la Science" ! Je vais consacrer une série de billets aux figures de renom de la collection "Génies des Mathématiques" ! Certains de ces savants des nombres sont connus (Pythagore, Euclide, Descartes, Newton, Leibniz, Poincaré, Nash,...) d'autres restent très confidentiels !

Parlons aujourd'hui de Carl Friedrich Gauss ! On le surnomme le "Prince des mathématiciens", un des plus grands de tous les temps assurément ! A tel point que sa légende commence dès l'école primaire où il résolu un problème d'addition des nombres entre 1 et 100 instantanément et bien avant tous ses camarades !

Mathématicien né en Basse-Saxe le 30 avril 1777, Gauss décéda à 77 ans, le 23 février 1855.  Il laissa une oeuvre considérable dans des domaines variés des sciences tels les mathématiques, l'astronomie ou la Physique. Il fut professeur à l'Université de Gottingen - où il dirigea son observatoire - et reçut de nombreuses distinctions ! Au lycée, vous avez sans doute entendu parler des "Courbes de Gauss" !? Bien qu'il n'aimait guère enseigner, plusieurs de ses élèves devinrent de fameux mathématiciens et en premier chef Bernhard Riemann !

A 19 ans, Gauss réussit ses premières prouesses mathématiques comme caractériser presque complétement tous les polygones réguliers constructibles à la régle et au compas uniquement ! Dans la lignée de travaux hérités de l'Antiquité ! Ce n'est pas rien ! C'est pour cette raison qu'il demanda qu'un heptadécagone régulier (polygone régulier à 17 côtés) - découverte qui le poussa à abandonner la philologie pour se consacrer entièrement aux maths !

Son ouvrage de 1801, Disquisitiones arithmeticas, définit pour la première fois les congruences et introduit l'arithmétique modulaire avec les deux premières preuves de la loi de réciprocité quadratique (si c'est du chinois pour vous, c'est normal ! Pour moi aussi pour tout vous dire !).

Le 12 avril 1804, Gauss est élu membre de la Royal Society et le 9 octobre 1805, il célèbre son premier mariage avec Johanna Osthoff et recherche dans le même temps son indépendance sociale ! C'est en 1807 qu'il est nommé à Gottingen !

En 1809, se consacrant à l'astronomie, il publie un travail d'une énorme importance sur le mouvement des corps célestes - qui trouvera aussitôt des applications - en développant la méthode des moindres carrés ! Cette même année, sa première épouse meurt, suivi bientôt par l'un de ses enfants, Louis, ce qui plonge le savant dans une profonde dépression !

En 1810, second mariage avec "Minna" Waldeck ! Dans les années suivantes, Gauss est parmi les premiers à envisager des géométries non-euclidiennes !

Ses travaux dans le domaine de la Physique, en 1831 - et sa collaboration avec le professeur dans ce domaine, Wilhelm Weber - permettent des avancées sur le magnétisme (lois de Kichhoff en électricité). Il est aussi l'auteur de deux des équations de Maxwell ! Mais 1831 est également marquée par la mort de sa seconde femme d'une longue maladie ! Thérèse, la fille de Gauss, prends alors en main l'intendance et s'occupera de son père jusqu'à la fin de sa vie !

Vie passionnante, non exempte de drames et de malheurs mais au combien accomplie et riche scientifiquement !

Je me suis surtout basé sur Wikipédia pour cet article car ai laissé le volume RBA sur Gauss chez mes parents !

Voilà ! De quel mathématicien aimeriez-vous me voir parler la prochaine fois ? Ces hommes sont fascinants et la collection "Génies des Mathématiques" comprends 60 tomes, autant de portraits et de billets/articles correspondants potentiels !

A bientôt !

Génies des Mathématiques : Carl Friedrich Gauss

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Je dirai malgré tout que cette vie fut belle - Jean d'Ormesson

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Entré de son vivant dans la Pléiade, privilège de peu d'élus, Jean d'Ormesson était un de nos derniers Grands Hommes, décédé tout récemment le 5 décembre 2017. Je n'avais lu de lui que C'est une chose étrange à la fin que le monde, titre emprunté à un poème de Louis Aragon, sur les conseils de mon ami Nicolas ! Je dirai malgré tout que la vie fut belle est un de ses derniers livres, publié en 2016 et récompensé du Prix Jean-Jacques Rousseau de l'autobiographie la même année ! Là encore, le titre provient du même poème d'Aragon que d'Ormesson admirait tant !

