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philosophie

Edgar Morin - L'Herne

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Les Cahiers de l'Herne consacrent le numéro 114 de leur revue au grand penseur contemporain, bientôt centenaire, Edgar Morin, le père de la pensée complexe !

Morin est l'auteur de La Méthode, œuvre en six volumes, débutée en 1977 et qui se présente plus comme une "stratégie qui s'adapte" que comme un programme rigide. Ce numéro de L'Herne de plus de 200 pages contient des inédits du philosophe/sociologue, des hommages de ses amis, des articles de fond, des lettres, des poèmes, etc,... C'est une revue de haute tenue et très instructive !

Notre penseur souligne l'ambivalence du monde moderne - monde qui débute à la Renaissance (mondialisation commencée avec Christophe Colomb) - entre création et destruction. On a eu le péril atomique et désormais, on a la menace du réchauffement climatique ! Va-t'on vers un suicide de l'Humanité ? L'Humanité est immature et il y a nécessité d'une métamorphose !

La pensée de Morin doit nous permettre de penser ces crises. Le monde d'aujourd'hui est difficilement intelligible et doit être envisagé dans la complexité. La crise est devenue le mode d'être de nos sociétés et constitue un stade de leur développement, entre organisation et désorganisation. Morin nous invite à penser le tout et les parties, dans un mouvement dialogique ou encore de circularité et de rétroactions.

Le principe universaliste de l'Humanisme a été mis à mal par la colonisation. Faut-il penser un nouvel Humanisme ? Mais qu'est-ce qu'un "être humain" ? A la fois biologique et social ! Nature et culture ! Il ne faut plus compartimenter le savoir et il faut au contraire réconcilier Sciences de la Nature et Sciences de l'Homme. On a en fait une Trinité : individu, société, espèce !

Une grande partie de l’œuvre de Morin - et en particulier La Méthode - traite de questions d'épistémologie. On assiste à une nouvelle épistémologie, en effet, dans la seconde moitié du XXème siècle à partir des travaux de George Ganguilhem. Il faut, pour Morin, relier les connaissances, pratiquer l'interdisciplinarité.

Descartes a séparé les objets de connaissances en éléments simples et a fonder la science moderne (avec Bacon et Galilée) ! Morin allie Sciences de l'Homme et Sciences de la Nature et veut dépasser l"Homme, "maître et possesseur de la Nature" !

Quant à la nature de l'Homme, Morin montre que celui-ci n'est pas que raison mais aussi passions ! Complexité de l'être humain ! Il est Homo sapiens / Homo demens, Homo faber / Homo ludens, Homo oeconomicus / Homo consumans, Homo prosaicus / Homo poéticus et Homo empiricus / Homo imaginarius ! Le monde actuel n'est pas exclusivement rationnel ! L'Homo demens  caractérise la démesure du  XXème siècle - que les Grecs nommaient Hybris !

Il faut penser la Folie et le chaos, le désordre ! Étrangement, ce n'est pas la Folie qui a crée la bombe H mais la Raison ! Ceci Morin le remarque !

La Raison/ Le logos succède aux mythes ! Il y a un parallèle entre la foi dans les dieux et l'attachement à des idées : "mourir pour ses idées" ! Le Marxisme fut la religion du XXème siècle. il y  a des idées philosophiques, politiques ou scientifiques.

Il faut coordonner les données hétérogènes pour éviter l'idéologie ! Il y a  contestation par Morin et éboulement des trois piliers de la science : la nature est déterministe et obéit à des lois, la séparabilité des objets et la preuve établie par induction/déduction  !

"Edgar Morin est un homme traversé par la pensée." Il produit de la pensée, une méthode et des concepts mais s'abreuve aussi de la pensée, s'informe des dernières connaissances, lit beaucoup dans tous les domaines ! Il a une capacité d'accueil, d'écoute, de sympathie et de modestie et est envahi par les pensées d'autrui. Il pratique par ailleurs une certaine indifférence aux jeux mondains et à l'aristocratie intellectuelle - longtemps snobé par l'Université française mais étudié ensuite en Amérique du Sud notamment.

Les domaines d'études d'Edgar Morin sont vastes et inclut aussi le cinéma et la "culture de masse", à travers des essais comme Le Cinéma ou  l'homme imaginaire, Les Stars  ou L'esprit du temps. Morin est un spécialiste d'études filmiques. Le penseur de la complexité réalise même un premier film, en 1960, Chronique d'un été, avec Jean Rouch, qui fait s'exprimer la jeunesse et des individus significatifs de l'époque, à la recherche du bonheur et qui révèle leur désarroi ! Plus tard, Morin écrira le scénario de L'Heure de la vérité. A travers les suicides de stars, comme Marilyn Monroe, et les films de la "Nouvelle Vague", ce sont les "happy end" à la Hollywood qui disparaissent ! Mai 68 n'est pas loin !

Morin aime le cinéma à une époque où des intellectuels comme ceux de l’École de Francfort (Adorno et Marcuse) méprisent cet art, et le juge comme un outil d'aliénation des masses ! En réalité, les films permettent d'étudier les archétypes. Ils sont les nouvelles mythologies comme le Western !

Revenons maintenant sur le parcours de Morin, sa biographie ! Il est issu d'une famille juive originaire de Salonique. Il perds brutalement sa mère à l'âge de 10 ans : "l"œuvre pour reconstruite la mère" dira la psychocritique et Morin écrira notamment L'Homme et la Mort, un de ses premiers livres, en 1950 !

Notre homme a un passé de Résistant durant la Seconde Guerre mondiale et abandonne son patronyme de Nahoum pour son nom de Résistant, Morin. Alors communiste et gaulliste, Morin est exclu du PC en 1951 suite à un article polémique qu'il a rédigé pour une revue. Il s'expliquera de son engagement communiste et de cette rupture dans le texte intitulé Autocritique.

Son premier ouvrage fut L'An zéro de l'Allemagne, en 1946

Il y a la rencontre avec Roland Barthes au moment ou Barthes écrivait ses Mythologies (voir mon billet là encore !)

