Emmanuelle - Just Jaeckin
Le cinéma pornographique est aussi vieux que l'invention des Frères Lumière puisque dans les premiers temps, à la Belle Epoque, des pornocrates allaient filmer les filles dans les bordels pour des pellicules qui se vendaient sous le manteau aux bourgeois.
Mais dans l'Histoire de l'erotisme, 1974 est l'année de tous les dangers qui met à mal la morale et le conformisme avec la sortie du film Emmanuelle de Just Jaeckin avec la jeune mannequin, fort jolie reconnaissons- le, Sylvia Kristel.
Emmanuelle s'envole pour Bangkok pour retrouver son mari le diplomate Jean, joué par Daniel Sarky, mari libertin mais qui se révèlera jaloux dès lors qu'il commencera à ajouter des sentiments au sexe. La jeune femme fait la connaissance de la jeune fille très délurée Marie-Ange - jouée par Christine Boisson, d'Ariane - avec Jeanne Colletin dans le rôle. Elle tombe amoureuse de l'archéologue Bee - jouée par Marika Green - qui l'initie au lesbianisme et connait une déception sentimentale quand elle s'aperçoit que cette femme ne l'aime pas comme elle, elle l'aime. A la fin, elle termine sa transformation en femme du plaisir avec Mario, qu'elle qualifie de "Don Juan sur le retour" - joué par Alain Cuny mais qui lui enseigne que l'érotisme repose plus sur le désir que sur le plaisir.
J'avais déjà consacré sur ce blog un article à la BD Emmanuelle de Guido Crepax il me semble et dans mon souvenir l'intrigue de l'album était un peu différente mais je ne sais plus trop ! Quoi qu'il en soit, à l'origine, Emmanuelle est un roman d'Emmanuelle Arsan.
Avec Mai 68, on a enclenché une libération progressive des moeurs et le film de Just Jaeckin s'inscrit dans cette évolution. Avant Emmanuelle, le cinéma pornographique avait braver la censure aux Etats-Unis avec deux films : Derrière la porte verte et Gorge profonde. Emmanuelle pour sa part opère une distinction entre cinéma porno et cinéma érotique, le film ici chroniqué relevant davantage de la seconde catégorie même si il y a des scènes très osées pour l'époque dedans. L'industrie pornographique, alors souvent mafieuse, change de forme et sort du ghetto.
De plus il faut rappeler le contexte politique. Juste élu cette même année 1974, Valéry Giscard d'Estaing a promis d'alléger la censure. Des cinémas pornos ouvrent alors dans toute la France et les années 1970 sont considérés comme un âge d'or pour ce genre qui connait une véritable explosion à ce moment-là. Mais le film avec Sylvia Kristel, seulement coupé de quelques plans et assorti d'une interdiction aux moins de 16 ans sort lui dans les salles traditionnelles. Il enflamme les débats et connait un triomphe, étant même projeté sur les Champs-Elysées pendant 553 semaines et ne disparait des écrans qu'en 1985.
Un film qui a fait l'Histoire ! Avec la célèbre chanson de Pierre Bachelet : " Mélodie d'amour chante le corps d'Emmanuelle"... Et la fameux fauteuil en osier qui n'apparait qu'à la toute fin du film !
A bientôt !