Que dire ? Beaucoup de choses en vérité !  Ce livre est brillant, un monument d'érudition jamais ennuyeux ! J'ai déjà pu appliquer ces termes à certains ouvrages de Michel Onfray mais le philosophe d'Alençon est un petit joueur par rapport à notre Académicien !  Dans le livre de d'Ormesson, on croise des centaines de personnages très brillants et cultivés, loin des standards de médiocrité actuels ! On traverse aussi presque un siècle d'Histoire !

D'Ormesson est né en 1925. Le livre se présente comme une sorte de "procès" entre le moi et le surmoi de l'auteur ! On nous retrace les grands moments de la vie de notre homme : l'enfance assez paisible entre la Roumanie, le Brésil et la France derrière son père ambassadeur, les années d'études notamment à l'E.N.S., la carrière littéraire, la carrière en marge de l'UNESCO, l'élection à l'Académie française Quai Conti et le journalisme comme directeur du Figaro !

L'auteur manie les mots avec une pointe d'ironie et la légèreté nonchalante qui était sa "marque de fabrique" sur les plateaux télé ! Il nous parle donc de temps que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaître, et on croise nombres de figures comme je l'ai dit ! Je feuillette le livre et vous livre quelques noms comme je tombe dessus au hasard : Raymond Aron, François Nourissier, Robert Hersant, Roger Caillois, Jean Dutourd, Hélène Carrère-D'Encausse, Maurice Druon, Jeanne Hersch, Greta Garbot, Sir Ronald Syme, Maurice Herzog, Louis de Broglie, Louis Althusser et tant d'autres ! Notre philosophe de formation a connu du beau monde et reconnaît lui-même avoir eu une existence de privilégié !

Les dernières pages sur le sens de l'existence et la perspective de la mort prennent désormais une toute autre dimension ! Sans vraiment mentionner Dieu, d'Ormesson croit en une puissance inconnue qui maintient le monde. Ayant congédié son surmoi, il estime alors n'avoir de compte à rendre qu'à cette puissance obscure ! Et les pages les plus profondes du livre !

Bref, j'ai adoré ce livre de plus de 400 pages que j'ai dévoré en deux ou trois jours ! J'irais sans doute lire dans l'avenir d'autres ouvrages de ce Monsieur : La Gloire de l'Empire, grande fresque historique ou Au Plaisir de Dieu !

A conseiller !

Et sans vouloir polémiquer avec des beaufs, il est très dommage que la disparition de d'Ormesson ait été éclipsée par celle d'un chanteur de variétés qui n'écrivait même pas ses chansons et fraudait le fisc ! Epoque de médiocrité disais-je !

A bientôt !

Je dirai malgré tout que cette vie fut belle - Jean d'Ormesson

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L'Américain - Franz-Olivier Giesbert

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L'Américain  est un roman autobiographique de Franz-Olivier Giesbert, paru en 2004 qui montre les relations père-fils ne sont pas toujours faciles (j'en sais quelque chose !).

L'auteur est né dans le Delaware, aux Etats-Unis, en 1949. Il a eu 4 petits frères et soeurs ! Son père avait fait le Débarquement du 6 juin 1944 en Normandie et ne s'en était jamais vraiment remis, ne supportant pas d'avoir vu tous ses camarades mourir alors que lui s'en était sorti !

Passée la colère de Franz-Olivier Giesbert contre son paternel, qui les battait sa mère et lui, l'écrivain tente aussi un travail de généalogiste - pour une éventuelle réconciliation ? Il essaye d'élucider d'où venait cette violence de son géniteur, tournée contre sa famille et qui donc, puise ses sources dans la Seconde Guerre mondiale ! Nous, générations actuelles, qui avons toujours connu la paix - malgré, de nos jours la montée du terrorisme, qui reste anecdotique ! - ne pouvons pas concevoir comment nos ancêtres ont été marqués par toute cette violence des années 1940 ! Et je ne parle même pas de la Shoah !

C'est donc un père avec des souffrances existentielles qui va faire payer chèrement sa femme et ses enfants et l'auteur a des mots très durs pour ce père ! On sent la haine palpable du fils ! Parfois, il arrive que ça aille jusqu'au meurtre (j'ai connu un cas semblable parmi mes camarades de lycée et de fac - tapez "parricide de Ouistreham" dans Google !). En tout cas le dialogue est certainement rompu ! Comment exprimer l'indicible de la guerre ?