Morin fonde la revue Arguments  à l'hiver 1956 avec Roland Barthes, Jean Duvignaud et Colette Audry. Cette revue durera jusqu'à l'hiver 1962 et promouvait une pensée hétérodoxe qui veut se renouveler !

Morin fut aussi un proche de Marguerite Duras. Les archives de ces deux-là sont conservées à l'IMEC à l'Abbaye d'Ardennes, près de Caen, près de chez moi !

La langue morinienne est faite de néologismes avec une forte mobilisation des préfixes pour traduire la complexité. Il utilise aussi des métaphores comme celle de la chrysalide pour souligner son changement personnel, celui de son œuvre et de la société !

Morin commente Mai 68 avec Cornelius Castoriadis et Claude Lefort. Il fait œuvre de sociologue avec notamment La rumeur d'Orléans où il analyse les mécanismes de la rumeur, dirigée ici contre les commerçants juifs avec un antisémitisme latent. Ma propre grand-mère avait entendu cette rumeur à l'époque et n'en démordait pas sur sa véracité : c'est arrivé ! "Je connais quelqu'un qui connaît quelqu'un !" ...

Mais le penseur de La Méthode  a commence à se dissocier de la sociologie à partir de la fin des années 1970 (1977 : parution du premier tome de La Méthode - voir mon billet dessus !). A partir des années 1980, la sociologue devient affaire de spécialistes et non plus d'intellectuels ! Des spécialistes qui ne s'engagent pas politiquement, contrairement à Morin !

Dans la pensée de Morin, l'improbable doit être considéré (contre la statistique et plus largement le calcul qui a court depuis Descartes !). Morin a par ailleurs une pensée systémique et pas systématique !

Edgar Morin propose aussi de rénover l'enseignement (La Tête en friche, Relier les connaissances - le défi du XXIème siècle, Les sept savoirs nécessaires à l'éducation du futur, La Voie -voir aussi mon billet -  et Enseigner à vire - manifeste pour changer l'éducation). Notre penseur croit à la pédagogie du "grand récit" (depuis le Big Bang !). De plus, pour lui, la littérature est un lieu de vie et peut nous apprendre au même titre que la philosophie et les sciences ! En matière d'enseignement, il faut remettre - avec Platon - l'Eros au cœur ! Enfin, dans la pédagogie morinienne, il s'agit de montrer comment on est parvenu à établir la connaissance (métadiscours !), à bien réfléchir pour éviter les erreurs ! Déceler les mouvements browniens de la pensée !

La Terre est actuellement propulsée par 4 moteurs : sciences,  technique, industrie et capitalisme. Il convient de les contrôler, régulés par l'éthique ! Enjeux de l"ère planétaire" ! Penser la complexité pour résoudre les problèmes actuels !

Quelques mots encore sur l'épistémologie de Morin !

Pour lui, il convient de penser le savoir en tenant compte du sujet, c'est valable pour toutes les sciences ! L'Homme est aussi, on l'a vu, passions ! Même le mathématicien a la passion des mathématiques ! On s'implique dans sa propre connaissance !

On va retrouver un certain pessimisme lié à une vision simplificatrice des choses (à travers l'effondrement écologique ou le transhumanisme !).

On a une chaîne qui remonte du social au physique et au cosmologique - et forme le "grand récit" en redescendant ! Morin entends réformer nos modes de pensées et de connaissances afin de mieux relever les défis du siècle qui commence ! C'est une tâche énorme que d'autres devront poursuivre !

J'aurais l'occasion de vous reparler d'Edgar Morin - vous en ai déjà parlé maintes fois ! - car je trouve ce type stimulant !

A bientôt !

Edgar Morin - L'Herne

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Passage - Jason Rohrer

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Nous allons maintenant évoquer un jeu vidéo assez atypique et l'on se demandera à la fin de l'exposé si il s'agit vraiment d'un jeu vidéo ou d'une expérience métaphysique ?

Le Festival Gamma256 est un festival de développeur informatique où ils conçoivent de "petits" jeux avec la contrainte de les faire tenir en au maximum 256 pixels sur 256 pixels ! Nous voila en quelque sorte revenus à la simplicité des débuts du jeu vidéo !

C'est en 2007 et dans ce cadre que Jason Rohrer développe Passage - un jeu désormais téléchargeable gratuitement sur Mac, PC et i-phone à l'adresse suivante :

http://hcsoftware.sourceforge.net/passage/

et qui est un jeu qui se déroule sur 16 pixels de haut et 100 pixels de large !

Vous incarnez un petit bonhomme qui avance dans un décor monotone. Très vite, il rencontre une petite bonne femme, sa compagne qui se joint à lui pour le trajet !

Au début, nos deux "héros" avancent en se tenant à la gauche du décor qui défile et engrangent des points à mesure que le décor défile ! Il est possible de se déplacer vers le bas mais alors on ne comptabilise plus de points. Par contre, le jeu devient alors moins ennuyeux et on peut même découvrir des coffres au trésor !

Le jeu dure cinq minutes et au bout de deux minutes trente, les personnages se trouvent au milieu du décor et continuent d'avancer vers la droite en même temps que ce décor défile ! Au fil du temps, les personnages vieillissent et on peut constater que leur apparence change ! Au bout de cinq minutes - ou un peu avant, la petite bonne femme touche le bord droit de l'écran et est remplacé par une tombe puis c'est le petit bonhomme qui décède à son tour ! Vous avez alors un score mais qui n'a aucune importance car il n'y a pas de tableau des scores et il ne sera pas sauvegardé !

Vous l'aurez compris, Passage est un jeu qui interroge sur le sens - ou plutôt l'absence de sens de l'existence humaine - et sa finitude ! Vous avez alors deux choix de vie : filer droit et accumuler le plus haut score ! - mais dans quel but ? - ou faire faire des détours à l'existence pour découvrir des trésors ! Mais au bout du compte, la mort vous rattrape toujours !

Un brin déprimant, n'est-ce pas ? Surtout pour des gens comme moi qui se posent des questions existentielles et sont phobiques de la mort (mais je me soigne !) ! Le jeu provoque d'abord l'ennui - et c'est voulu ! - puis le décès des personnages au terme de l'échéance nous tire de notre torpeur et provoque la stupeur ! Mais à quoi nous attendions-nous ?

