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philosophie

Des Réflexions à foison - VII

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Depuis presque une dizaine d'années, je consigne des réflexions - qui me viennent de mes lectures et de mes expériences du monde - dans des carnets numériques ! C'était déjà bien avant que je fasse des études de Philosophie ! Peut-être un jour établirais-je un système et des synthèses thématiques ?

Voici les quelques discussions du jour !

Le langage permet de maîtriser le temps ! Il permet de ramener les choses au présent et nait avec l’écriture de l’Histoire.

Pourtant, le langage est incapable de dire ce qu’est « le Temps ». Pour se faire il utilise des approximations telles que « le temps s’écoule » confondant temps et phénomènes temporels !

(03/11/2013)

                                                                   ***

Ouverts d’esprit, racistes ? Antisémites ?

On l’est tous potentiellement car on ne choisit pas dans quel milieu on naît !

Tous se joue dans l’éducation or on ne choisit pas – nos aînés – notre milieu – nous l’impose.

L’intolérance n’est pas génétique !

Claude Lévi-Strauss : Nature et culture !

(04/11/2013)

                                                                ***

1 univers avant le Big Bang ---- 1« tour de manège » de plus

n univers --- n « tours de manège »

Mais tout de même un univers initial

Donc 2 théories interféreraient

                                 Univers cyclique

                                 Et naissance du premier univers

A combien de « tours de manège » en sommes –nous ?

(Et le multivers dans tout cela ?)

(04/11/2013)

                                                                   ***

La métempsycose ? La réincarnation des âmes ? Quelle « foi » y accorder ?

Moi, je me rappelle que lorsque j’avais 5 ans et que me venait mes premières pensées –pas encore quoi que des réflexions – sur la mort, j’avais, à 5 ans, l’impression d’avoir vécu bien plus longtemps que 5 ans ! Il est vrai que quand on est enfant, on n’a pas la même notion du temps ! Et la légende du « baiser de l’ange » qui nous effacerait nos souvenirs de nos vies antérieures ?

L’oubli est nécessaire à la construction de la mémoire et de l’identité – à l’échelle d’une seule existence – et de plusieurs ?

Deux potes à moi, des intellos des bacs à sable, ont eu une conversation dans le bus, dont je me souviens, à la fin des années 1980, du temps du lycée ; Ils expliquaient qu’ils avaient l’impression de connaître déjà des lieux où ils ne sont jamais allés.

Mais il faut remarquer que de par la culture qu’il acquiert, par ses lectures, l’individu curieux de nature possède une mémoire antérieure à sa naissance. Par exemple, je n’ai pas vécu la Seconde Guerre mondiale mais j’en ai des images par les documents historiques que j’ai lu ! C’est par l’écrit que l’homme entre dans l’histoire. D’où aussi mon journal comme témoignage et fil rouge pour ma famille !

(18/11/2013)

                                                                   ***

La bêtise, ce n’est pas tant le manque de culture mais plutôt d’avoir des certitudes !

« Tout ce que je sais c’est que je ne sais rien ».

Attention toutefois à ne pas tomber dans la fausse modestie. Pourquoi se cacher que l’on a une grande culture lorsque c’est effectivement le cas ! Moi et mes nombreuses lectures : entre 2 et 5 romans/essais par semaine !

(18/11/2013)

                                                                 ***

Le but de la quête de la connaissance n’est pas d’acquérir une érudition absolue, ni même d’approcher la Vérité mais plutôt de combattre ses propres certitudes.

Je me rends compte que cela peut être déstabilisant !

Le sage est plus « perdu » que l’ignorant !

(19/11/2013)

                                                                 ***

La Vie a-t-elle un sens ? En tout cas, elle est complexité !

(20/11/2013)

                                                                 ***

Dans les temps antiques, le cosmos, les dieux et les passions humaines étaient reliés. Puis, il y a eu compartimentation – et désenchantement ? – dans leur étude.

Avec les plus récentes découverte de la Physique – Le Big Bang, le multivers, la science se mêle de nouveau au religieux – est-ce un bien ? Un mal ?- au philosophique et au métaphysique ! Un retour de la transdisciplinarité que j’appelle de tous mes vœux – pour mieux approcher la complexité du réel !