Giesbert ne nous épargne rien et c'est souvent glauque et pénible - mais il y a des petits moments de bonheur ! Là où certains (comme le "parricide de Ouistreham") se seraient détruits, Giesbert en a tiré une force et est devenu le journaliste et le patron de presse que l'on sait (au Point) !

Plus tard, l'auteur découvrira que son père et sa mère s'aimaient ! Le problème est comment faire le deuil d'un parent avec qui on n'a jamais fait la paix ?

Un court roman à l'écriture incisive et sans concessions ! Un témoignage utile !

A bientôt !

PS : je remercie Michel O. de m'avoir prêté ce livre - c'était avant qu'il ne connaisse une crise de démence et qu'il ne m'agresse sans raison !

L'Américain - Franz-Olivier Giesbert

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L'Âge d'homme - Michel Leiris

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L'Âge d'homme est un récit autobiographique de Michel Leiris, rédigé entre 1930 et 1935 et publié en 1939 ! Dédicacé à Georges Bataille "qui est à l'origine de ce livre", L'Âge d'homme est l’œuvre majeure de son auteur !

Leiris est né en 1901 au sein d'une famille bourgeoise du XVIème arrondissement de Paris. Poussé par sa famille vers des études de chimie, le jeune homme se sent plus attiré par le milieu des lettres et de l'art et fréquente Max Jacob, André Masson et Picasso ainsi que les Surréalistes ! L'Opéra exerce aussi une certaine fascination sur lui, comme en témoigne son autobiographie pré-citée ! Il fut aussi diplômé de philosophie et s'intéressa au Jazz !

De 1929 à 1935, Leiris suit une psychanalyse sous la conduite d'Adrien Borel. Il ressent le besoin, pour la parachever, ou en constater l'échec, d'écrire une autobiographie: L'Âge d'homme. Cette première œuvre est ensuite prolongée par les quatre tomes de La Règle du Jeu, rédigés de 1948 à 1976.

Leiris est officiellement recruté, en 1931, avec l'appui de Georges Henri Rivière, directeur du Musée d'ethnographie du Trocadéro, par Marcel Griaule en tant qu’homme de lettres et étudiant en ethnologie faisant fonction de secrétaire archiviste de la Mission ethnographique, la "Mission Dakar-Djibouti". N'ayant pourtant pas de formation d'ethnologue mais s'intéressant au marxisme, il tient le journal de bord de cette mission, mais qui est surtout son propre journal de route, publié sous le titre de L'Afrique fantôme, dont la tonalité est de plus en plus personnelle et intime.

Je ne reviendrais pas sur cette "Mission Dakar-Djibouti" dont Michel Onfray a récemment montré qu'elle avait été pour Griaule et Leiris l'occasion de spolier sans vergogne, ni scrupules le patrimoine culturel des Africains !

Revenons maintenant à L'Âge d'homme ! C'est un récit dans lequel Leiris se livre sans rien nous cacher, un confession qui se défie du pudique ! Il y évoque des scènes fondatrices de son être : l'opération des amygdales, sa vie sexuelle, ses rapports avec sa famille etc... Dans une logique psychanalytique - tout en sachant que la psychanalyse à mis du temps à être reconnue en France durant la période de l'entre-deux guerres !

La liberté de ton dont use Leiris n'est pas sans rappeler l'absence de censure du discours analytique à laquelle le patient se prête durant la cure : l’Âge d’homme révèle ainsi les obsessions de l'auteur, morbides et sexuelles, avec une lucidité qui n'exclut pas l'autodérision.

Le texte se focalise surtout sur l'enfance et la jeunesse de l'auteur et se termine au moment où il pense avoir atteint l'"Âge d'homme", c'est à dire le moment de la naissance de sa vocation littéraire ! Leiris compare en outre ses expériences de vie précoces avec les figures mythologiques de Judith et Lucrèce !

Fin 1945 enfin, Leiris revient sur cette œuvre dans un court texte, De la littérature considérée comme une tauromachie, où il compare sa prise de risque dans la description autobiographique de son intimité à celle d'un torero lors d'une corrida. Pour ma part, n'étant pas adepte de la corrida, je reste assez insensible à cet éloge de la virilité !

J'ai, pour ma part étudié ce texte dans le cadre de mon cursus de Lettres dans un module sur "la famille en littérature" !

A bientôt !

L'Âge d'homme - Michel Leiris

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Comédie française - Fabrice Luchini

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Comédie française - Ça a débuté comme ça... est une autobiographie de Fabrice Luchini. On connaît surtout cet acteur et comédien pour ses exubérantes interventions télévisées et aussi pour son amour des grands auteurs qu'il mets en voix. Il revient sur ces sujets et sur d'autres dans ce livre !