S'agit-il vraiment d'un jeu vidéo ? On peut se le demander ! Ce petit programme informatique, c'est à la fois une réflexion sur le mariage, le bonheur et la mort ! Brillant quelque part !

La musique est aussi particulièrement triste et mélancolique ! Ce n'est pas souvent qu'un jeu vidéo vous tire une larme !

La différence avec la "vraie vie" est que dans Passage, vous pouvez rejouer ! Dans la "'vraie vie", jusqu'à preuve du contraire...

Jeu engagé ? Œuvre d'art indubitablement !

J'ai découvert l'existence de ce "jeu"' en regardant la chaîne du Youtubeur Sébastien Genvo qui théorise brillamment le média que sont les jeux vidéo dans sa bien nommée chaîne "Théories des jeux vidéo" !

A bientôt !

Passage - Jason Rohrer

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Critias - Platon

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Le Critias - ou De l'Atlantide - est l'un des derniers dialogues de Platon, très court, censé former une trilogie avec le Timée et un autre texte intitulé Hermocrate qui n'a jamais été retrouvé ! Sur ce dernier dialogue, Friedrich Nietzsche suppose qu'il a été réécrit et incorporé aux Lois. Le propos de cette trilogie est de présenter l'univers, l'Homme et la société !

De plus, Critias est un texte incomplet ! En effet, la fin manque ! Il y est question de l'Atlantide de manière encore plus détaillée que dans le Timée où elle n'est qu'évoquée ! Le récit de Critias fait suite à celui de Timée et il nous décrit une île riche en ressources et dont il nous détaille la géographie, la population et le régime politique.

Initialement, les dieux se sont partagé le monde ! Ainsi, il y a 9000 ans, Poséidon s'est uni sur une haute montagne au centre d'une île par delà les Colonnes d'Hercule avec une mortelle nommée Clitô ! De cette union, naquirent dix enfants qui devinrent les dix rois des dix régions de l'Atlantide, unis sous une loi gravée dans le temple de Poséidon sur une stèle d'orichalque, le précieux métal lié au mythe de l'Atlantide !

La géographie de l'Atlantide s'organise autour de la montagne centrale, en cercles concentriques, alternance de canaux, de cités et de murailles. L'île est une nation puissante qui s'oppose dans un conflit antique à l'Athènes de l'époque alors plus grande que l'Athènes de Platon ! Sous l'égide des dix rois, s'organise une armée puissante et innombrable !

La visée de ce texte est aussi de décrire une cité idéale telle qu'elle est exposée en théorie dans La République. Il s'agit aussi de montrer que l'Athènes d'alors est capable de s'opposer à des ennemis puissants unis par des rois fabuleux !

La fin du récit qui manque - et dont on suppose qu'elle n'a en réalité jamais été écrite, devait raconter dans le détails la guerre entre les Atlantes et les Athéniens ! Mais Platon nous laisse sur notre faim !

Mine de rien, nous nous acheminons vers la fin du - long ! - corpus platonicien !

A bientôt !

Critias - Platon

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Timée - Platon

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Le dialogue du Timée est un dialogue tardif de Platon, un de ses derniers textes ! Sous-titré De la Nature, il tient à la fois de l'exposition de Cosmogonie que de la présentation de Sciences naturelles ! C'est aussi dans ce texte - avec le Critias - , que l'on trouve une allusion assez conséquente au mythe de l'Atlantide !

Le texte s'ouvre par un bref échange entre Socrate, Critias et Hermocrate - avec des rappels à l'autre texte qu'est La République, concernant en particulier la communauté des femmes et des enfants puis Timée de Locres, un philosophe pythagoricien propose alors une très longue réflexion sur la nature du monde physique - basé sur les mathématiques, idée chère aux pythagoriciens et que reprendra Galilée en disant que "le monde est écrit en langage mathématiques" des siècles plus tard !

Disons-le tous de suite les principes de physique sur lesquels reposent l'explication du monde du Timée sont complétement obsolètes ! Pour faire cours, il est supposé un démiurge, un dieu créateur qui se comporte à la manière d'un artisan, qui fabrique le monde, celui-ci reposant sur les quatre éléments que sont le feu, l'eau, la terre et l'air ! Il est aussi question de proportions mathématiques et de triangles et de figures ! Tous ces éléments se combinent entre eux - pour former la matière ! - et se transmutent !

Ici Platon prends le relais des poètes comme Hésiode et nous fournit le plus ancien ouvrage de cosmologie qui nous soit parvenu dans son intégralité. Là encore tout part du Chaos primordial et on a ici un récit alternatif à celui des poètes !

Les domaines de connaissance abordés par le Timée sont très larges ! Il y a vraiment à boire et à manger dans ce texte ! Jugez plutôt ! Mathématiques, biologie, chimie, médecine, psychologie, politique et religion sont abordées ! Enfin, je ne l'ai pas dit plus tôt mais la question de l'âme est évoquée ! Les dieux, tels Zeus, Héra ou Hadès sont ici en fait des dieux secondaires crées par le démiurge. Le mouvement et le temps sont traités de même que l'opinion et le discours vrai... On a donc bien ici un large éventail de problématiques - même si tous les principes énoncés sont dépassés et certaines explications, bien naïves, feront sourire !

En fait, on se rends vite compte que le philosophe est tout aussi démuni que le poète pour fournir un système du monde ! C'est ainsi la thèse de Luc Brisson, un grand spécialiste de Platon que j'aurais peut-être l'occasion de vous présenté une autre fois ?

Voilà, il y aurait beaucoup à dire sur ce texte mais je ne vous livre ici qu'une présentation générale ! C'est un texte un peu "technique" en un sens, par moment, en ce sens qu'il livre quantités d'explication des phénomènes de la nature d'après une méthode qui se veut hypothético-déductive et qui repose largement sur la logique. On abordera plus amplement les systèmes d'explication de la Nature - la Pḧysique et la Biologie principalement - lorsqu'on abordera l’œuvre d'Aristote (bientôt !).