(25/11/2013)

                                                                 ***

J’imagine – ou plutôt, j’en ai rêvé – que l’avenir du cinéma et du jeu vidéo se situe dans une sorte de « 3D Max Interactive », au croisement entre technologie Wii, holographie en couleur et possibilité de déplacer des objets sur des interfaces en « solide » à la manière de Minority Reports ou des films Marvel Iron Man ou Agents of Shield !

On visionnerait un film de manière nouvelle, on se déplacerait dans le décor, on pourrait même bouger les objets mais, dans le cas d’un film – et pas d’un jeu vidéo ! – on aurait un message d’erreur si on déplace un objet dont le héros a besoin !

Visionnaire !

(29/11/2013)

                                                                    ***

Être lucide sur le monde rend-t-il plus heureux ?

(01/12/2013)


C'est tout pour cette fois ! A bientôt !

(Libre à vous de creuser ces pistes de réflexions en commentaires ! J'y répondrais volontiers !)

Des Réflexions à foison - VII

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La tentation du Bien est beaucoup plus dangereuse que celle du Mal - Boris Cyrulnik & Tzvetan Todorov

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Je vais maintenant vous parler d'un petite brochure publiée par Le Monde - d'une cinquantaine de pages à peine et qui se lit en une demie-heure, La tentation du Bien est beaucoup plus dangereuse que celle du Mal ! ! Il s'agit d'une entrevue menée par le journaliste Nicolas Truong auprès de Boris Cyrulnik et de Tzvetan Torodov. C'est supposé être un "dialogue" mais je n'ai pas trouvé que ça dialoguait beaucoup ! Une demie-douzaine de question sont posées et chacun apporte plutôt sa réponse de son côté.

Présentons d'abord les intervenants !

Boris Cyrulnik est psychiatre et inventeur du concept de "résilience" qui est en quelque sorte la capacité que nous avons à dépasser nos traumatismes. Né dans une famille d'immigrés juifs en 1937, Cyrulnik est l'un des deux seuls survivants de la Rafle du 10 janvier 1944 à Bordeaux. On voit bien le rôle du traumatisme dans sa vie. Sa capacité aussi à parler du mal !

Tzvetan Todorov est né en 1939 à Sofia en Bulgarie et a rejoints la France en 1963. Il est surtout connu comme sémiologue, s'inscrivant alors dans la veine du structuralisme, pour s'en détourner plus tard et aborder des questions plus d'éthique. Todorov a grandi dans l'ex-Bloc Soviétique et a donc connu la dictature. S'intéressant aux Formalistes russes, étudier la forme lui permit dans un premier temps de ne pas s'engager sur le plan politique, ce qu'il fera plus tard ! Todorov est décédé le 7 février 2017.

La première question concernent les héros qui ont permis à ces deux érudits de se structurer. Cyrulnik évoque la figure de Tarzan, modèle de force, qui lui a fourni un certain réconfort dans les camps des S.S. Todorov, lui, est plus méfiants vis-à-vis des figures héroïques telles celles mis en avant par le régime soviétique ! Il avoue sa  préférence pour des figures de résistants comme Germaine Tillion.

Sont évoqués ensuite la possibilité de héros bénéfiques ou maléfiques et la tentation du Bien ou du Mal. Il ressort que bien peu de gens -hormis les psychopathes ! - choisissent comme modèles des êtres malfaisants mais nos deux intellectuels sont d'accords pour dire qu'on a commis les pires atrocités en voulant faire le Bien ! Hitler voulait exterminer plusieurs populations au nom du Bien du peuple aryen, même genre de motivations chez Staline ! Comme on dit, "l'enfer est pavé de bonne intentions !". Mais il faut aussi éviter tout manichéisme !

La question de l’idéologie est essentielle. Une idéologie est en quelque sorte une pensée simplifiée, souvent dogmatique, un vade mecum. Tout est parti de travers lorsque les idéologies de "l'Un" sont apparus comme le Dieu Unique, le Parti Unique, qui font que tous les autres sont vus comme des mécréants qu'il devient légitime d'éradiquer - la porte du fanatisme ! La perversité, selon Deleuze et Lacan, c'est "vivre dans un monde sans autre".