Fabrice Luchini est né en 1951, dans le quartier des Abbesses, dans un milieu modeste. Il a commencé comme garçon-coiffeur ! Puis il a tourné pour Rohmer dans un film sur Perceval, le personnage de Chrétien de Troyes. Il devient véritablement célèbre en 1990 avec le film La Discrète de Christian Vincent.

Cet interprète des grands textes est un autodidacte ! Dans Comédie française, il revient sur ses amours... pour La Fontaine, pour Molière -le dialoguiste - beaucoup sur Céline - qui a su faire rentrer le langage parlé dans la littérature, sur Rimbaud, sur Nietzsche, sur Murray. A chaque fois des extraits des œuvres et des citations sont fournis pour nous faire apprécier cette littérature !

Luchini est un passionné des mots ! Il montre le pouvoir de l'oralité ! Il évoque aussi ses cours de théâtre avec Jean-Laurent Cochet, dans des passages traversés par Louis Jouvet !

Écrit à l'été 2015, ce livre s'attarde aussi sur le tournage de Ma Loute, film de Bruno Dumont, à sortir en 2016 où Luchini partage l'affiche avec Juliette Binoche et Valeria Bruni-Tedeschi.

Cependant, pas de confidences, l'auteur de l'autobiographie reste ici pudique sur sa vie privée !

Au final, c'est un livre intéressant ! Luchini nous donne son ressentit sur des grands texte de la littérature française, tente d'en percer modestement quelques secret en tant que non-universitaire ! Il révèle qu'on ne parvient jamais vraiment à mettre certains textes en voix ! C'est intéressant donc mais un peu court ! J'aurais aimé un propos plus développé, un ouvrage plus épais et plus dense ! Mais bon...

Une bonne lecture pour la plage cet été ! Ça se lit vite et l'ai lu en une seule après-midi !

A bientôt !

Comédie française - Fabrice Luchini

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Newton et la science moderne

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Voici maintenant quelques éléments biographiques sur Isaac Newton, ce génie scientifique anglais, père de la théorie de la gravitation et, avec Leibniz, du calcul différentiel.

Isaac Newton est né à Woolsthorpe, Lincolnshire, le 25 décembre 1642. Il fut par la suite surtout élevé par sa grand-mère maternelle après le remariage de sa mère, Hannah. Son père, Isaac, est décédé avant sa naissance. Après la mort de son beau-père, en 1653, le jeune Newton retourne vivre chez sa mère et va à l'école à Grantham.

En 1661, Isaac Newton entre au Trinity College de l'université de Cambridge. Il obtient une licence. L'épidémie de peste à Londres, en 1665, l'oblige à retourner à Woolsthorpe. En 1666, il développe nombre de ses idées fondamentales dans le domaine mathématique, l'optique, la mécanique et l'astronomie.

En 1669, Newton est nommé professeur lucasien de mathématiques au Trinity College en remplacement d'Isaac Barrow. Il écrit De analysi.

En 1672, il entre à la Royal Society où il présente un article majeur sur l'optique qui le conduira par la suite à un affrontement avec un autre membre de la société, Robert Hooke.

Durant toutes ces années, Newton est très introspectif. Il le devient encore davantage à la mort de sa mère en 1679.

En 1684, Newton est consulté par Edmund Halley sur les causes du mouvement planétaire. Ceci déclenchera chez le premier le projet des Principes.

C'est en 1687 que Newton publie les Principes mathématiques de la philosophie naturelle, ouvrage monumentale qui contient la plupart de ses idées sur la mécanique céleste et la gravitation universelle, offrant en outre une explication cohérente du phénomène des marées, de la précession des équinoxes et d'autres phénomènes naturels.

En 1689, Newton est nommé directeur de la Royal Mint (Monnaie royale) puis en 1703, président de la Royal Society. Un an plus tard, il publie Opticks sur la lumière et ses propriétés.

Depuis 1684, une querelle opposait Newton à Leibniz sur la paternité de l'invention du calcul infinitésimal. Dans les faits, Leibniz avait publié en premier mais Newton en aurait eu l'idée avant ! La Royal Society tranche en faveur de son président en 1714.

Isaac Newton meurt en 1727, riche et célèbre, le 31 mars. Il a droit à un enterrement en grande pompe à l'abbaye de Westminster !