A bientôt donc justement !

Timée - Platon

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Le Politique - Platon

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Nous allons nous intéresser aujourd'hui au dialogue de Platon intitulé Le Politique. Ce texte fait suite au Théétète et au Sophiste. Après s'être demandé quelle était la figure du sophiste, l’Étranger d’Élée se demande qui est le politique et à quoi correspond l'art royal ! Le dialogue est en effet sous-titré De la Royauté.

Ce dialogue ne mets pas en scène Socrate - qui n’apparaît plus dans les textes désormais - mais l’Étranger d’Élée et Socrate le Jeune (qu'on ne peut confondre avec le mentor de Platon !).

Le Politique et le Philosophe font, au contraire du Sophiste, parties de ceux qui savent ! Le texte débute par une interrogation sur ce que sont les différentes sciences, les arts de la connaissance. Comme dans le texte précédent, Le Sophiste, on procède par division/dichotomie.

Ainsi, ceux qui possèdent la science royale devraient être les seuls à pouvoir être roi - mais de quoi s'agit-il ? Premier division : entre les sciences qui ont des conséquences dans l'action et les sciences théoriques où on travaille avec la force de son âme. C'est le cas de l'art royal qui est plutôt commandement que jugement. Il n'est pas un héraut qui retransmets les commandements d'autrui.

L'art royal parce qu'il commande aux vivants, les hommes, est assimilé à l'élevage. Se pose alors la question de la division des vivants (hommes, bêtes,...) à ce stade !

L'art royal est donc l'art de paître les hommes mais les laboureurs, les boulangers et les maîtres de gymnase pourraient alors aussi revendiquer cet art et le titre de pasteur d'hommes !

Souvent, dans ses textes, Platon, qui se revendique pourtant du Logos, (la raison), recours aux mythes. Il évoque dans ce dialogue le monde en mouvement inversé, un temps où c'étaient les dieux qui faisaient paître les hommes. Mais un jour, ils lâchèrent la barre et le monde sombra dans le chaos, repris son mouvement naturel, les êtres s'écoulant alors dans le temps de la naissance à la finitude.

De là, Platon - à travers l’Étranger, montre que la figure de pasteur divin est trop haute pour un roi. il faut distinguer les pasteurs d'aujourd'hui et ceux du temps de Cronos ! En fait le politique est "celui qui soigne les animaux bipèdes vivants en groupes."

Il est ensuite question de la formation de la science en nous ! Pour apprendre des choses aux individus, il faut recourir à des exemples et des comparaisons - Platon prends alors l'exemple du tissage et montre qu'il y a des arts producteurs et des arts auxiliaires. Et les arts comme le tissage ou la politique se règlent sur la juste mesure ! Et la dialectique s'exercera mieux sur les petites choses !

Ensuite, on a une évocation des cinq formes de gouvernement. Trois formes droites : la monarchie, l'aristocratie et la démocratie et deux formes dénaturées/déviées, la tyrannie ou l'oligarchie où l'illégalité remplace la légalité ! Je vous renvoie à mon billet sur Les Politiques,  texte de l'élève de Platon, Aristote, qui reprends cette typologie.

Seuls quelques individus seront capables d'être des politiques et des rois car l'art de la politique est un art qui ne s'acquiert pas par la multitude !

Platon interroge la question es Lois ! Doit-on et peut-on avoir un gouvernement sans lois ? Or la loi est généralité et comme les individus sont tous différents, elle ne saurait s'appliquer à tous les cas ! Il y a uniformisation contre multitude. Le législateur n'ajuste pas ce qui convient à chacun mais ce qui convient à la majorité. Dans les faits, il faut agir contre les règles écrites et les coutumes des ancêtres.

On a ensuite une comparaison avec le médecin et le capitaine de navire afin de dire que celui qui n'utiliserait pas à bon escient son art devrait être traduit devant les tribunaux !

L'art politique doit enfin être séparé de l'art militaire et de la jurisprudence. Il doit l'être aussi de la rhétorique qui est une science qui lui est en fait subordonnée !

Le politique est donc celui qui veille sur les hommes, les instruit et prends soin d'eux, qu'ils soient bons ou mauvais. A ce stade, Platon édicte des règles d'association entre les individus, à travers les mariages.

L'art royal évoqué dans ce dialogue, Le Politique, fait aussi écho aux prescriptions et au Philosophe-Roi d'un texte antérieur de Platon, La République !

En tout cas, je constate là encore que ce texte est plus ardu que les textes de jeunesse de Platon !

En espérant vous avoir éclairé, mais rien ne vaut la lecture directe du dialogue en question par vos soins !

A bientôt !

Le Politique - Platon

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Le Sophiste - Platon

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Nous abordons, avec le Théétète, le Parménide ou aujourd'hui Le Sophiste, les textes de la maturité de Platon et force est de constater que ces écrits- là sont de plus en plus ardus par rapport aux textes sur lesquels j'ai fait des billets en 2017, les écrits de jeunesse !

Le Sophiste est un dialogue platonicien qui a trait à la métaphysique, domaine hautement spéculatif ! Si Socrate y apparaît au début, il n'est pas l'une des deux personnes qui dialoguent ici ! C'est ici l’Étranger d’Élée qui mène le dialogue face au jeune Théétète qui lui donne la réplique ! La figure de Parménide, qui était déjà présente dans un précédent dialogue éponyme est également évoquée et ses thèses discutées !

Il est question ici de l'être, de la nature de l'être, du non-être, interrogations et enquêtes qui doivent permettre de définir la nature du sophiste ! On sait que Platon a construit toute sa philosophie par opposition à des gens comme Protagoras ou Gorgias, les sophistes qui professait tout et son contraire pour de l'argent, figures opposées à celle du Philosophe !

Si Socrate n'intervient pas ici, c'est aussi parce que, à travers l’Étranger d’Élée, Platon critique la Théorie des Idées qui attribue traditionnellement à Socrate !