Dans cette optique et contrairement à ce que disait Manuel Valls, il faut chercher à expliquer les phénomènes de société, y compris le terrorisme - expliquer, ce n'est pas excuser, c'est comprendre pour mieux combattre ! Par contre, je ne suis pas d'accord avec Todorov lorsqu'il dit que les djihadistes œuvrent pour le Bien - c'est sans doute l'idée qu'ils ont en tête concernant leurs propres actions mais ce n'est pas la réalité - enfin c'est sans doutent ce que voulait dire Todorov !

Face à une jeunesse et un peuple perdus, il y a besoin de contre-récits, de récits structurants ou encore d'encadrement comme pouvaient l'être les Jeunesses Communistes ou les Jeunesses Catholiques après guerre ! On note avec nos intervenants une certaine déprime du peuple français du fait que nous ne sommes plus une puissance mondiale !

L'entretien est suivi par une courte biographie-hommage à Tzvetan Todorov qui retrace son parcours.

Voilà, c'est intéressant mais c'est un peu court ! On n'apprends vraiment rien de nouveau mais cette brochure peut être une porte d'entrée vers les œuvres de ces deux hommes.

A bientôt !

La tentation du Bien est beaucoup plus dangereuse que celle du Mal - Boris Cyrulnik & Tzvetan Todorov

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L'Histoire de l'art vue par Hegel - L'art symbolique

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Hegel est un philosophe ardu à lire mais tellement brillant ! Nous allons aujourd'hui nous intéresser à ses théories sur l'art. L'Art, pour Hegel, relève avec la Religion et la Philosophie, de l'Esprit absolu qui succède lui-même à l'Esprit subjectif et à l'Esprit objectif.

L'art qui va nous intéresser ici, pour illustrer notre propos, est l'architecture  - c'est un art du dessin - comme la sculpture et la peinture, dans lequel notamment Michel-ange a brillé à la Renaissance. Pour Hegel, l'architecture est un langage, et c'est à ce titre qu'elle est un art, quand elle se différencie des productions purement fonctionnelles. Elle est alors dite autonome, ce qui se produit lorsque la fonction et la forme ne sont pas séparées ! Ou encore quand elle ne sert pas seulement à satisfaire des besoins pratiques !

L'architecture devient autonome et langage, lorsqu'elle communique certaines représentations qui façonne l'"extériorité sensible", l'espace que nous percevons autour de nous, dans les trois dimensions !

L'art permet de manifester l'Absolu et il a longtemps été associé à la religion. Hegel considère alors que c'est au moment où il est associé au religieux que l'art est le plus libre. L'art est mis au service des dieux, manifeste l'Absolu mais en réalité, à travers l’œuvre d'art, c'est lui--même que l'artiste exprime !

L'art imite-t'il la nature ? Au départ, peut-être ! Se référer à la "religion des fleurs" en  Inde ! C'est une première étape de l'art symbolique ! Puis il s'en affranchit en géométrisant les formes. C'est la seconde étape de cet art symbolique !

L'Histoire de l'art et de l'architecture comprends trois âges pour Hegel : l'âge symbolique, l'âge classique et l'âge romantique. On part de formes lourdes qui vont s'affiner ! Nous allons nous intéresser aujourd'hui à l'art symbolique avec l'architecture égyptienne.

Dans l'art symbolique, à travers l'architecture, le contenu spirituel de la représentation est d'abord général et abstrait. Il y a chez les Égyptiens, auxquels nous allons nous intéresser, une géométrisation des formes et de la nature - même dans la représentation des personnages ! Mais le plus bel exemple est la pyramide qui a une forme de tétraèdre et qui est un universel abstrait avec un côté spirituel : le tombeau d'un Pharaon.

En réalité, l'architecture est l'art symbolique par excellence ! La pyramide est une représentation de l'Absolu alors que par la suite, dans l'art classique, avec le temple grec, on a affaire à une construction qui contient une représentation de l'Absolu.

La pyramide est l'exemple parfait d'une œuvre symbolique (au sens historique), car, si elle possède une figure, c'est une figure abstraite. Certes elle est un tombeau mais elle existe de manière autonome par rapport au tombeau.

L'architecture est un langage muet qui gagne en autonomie. Les architectures doivent demeurer des symboles et pas seulement des signes. Elles communiquent donc des représentations mentales.

Je vous parlerais prochainement de l'art et de l'architecture classiques !

A bientôt !