On connaît le Newton de l'attraction universelle avec la légende de la pomme qui lui serait tombé sur la tête mais celui-ci fut aussi un mystique fervent, converti en secret à l'arianisme, lecteur et commentateur de la Bible et alchimiste assidu. Il possédait un caractère assez difficile par ailleurs, passant par des accès de folie plusieurs fois au cours de sa vie. Il était aussi un travailleur intellectuel qui besognait sur ses théories sans relâches, oubliant souvent de manger et de dormir.

Ces derniers aspects de Newton ont été mis à jour plus tardivement, à l'époque contemporaine, par la lecture de ses correspondances.

Quelques fois les mythes sont bien différents de la réalité et c'est le travail du chercheur universitaire d'éclairer nos esprits !

Je reviendrais certainement sur les œuvres de Newton dans un avenir plus ou moins proche ! En attendant, je vous dit comme de coutume à bientôt !

Newton et la science moderne

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Biographie croisée de Monet et Clémenceau - Alexandre Duval-Stalla

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Nous allons nous intéresser ici à une biographie croisée de Claude Monet, le peintre et Georges Clemenceau, le politicien signée par Alexandre Duval-Stalla - qui a également écrit sur De Gaulle et Malraux, dans un livre intitulé Claude Monet - Georges Clemenceau : une histoire, deux caractères.

Le livre se lit comme un roman ! Il s'ouvre sur les dernières années de la vie des deux hommes célèbres, sur ce qui doit être leur aboutissement - après la Grande Guerre - politique avec la Victoire pour le Tigre et esthétique avec Les Nymphéas pour Monet !

Puis, on réaborde les choses dans l'ordre chronologiques, depuis leurs débuts !

Claude Monet et Georges Clemenceau se sont croisés une première fois dans leur jeunesse puis de manière plus soutenue dans les années 1890. Clemenceau est né le 28 septembre 1841 et Monet le 14 novembre 1840.

La présente biographie alterne les parcours de vie des deux hommes, puis les croise et les compare !

Claude Monet débuta sa carrière comme caricaturiste. Il devait par la suite concourir à l'émergence de l'impressionnisme avec Manet, Pissaro, Renoir, Cezanne, Sisley, Degas, Bazille... Ce mouvement, rejeté par la peinture académique, montera lui-même 8 expositions impressionnistes de 1874 à 1886 et le Salon des Refusés !

Sur la dernière partie de sa vie, Monet lance une grande innovation ! S'adonnant déjà à la peinture de plein air, il se livre a des exécutions de "séries" de tableaux - peints "en même temps" mais en réalité successivement selon les heures de la journée et la luminosité. Ce seront d'abord la série des Meules, puis les Peupliers, ensuite, la Cathédrale de Rouen et les vues sur la Tamise ! Et bien sûr, Les Nymphéas !

Monet a beaucoup voyagé en Europe : autour de la Méditerranée, Côte d'Azur, Maghreb, Italie, Espagne, Norvège, Grande-Bretagne... Mais il posséda aussi de nombreux domiciles le long du parcours de la Seine, haut-lieu de la Peinture Impressionniste, entre Deauville, le Havre et Paris ! Il s'adonnait aussi au jardinage et entretenait, sur la fin de sa vie, ses jardins de Giverny - dont il a été brièvement question ici dans un autre billet !

Georges Clemenceau fut un animal politique, et tout autant écrivain et journaliste ! Il prit part à tous les évènements historiques et politiques majeurs de l'Hexagone entre la deuxième moitié du XIXème siècle et le début du XXème siècle : Défaite de Sedan et Chute de l'Empire, Commune de Paris, opposition à Jules Ferry à l'ère du colonialisme, luttes oratoires avec Jean Jaurès, Affaire Dreyfus, Séparation de l’Église et de l’État et bien évidemment l'épreuve la plus dure du "petit père la Victoire", la Guerre de 14-18 !

Ce livre, à travers deux hommes d'importance, retrace toute une époque mouvementée -celle de la Troisième République et de la Naissance de la Modernité ! C'est une vraie leçon d'Histoire - sur ce qui pour ma part est ma période chronologique préférée - la Belle Époque !

A bientôt !

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Friedrich Nietzsche, penseur du soupçon - Généralités

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Friedrich Wilhelm Nietzsche, dans la deuxième moitié du XIXème siècle constitue un tournant philosophique, ne serait-ce que par ce qu'il annonce la "mort de Dieu". C'est aussi un penseur dont l'activité intellectuelle et l’œuvre ont été l'objet de nombreuses interprétations contradictoires et instrumentalisations tant par l'extrême-droite, les nazis et la gauche de la gauche

Nietzsche nait en 1844 à Rocken, près de Lützen, dans la Saxe prussienne. Son père est pasteur luthérien et meurt prématurément cinq ans plus tard, de même que le jeune frère de Friedrich, Joseph, en 1850.