Pour parvenir à une définition du sophiste, l’Étranger et Théétète vont s'employer à pratiquer une sorte de classification par dichotomie. Le sophiste est finalement, à ce stade, définit comme un chasseur intéressé par les jeunes gens riches, un marchand de connaissances pour l'âme, un commerçant de détail, un fabricant des sciences qu'il vend, un athlète au combat de paroles et un purificateur ! On est donc pas sorti de l'auberge !

On a donc six définition qui montre aussi la prétention encyclopédiste du sophiste, spécialiste auto-proclamé en tout et contradicteur de tous sur tous les sujets ! Il parle mais ne parle de rien ! Il est du côté du Non-Être et de l'obscurité, là où le Philosophe est du côté de l'Être et dans la lumière (ça rappelle le Livre VII de la République et le mythe de la Caverne !).

Le sophiste énonce des propositions fausses et parle de ce qui n'est pas ! Or comment parler de ce qui n'est pas ! Dès lors ce dialogue se tourne autour du problème de l'Être et du Non-Être ! C'est ici que Parménide est évoqué, l'Un, le Tout et toutes ces notions !

A un moment du texte, il est question des Fils de la terre et des Amis des Formes où Il est établit et rappelé que la question de l'Être est à l'origine de l'opposition entre Idéalistes et Matérialistes. Les partisans des Idées admettent l'existence de l'âme mais aussi d’entités invisibles et transcendantes comme la justice ou la sagesse ! Les Amis des Formes excluent de l'existence l'agir et le pâtir - dès lors comment connaître ?

Cet écrit propose aussi à un moment des éléments de linguistique ! Un discours n'est possible qu'avec des sujets et des verbes entremêlés - tout ça pour dire que tout discours porte forcément sur un objet ! La dialectique a aussi son rôle à jouer ! Sont aussi énoncés les différents genres : Être, Mouvement, Repos, Même et Autre ! Il y a donc cinq genres et ceux-ci sont entremêlés de même !

Le Non-Être n'est pas forcément le non-existant ! En effet, le Non-Grand peut être le Petit ou l’Égal ! Le Non-Être est donc une réalité ! De là, les phrases vraies disent des choses de ce qui est et les phrases fausses de ce qui n'est pas !

On en revient au sophiste qui est celui qui est producteur de discours (Logos), production humaine et non pas divine. Avec le Logos, le sophiste produit des simulacres de la réalité, là où le Divin produit la Nature et l'image de la Nature (reflets, ombres,...)? Dès lors, la tromperie est possible - on peut mêler l'Autre et le Logis et ainsi obtenir des discours faux et introduire l'erreur. Le sophiste est celui qui imite les choses qu'il ne connaît pas, sachant pertinemment qu'il trompe son interlocuteur !

Voila ! Je n'ai évidemment pas la prétention d'avoir fait le tour de ce texte et vous invite à le lire vous-même si la philosophie vous intéresse - et à l'accompagner de lectures d'ouvrages critiques qui ne manquent  pas ! Ce qui précède n'est qu'une mise-en-bouche !

A bientôt !

Le Sophiste - Platon

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Parménide - Platon

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Que voilà un texte difficile ! A vrai dire, j'ai lu le Parménide  - ou Des Idées - de Platon - qui est un discours sur l'Un - et n'ai rien compris !

Ce texte représente pourtant un tournant majeur dans l’œuvre du philosophe - et occidentale en général ! - puisqu'il y reprends une cosmologie qui est antérieure à lui-même ! Ce dialogue, Parménide, est en outre considéré comme fondamental par les Néo-Platoniciens - comme Plotin - puisqu'on s'y entretient de l'Unicité de l'être ! N'ai donc pas compris grand chose mais vais tout de même essayer de vous en entretenir en m'aidant notamment de Wikipédia !

Dans ce dialogue, si Socrate est présent, ce n'est pas lui qui s'exprime ! il s'agit plutôt d'un échange entre Parménide, alors âgé et le "jeune Aristote" - qui n'est pas ici Aristote de Stagire, l'auteur de la Métaphysique. On notera une impossibilité pour Socrate, même jeune, d'avoir pu rencontrer Parménide car leurs dates d'existence ne correspondent pas !

Platon introduit ici un nouvel élément dans le réel, celui des "Formes intelligibles", là où le "sensible" est ce qui est dans le flux, en changement perpétuel ! Lorsque j'imagine un arbre, c'est une Forme intelligible que je visualise, Forme que je ne peux pas toucher !

L'Un est le principe d'unité sous-jacent à la multiplicité des Idées et des phénomènes. Mais l'Un fait-il partie de l'Être ou lui échappe-t'il ? Ou est-il, troisième hypothèse, dans un état intermédiaire changeant ?

En lisant ce texte, j'ai eu l'impression qu'on disait tout et son contraire ! En fait, cela vient qu'on examine 9 hypothèses au total - et il est parfois difficile de s'y retrouver !

On va ainsi passer en revue les caractéristiques de l'Un : a-t'il des parties ou non (?), est-il dans l'espace et le temps ou non (?), est-il semblable ou dissemblable (?), en mouvement ou au repos (?) etc... C'est, en fait, j'ai l'impression un texte très "technique" qui s'appuie sur la tradition philosophique qui a précédé Platon - et cette tradition - qui nous est méconnue (les Pré-Socratiques) est considérable (et si mal conservée !) !

Reste vivante la question de l'accès aux Formes ! Comment les connaissons-nous ? Par la réminiscence ? Via notre âme ? Sont-elles seulement connaissables ?

Parménide examine successivement, dans les 9 hypothèses, les thèses relatives à l'Être : Être/ Néant (ou non-Être), Repos/Mouvement, Identité/Différence, Égalité/Inégalité, Vieillesse/Jeunesse, Absolu/Relativité, Fini/Infini en nombre, Un/Multiple, Divisible/Indivisible, En contact/Sans contact et Grand/Petit. Pour certaines de ces thèses, on a là une préfiguration des catégories (de l'être) d'Aristote !

je ne reviendrais pas sur les 9 hypothèses, disons "simplement" qu'elles se divisent en deux groupes : la thèse positive - qui regroupe les hypothèses 1 à 5 avec des nuances : "l'Un est".  Puis la thèse négative avec les hypothèses 6 à 9 qui pose "l'Un n'est pas" ! Ardu je vous l'ai dit !