PS : Pour concocter ce billet, je me suis appuyé sur les cours de Philo/ Esthétique que je suis à la fac, et d'un blog intitulé "Le phiblogZophe" consacré à la photographie, à l'architecture et au cinéma - et à Heidegger !

L'Histoire de l'art vue par Hegel - L'art symbolique

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Des Réflexions à foison - VI

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Je vous livre ici à nouveau quelques unes de mes pensées ! Et oui ! Je réfléchis parfois !


Le Monde est dans notre Esprit.

(14/10/2013)


Pour accéder à des vérités supérieures comme une prise de conscience de son soi, il faut un « déphasage » ! Ainsi lors de crise, il faut un déphasage – recul- par rapport à la société (cas des marginaux, des précurseurs, des révolutionnaires…) et pour se connaitre soi-même, la maladie mentale peut constituer ce genre de déphasage ! A condition d’un retour à la « normale » après ce déphasage. Prise de conscience puis retour critique !

(17/10/2013)


La souffrance apparaît avec la Vie et le mal avec l’Homme.

(18/10/2013)


L’individu est riche d’altérité. Sans même prendre en considération l’inconscient, on n’est jamais le même à aucun moment de sa vie et de plus, nous portons des masques sociaux en fonction de nos interlocuteurs !

(20/10/2013)


Ce sont les gens qui ne savent rien qui ont des certitudes.

La connaissance entraîne le doute

(Et le doute détermine la connaissance. Descartes ?)

(26/10/2013)


Comment appréhender Dieu et les intermondes ? Plus généralement l’Invisible ?

Il y a des choses que la science ne peut prouver car elle se base sur l’expérimentation et sur ce qu’elle voit ! Or ces choses précitées sont-elle des réalités … ou pas du tout du fait qu’on ne peut les « toucher » par nos sens, par une méthode empirique.

La science se fonde-t-elle sur l’empirisme. Sur l’observation oui !

Ressortent-elle donc à contrario de notre imagination ? Peut-on les former dans notre esprit comme des idées ?

Les idées de Platon. Idéalisme et empirisme. Idéalisme et matérialisme. Matérialisme et empirisme…

Un autre sujet à creuser !

(27/10/2013)


Pour être heureux, il faut croire en quelque chose de supérieur à soi.

L’Humanité !?

(28/10/2013)


Peut-on imaginer que la matière, l’Univers et tout ce qui est soit né du rien ?

Comment concevoir ce rien qui précède l’existence de l’Univers ? Dès lors qu’on tente de l’imaginer, on tente de se le représenter donc on donne une forme – et un nom – à ce qui n’en a pas !

Or le point zéro est indicible. Peut-être même – en tout cas dans l’état actuel de nos sciences – par les mathématiques !

(01/11/2013)

Sur ces mots - pleins de sagesse ? - que je livre à votre sagacité, je vous dis à bientôt !

Des Réflexions à foison - VI

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Idées directrices pour une phénoménologie - Edmund Husserl

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La phénoménologie transcendantale est la grande affaire d'Edmund Husserl. Notre homme n'est pas philosophe de formation et pourtant son objectif est d'établir la philosophie comme une science au même titre que les mathématiques ! La phénoménologie est une méthode.

En 1913, dans son gros ouvrage dont le titre complet est Idées directrices pour une phénoménologie et une philosophie phénoménologique pure - et son premier tome "Introduction générale à la phénoménologie pure" - Husserl pose pour la première fois une première définition et présentation systématique de ce qu'est la phénoménologie qu'il distingue de la psychologie empirique d'alors ! Le spectre de la première discipline étant plus large que celui de la seconde.

Il s'agit de se détacher de l'"attitude naturelle", notre façon naïve de percevoir et d'appréhender les choses, compréhension spontanée et immédiate - et fautive de ce fait ! - du monde. En effet, l'expérience et la conscience naïves envers le monde ne sont pas dénuées de préjugés !

Husserl distingue immanence - ce qui est dans la conscience et donné absolument - et la transcendance - ce qui est hors de la conscience et non donné absolument ! Ce livre d'Husserl est un prolongement à Descartes et une réponse à la Critique de la Raison Pure  de Kant ! Pour le philosophe de Moravie, le monde s'explique par l'activité du sujet ! C'est le sujet qui donne un sens aux choses, qui cherche à dégager la rationalité du monde. Ce n'est pas le monde qui explique le sujet mais plutôt l'inverse !