Le jeune Friedrich suit des études comme boursier au collège de Pförta en Thuringe, institution humaniste et luthérienne. Il va effectuer des études de théologie - et se détourner vers la philologie - à l'Université de Bonn, puis de Leipzig.

En 1865, il a la révélation en découvrant Schopenhauer et Le Monde comme volonté et représentation, acheté dans la vitrine d'un libraire. Trois ans plus tard, il rencontre un autre de ses modèles, Richard Wagner, le grand compositeur, et sa femme Cosima.

Friedrich Nietzsche sera nommé professeur adjoint à Bâle, pour sa capacité de travail, alors qu'il ne possède même pas de doctorat ! Il sera infirmier volontaire durant la guerre franco-prussienne de 1870.

Mais, il connaitra très tôt des problèmes de santé - d'effroyables migraines peut-être signe d'une pathologie héréditaire - qui annoncent déjà son effondrement psychique de 1889 à Turin. Quoi qu'il en soit, en 1879, il prend sa retraite comme professeur - avec une pension à la clé, effectue des séjours à Sils-Maria, entre la Suisse, l'Italie et le sud de la France.

Les œuvres de Nietzsche vont avoir un fort retentissement mais ne seront pas toujours bien accueillis. Après sa mort, son œuvre est détourné par sa soeur Élisabeth Forster-Nietzsche, une antisémite notoire qui ne comprends pas et mesinterprête les écrits de son génie de frère et créera les Archives Nietzsche, mettant son œuvre aux mains des nazis - d'où un malentendu persistant !

De son vivant, le philosophe du soupçon écrira Naissance de la tragédie, Considérations inactuelles, Humain, trop humain, Le Gai Savoir, Ainsi parlait Zarathoustra, Par delà bien et mal, Généalogie de la morale, Crépuscule des idoles, Le cas Wagner, L'Antéchrist, Ecce Homo ou encore Nietzsche contre Wagner.

Des amitiés solides traverseront sa vie avant qu'il ne se retire dans la solitude puis dans la folie. Il y a aura l'idylle platonique avec Lou-Andréa Salomé, Paul Rée, Peter Gast, Franz Overbeck et d'autres.

Nietzsche pense que la civilisation est sur une période de déclin depuis qu'elle a rompu avec la tragédie grecque. Influencé par Schopenhauer, il note que le monde est cruel et fait de malheur mais qu'il faut vivre avec, l'accepter et s'en fortifier, développer sa "volonté de puissance" et ne pas croire aux arrières-mondes. La tragédie grecque a été supplantée par la rationalisation et l'idéalisme platonicien, lequel a été recyclé par le christianisme. Idéalisme, christianisme et socialisme sont autant de nihilisme, de promesses vaines.

De plus, il faut rejeter la morale et sa dose de "moraline" ! Toute notre perception du monde est conditionnée par nos préjugés, par la tradition et notre corps influence aussi notre pensée. On ne dira plus "je pense" mais "ça pense". Nietzsche anticipe Freud mais chez ce dernier l'esprit a encore la prédominance sur le corps, pas chez Nietzsche.

Nietzsche veut créer une nouvelle philosophie qui aura des vertus de guérison. il a la vision de l'"éternel retour" ou chacun revit éternellement sa vie dans les même inclinations, ses moindres gestes, pensées et soupirs à l'identique - d'où la nécessité de peser chacun de ses choix de vie !

De plus, Nietzsche est contre l'embrigadement et l'intervention de l’État. Il promeut le développement personnel ! Il développera la notion de "surhomme", si mal comprise !

Tout ceci est écrit dans un style allemand brillant et éminemment poétique ! Nietzsche pense que la solution aux problématique du déclin se situe dans l'art d'où sa glorification - un temps - de Wagner !

Voilà quelques idées de ce philosophe, grossièrement simplifiées - et donc faussées - mais ce billet n'est qu'une introduction et à l'avenir je reviendrais sur chacun de ces livres en explicitant le propos !

Un penseur à lire absolument qui est une vraie révélation - aux idées profondes et dérangeantes et au destin tragique !

A bientôt !

Friedrich Nietzsche, penseur du soupçon - Généralités

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