Pourtant ce dialogue difficile a une influence considérable sur la suite de l'Histoire de la Philosophie puisqu'il fonde véritablement toute la métaphysique occidentale ! Chaque moment de l'analyse de l'un a donné lieu à une branche de la philosophie, pas seulement le Néo-Platonisme mais aussi pour ne citer qu'un exemple, l'Idéalisme de Berkeley !

Il faudra donc que je revienne sur ce texte à titre personnel, une seule lecture ne saurait suffire (pour aucun texte philosophique de manière générale  - à part peut-être les textes de Michel Onfray !). Une chose est sûr, il ne faut pas commencer Platon et la Philo par ce texte ! Sous peine de découragement !

Avant de prendre congés, je voulais vous signaler que si j'ai obtenu ce mois-ci ma Licence L3 de Philosophie, je ne poursuis pas en Master, pas pour le moment, pas avant deux ans, 2020 - 2021 ! Vais en effet, entre temps, essayer de passer le concours de bibliothécaire en suivant une formation préparatoire pour les deux prochaines années !

Je continuerai cependant à lire de la philosophie dans l'intervalle mais en autodidacte - et peut-être même à un rythme plus soutenu que durant ma formation de philo car ai coutume, pour une lecture au programme, à faire 3 ou 4 lectures de mon initiative !

A bientôt !

Parménide - Platon

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Théétète - Platon

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A l'été 2017, nous avions examiné ensemble les textes du corpus platonicien du tome 1 de la Pléiade ! Durant cet été 2018, nous allons nous pencher sur le tome 2 avec des textes aussi importants que le Théétète, le Timée, Le Philosophe ou Les Lois - avant d'aborder les textes apocryphes !

Aujourd'hui, il sera question du Théétète ou De la Science, texte fondateur de la tradition épistémologique qui tente de donner une définition de la science et de ce qu'est la connaissance. Il forme un ensemble, un  triptyque avec Le Sophiste et Le Politique - et on peut éventuellement rajouter Le Philosophe. C'est un texte de la maturité !

Pour poser la Science, il faut d'abord démontrer que les Formes existent car ce sont elles qui permettent d'établir ds définitions, d"avoir une dialectique qui construit et ne fait pas que réfuter !

Selon le jeune Théétète, un des interlocuteurs de Socrate dans ce dialogue, la connaissance procède de la sensation. Or le monde sensible est devenir - les objets se déplacent mais plus encore se corrompent ! Il va donc falloir poser une définition du mouvement en recourant à la tradition d'Héraclite et de Parménide.

Selon Héraclite, le monde est mouvement ! Dans cette perspective, la connaissance est impossible car comment poser une définition stable sur des objets qui ne cessent de changer ! La Science est condamnée d'avance !

Si la connaissance est sensation, cela fait dépendre cette connaissance des capacités empiriques des individus - il y a déjà du Berkeley chez Platon ! On perçoit par notre corps et comme le disait Protagoras, "l'homme est la mesure de toute chose." Socrate nuance ce point de vue et ajoute " à la mesure de l'homme compétent". Mais aussi, selon cette conception, la connaissance ne serait qu'un simple "point de vue" et introduit le relativisme en sciences ! La vérité est-elle encore possible ?

Le Théétète  est donc un dialogue aporétique - qui mène à une aporie, une impasse philosophique. C'est aussi un des derniers dialogue qui mets en scène Socrate, un des premiers dialogue de maturité - comme on l'a dit ! - et un des derniers de jeunesse !

Au début de ce texte, Socrate rappelle aussi que sa mère était accoucheuse et que lui-même accouche les âmes des hommes ! Si l'on perçoit pas nos sens, et notre corps, il y a certains choses que nous "percevons" par notre âme (comme le concept de pair et impair par exemple !) Ce dialogue se déroule quelques jours avant le procès de Socrate.

La connaissance procède de la compétence mais aussi du savoir d'être compétent. On sait la propension de Platon à s'attaquer aux sophistes qui prétendent à une compétence universelle mais trompeuse. Dans ce texte, à cet égard, Socrate risque de blesser son autre interlocuteur Théodore qui a reçu une éducation sophiste -  ce qui conduit ce dernier à se défausser de la conversation en arguant de son âge ! Il est suggéré ici que Socrate, "accusé de corrompre la jeunesse" prends en réalité grand soin de l'éducation de celle-ci !

Socrate procède par des exemples et montre que les compétences vont des sciences aux artisans. Une science est une science de quelque chose, elle a un objet ! Il y aurait donc autant de sciences que d'objets/ Mais en disant cela, on ne dit pas ce qu'est une science, on se contente d'énumérer ses objets ! Ne peut-on définir la science que par une liste de sciences ? Définition bien insuffisante en réalité !

La connaissance est ce qui implique d'accéder à la vérité et donc aux essences. Socrate va réfuter Protagoras et Héraclite en montrant que la perception ne peut accéder à la vérité !

De même, la science n'est pas l'opinion vraie car on peut avoir une opinion vraie sans en avoir la science ! On peut tomber sur le vrai par hasard ! De plus, l'âme humaine est une "tabula rasa", semblable à ces tablettes de cire qu'utilisaient les Grecs. Les objets entrent dans l'âme par les sens et y laissent une trace. Plus la trace est profonde, mieux on retiendra !

Il convient alors de définir ce qu'est un faux jugement, quand la perception n'est pas en adéquation avec la pensée mais aussi quand la pensée n'est pas en adéquation avec elle-même !

Socrate utilise alors l'image d'un colombier pour une connaissance que l'on possède mais que l'on a pas, qui est seulement une possibilité à disposition, comme ces oiseaux dans le colombier, représentants les connaissances, et dont on peut se saisir !

La science est en réalité l'opinion vraie quand celle-ci est accompagnée d'une définition. Connaître, c'est être assuré d'une science. C'est donc l'opinion vraie justifiée !

Voilà, il y aurait encore beaucoup à dire car l’œuvre de Platon est inépuisable et la tradition philosophique depuis 2500 ans n'est jamais qu'un commentaire de Platon ! Par exemple, ici, on voit l'influence de Théétète sur la philosophie des sciences et la tradition empirique  - ou encore sur l'ontologie ! c'est d'une richesse prodigieuse !

A l'avenir, je prévois aussi de vous faire des billets sur des ouvrages critiques de l’œuvre de Platon, là Luc Brisson me vient en tête car suis plongé aussi en ce moment dedans !

Philosophiquement votre ! A bientôt !

Théétète - Platon

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Zéro de conduite - Michel Onfray

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Zéro de conduit sous-titré "Carnets d'après campagne" est le dernier volet du triptyque sur la politique française dans le cadre de l'élection présidentielle de 2017, commencé avec Décoloniser les provinces et poursuivi avec La cour des miracles.

Un ouvrage qui va faire encore polémique et attirer à Onfray les foudres du pouvoir ! Par ailleurs, l'auteur de cet essai en a distillé pas mal d'extraits au fil des mois de la rédaction sur sa chaîne/web-TV MichelOnfray.com !

La plume acerbe de Michel Onfray s'attaque à l'homme-lige de la finance, Emmanuel Macron, porté au pouvoir par les biais de médias vendus aux intérêts de l'argent ! Le "philosophe français le plus lu dans le monde", qui a précédemment défendu le système girondin contre le système jacobin, ressasse ses thèmes habituels, à savoir que nos présidents successifs depuis Mitterrand et le Traité de 1992, ne sont que les pions de l'Europe maastrichienne ultra-libérale.

Dans un paysage politique français en décomposition, Onfray délivre voire déchaine sa verve contre Macron, celui qui devait moraliser la vie politique mais a, dès le début de son quinquennat, des ministres impliqués dans des affaires louches tels Richard Ferrand, avec des montages financiers occultes et un fils engagé comme assistant parlementaire - ou François Bayrou qui rémunérait des collaborateurs avec l'argent de l'Europe et que Macron a nommé Ministre de la Justice ! Il y a dès le départ quelques chose de pourri dans le Royaume de Macronie !

Cette présidence, à défaut d'avoir des idées - avec ses intellectuels  et ses journalistes aux ordres - est appelée à se dérouler sous les auspices de la communication ! Macron a été élu grâce à des journaleux corrompus et, bien ingrat, décide de leur faire savoir qu'il est le patron en les faisant poireauter toute une matinée lors de l'annonce de la nomination d’Édouard Philippe comme premier ministre !

Mais l'"opposition" ne présente guère mieux pour Onfray ! Mélenchon a une passion suspect pour Robespierre et Hugo Chavez, Marine Le Pen a été consternante lors du débat de l'entre-deux-tours ! Et ce ne sont pas les simagrées des Insoumis concernant le port de la cravate à l'assemblée ou le logement HLM qu'occupent Raquel Garrido, avocate et son conjoint Alexis Corbière qui vont les réhabiliter ! En réalité, et Onfray pointe cela, les Insoumis ne défendent pas les ouvriers et ne sont que des petites bourgeois préoccupés d'eux-même - après on est d'accord avec cela ou pas !

Quelle doit être la stature d'une présidence ? Les Français avaient reproché à Sarkozy son côté "survolté" et à son successeur Hollande, son côté "mollasson". Avec Macron, on nous annonce un président "jupitérien" et dès lors les journalistes, vexés d'être mis sur la touche, dénonce son autoritarisme lors du Congrès à Versailles - avec Poutine ! - début juillet 2017. Il faudrait savoir ce que l'on veut !

Macron, accusé d'être le "président des riches" pense-t'il à l'intérêt général ou à son propre intérêt ? On peut douter du fait qu'il se préoccupe des Français - surtout des plus modestes ! On n'est pas à une bêtise et sottise prête dès le début du mandat notamment lorsqu'il déclare que le terrorisme vient du réchauffement climatique ou qu'il humilie le jour de la Fête Nationale Pierre de Villiers, le Chef d’État-major des Armées qui demandait juste plus de moyens et qui lui pour le coup travaille pour l'intérêt général de la France au contraire du président Macron, homme de courte vue !

La politique de Macron semble se résumer à de la communication (avec son cortège de Minc, Attali et Séguéla et autres pseudos intellectuels dévoyés !). Ainsi il nomme Stephane Bern au patrimoine en lieu et place d'un universitaire réellement compétant, ou il fait le pitre chez Hanouna ! La communication ne lui réussit pas toujours  comme lorsqu'il fait preuve d'une condescendance insupportable à l'égard du président du Burkina Faso qu'il traite de "réparateur de climatisation" ! Souvent le verni craque et le vrai Macron méprisante envers le peuple ressort, avec "ceux qui ne sont rien", les "fainéants" qui ne veulent pas travailler, les "alcoolos" et les "illettrés" ! Un homme éminement sympathique on vous dit !

Et ce ne sont pas ses prétendues connaissances philosophiques qui rattraperont Macron ! Il se targue d'avoir bossé avec Ricoeur ou Balibar (l'un est mort et l'autre ne se souvient plus de lui !), cite des phrases de  Lévinas que le cercle d'études lévinassienne est incapable de retrouver, bref, on lui conseillerais plutôt de lire "La philo pour les nuls" !

On s'approche progressivement vers la fin de nos libertés et ce projet de loi sur les fake news est la porte ouverte vers un monde à la Orwell ! Qui décidera ce qui relève de la fake news ?

Autre scandale, le statut de la Première Dame, payée des dizaines de milliers d'euros par mois alors qu'elle n'a pas été élue, elle ! Enfin, bon, c'est de l'argent pris sur nos APL ! Et je en parle pas du panda qui nous coûte 2 millions d'euros sur trois ans !

Le pouvoir n'est pas brillant mais l'opposition n'est guère mieux ! Les Républicains, les Socialistes et Marine Le Pen sont morts ! Le Front National revient vers une ligne maastrichienne et libérale et Marion Maréchal-Le Pen est en embuscade !

les Insoumis (Mélenchon, Garrido, Simmonet,...) ont aussi leur lot de casseroles (voyage en première classe, logements HLM, détournements de fond,...). Ils multiplient, à l'image de Mélenchon, les effets de manche ou clame "Nique la France" avec Danièle Obono ! Bref, on est vraiment mal barrés !

Onfray termine ainsi son triptyque et annonce qu'il consacrera par la suite son énergie à d'autres études ! Dans Décoloniser les provinces, il avait proposé l'alternative girondine, dans La cour des miracles, déconstruit comment l'élection présidentielle était une imposture. Dans ce dernier volume, il critique fortement le début de règne de Macron Ier qui n'augure rien de bon pour la suite ! Le Français de base en a encore pour 4 ans à souffrir - à moins que Macron fasse un second mandat ! - et la finance se régale !

Pas Robin des Bois mais le Sheriff de Nottingham !

Avec ce livre, Onfray va encore se faire des amis ! Il est vrai que j'ai remarqué que dans ma fac, il était de bon ton chez les professeurs de Lettres et de Philosophie de taper sur/dénigrer le philosophe bas-normand ! Les universitaires professionnels ne sont pourtant pas exempts de reproches non plus dans ce milieu qui fonctionne par cooptation  et copinages !

A bientôt !

Zéro de conduite - Michel Onfray

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Pour une philosophie de terrain - Christiane Vollaire

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L'image du philosophe perché dans sa tour d'ivoire à la peau dure ! Il serait l'intellectuel parfait qui théorise des revendications qui ensuite vont donner lieu à des luttes "sur le terrain" !

Christiane Vollaire, dans son essai Pour une philosophie de terrain, montre à contrario que c'est le combat sur le terrain - bref la praxis ! - qui va faire émerger de nouvelles réflexions philosophiques. Étymologiquement, le "terrain" est d'abord le terrain militaire, le lieu de la bataille - et donc de l'action ! Pour une philosophie de l'action qui agit sur le réel ?

On retrouve là la vieille opposition entre idéalisme - les idées tombent du ciel ! - et empirisme - tout procède des sens. La philosophie de terrain va engager le corps, le mouvement, le déplacement, voir l'exil ! C'est aussi l'expérience qui va importer !

L'auteure se base d'ailleurs sur son expérience personnelle. Diplômée de philosophie, elle a d'abord enseigné puis a été infirmière durant dix années. Elle a aussi pas mal publier dans des revues de philosophie et de médecine, réfléchissant sur sa pratique. Se pose alors, dans le recours au terrain, pour la pratique/pensée philosophique, la question de l'enquête. Quel est le statut de l'enquêté ? Victime, témoin ou expert ? Quelle attitude doit adopter l'enquêteur ? Doit-il être neutre ? Doit-il s'immerger dans le milieu étudié (investigation participante) ?

Dans un second chapitre, Christiane Vollaire revient sur sept figures de la philosophie et leur rapport au réel ! On a Spinoza, Marx et Engels, Simone Weil, Hannah Arendt, Pierre Bourdieu et Michel Foucault.

Avec Spinoza, nous est rappelé que l'intellectuel parle toujours depuis un point de vue inscrit dans un contexte historico-politique. Ici, c'est celui d'une société très religieuse.

On connaît les théories de Marx et Engels sur la réification des prolétaires et la marchandisation du travail. Il est montré ici que ces schémas se reproduisent alors dans la famille avec le patriarcat.

Simone Weil étudie et condamne la division du travail qui conduit à la séparation entre travail intellectuel et travail manuel - où ceux qui donnent les ordres sont dans un rapport de domination et ceux qui les subissent ne pensent plus pour éviter la souffrance.

Hannah Arendt revient sur le procès Eichmann en 1961, s'interroge sur les conditions du procès, les responsabilités dans le massacre des Juifs et pose la "Banalité du Mal"  - ce qui lui valut nombres de reproches !

Pierre Bourdieu se penche lui sur la Guerre d'Algérie et le déplacement des paysans algériens pour éviter qu'ils ne soient contaminer par les rebelles ! Une réflexion sur l'exil donc - et la désocialisation.

Enfin, je ne m'attarderais pas sur Michel Foucault, théoricien du bio-pouvoir et très engagé sur le terrain notamment sur la question des prisons ! Il est aussi question ici de son analyse de la révolution iranienne en 1979 qui s'est retourné en déversement de violence.

Enfin, dans le troisième temps de l'ouvrage, il est question d"études sur le terrain mené par la philosophe, auteure de cet essai !

C'est d'abord en Égypte en 2011, depuis la place Tahrir où elle donne la parole à des protagonistes qui s'opposent à un système étatique intégralement corrompu.

C'est ensuite au Chili, en 2012, dans un pays également corrompu, livré avec le coup d'état de Pinochet de 1973 à l'ultralibéralisme à des fins d'enrichissement personnel. On voit alors que l'Amérique du Sud est une terre déchirée la violence qui s'inscrit dans trois temporalités, courte, moyenne et longue durée et où se pose un problème mémoriel.

Puis, c'est la Bulgarie en 2014 où, on n'en a pas beaucoup parlé, mais vingt personnes se sont immolés par le feu un peu partout dans le pays, là encore pour protester contre un État corrompu. Christiane Vollaire donne la parole à ceux qui étaient là.

Pour finir est associée la possibilité de lier la philosophie de terrain à une pratique de la photographie documentaire, loin du pathos et du sensationnel - et qui donne encore plus de sens. En clair, procéder à une "politisation de l'Esthétique" là où on avait une "esthétisation du Politique". Il est ici mentionnée la collaboration avec le  photographe Philippe Bazin.

Un petit ouvrage - moins de 200 pages - néanmoins très dense - avec une bibliographie assez fournie et qui ouvre de nouvelles pistes de réflexions ! A une époque où la philosophie peut apparaître comme sclérosée, il est temps de la faire renouer avec le réel à travers la pratique et de savoir "d'où l'on parle" !

A bientôt !

PS : J'ai emprunté ce livre à la Bibliothèque Universitaire de ma ville où j'espère par ailleurs faire un stage cet été 2018 !

Pour une philosophie de terrain - Christiane Vollaire

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