Les Idées de la phénoménologie comporte quatre sections !

Dans la première section, Husserl porte son attention sur la connaissance des essences ou comment passer de l'observation de faits particuliers simples à la saisie des essences ? Le texte présent est donc bien une épistémologie, fonder la philosophie comme une science ! On est au delà du simple principe de l'induction toutefois.

Comment passer de l'observation particulière de mon moi ou du moi d'autrui à l'essence de la subjectivité ?

Cette préoccupation pour les essences nous rapprochent des considérations mathématiques, discipline qui s'intéresse par définition aux essences, le triangle idéal, le carré idéal etc,... Les faits bruts n'ont pas de sens en philosophie - sauf à rester dans le dogmatisme ! Il faut s'en arracher, en tirer le sens et synthétiser  -comme on synthétisera nos différentes perceptions et souvenirs...

La deuxième section contient des descriptions proprement phénoménologiques : comment pouvons-nous avoir accès aux choses telles qu'elles se donnent ?

C'est possible en mettant entre parenthèses l'attitude naturelle - de là on découvre l'ego ! Dans cette section, Husserl pose tous ses concepts fondamentaux : intentionnalité, réduction ego, transcendantal,... Husserl va aussi plus loin que Descartes dans l'analyse du "je" et ne le fais pas reposer sur Dieu !

Dans la troisième section, sont introduits les notions de noème - l'objet constitué en tant que sens par la conscience - et de noèse - l'acte de l'esprit qui rends possible ce genre de constructions ! Souvenir, perception et imagination sont ainsi trois types de noèses !

Enfin, dans la quatrième et dernière section, Husserl réponds aux objections qui lui ont été faites ! La réduction phénoménologique ne fait rien perdre au monde et permets au contraire d'expliquer le monde notamment le temps - la rétention ! - et l'espace - le corps !

Le monde ne se comprends qu'à partir du mode de données et la phénoménologie permets aussi une ontologie, un accès à l'être ! Heidegger, l'autre tenant de la phénoménologie - quoiqu'un peu différente de celle de Husserl - mettra cette question ontologique au cœur de on ouvrage majeur Être et Temps !

Voilà, la pensée de Husserl est éminemment complexe mais diablement intéressante !

A bientôt !

Idées directrices pour une phénoménologie - Edmund Husserl

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Les Penseurs de la Cause Animale

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La façon dont nous traitons les animaux en dit souvent long sur nous, sur notre humanité, notre rapport au monde et aux autres. Que l'on fasse partie des "30 Millions d'amis" ou que l'on exploite sans vergogne les bêtes, nous avons des responsabilités vis-à-vis des animaux. Progressivement, nous prenons conscience que l'animal a une sensibilité et peut souffrir et nous reconsidérons le grand mensonge que nous nous cachons à nous-même, la réalité des abattoirs tandis que le végétarisme et le véganisme trouvent de plus en plus d'échos !

L'homme a longtemps considéré l'animal comme lui étant inférieur ! Le pli est posé dès les textes du premier Monothéisme. En effet, dans le Judaïsme et les écrits de la Genèse, il est posé que les bêtes sont mises à disposition d'Adam et qu'une fois le Pêché originel introduit, l'homme a le droit de consommer les animaux et de les mettre sous le joug. Fini le temps de l'Harmonie et de la coexistence pacifique !

Pourtant, par la suite, les penseurs juifs comme Moise Maimonide établiront que "la connaissance de Dieu est préférable aux holocaustes" et on "ne fera point cuire un chevreau dans la lait de sa mère".  On ne sacrifie plus les bêtes sur les autels et on préfère la prière intérieure et le recueillement.

Découlent aussi de la tradition et du canon, dans le Judaïsme, moins dans le Christianisme mais à nouveau dans l'Islam un certain nombre d'interdits alimentaires : porcs, fruits de mer etc,...

Chez les Grecs, la problématique de l'animal commence avec Pythagore. Tuer un animal est commettre un crime effroyable car croyant en la réincarnation, les pythagoriciens affirme que tuer une bête est comme tuer un père ! On retrouve pareille pensée dans les religions de l'Orient, comme le Bouddhisme !

Pour les Stoïciens, l'animal est dépourvu de raison qui est l'apanage de l'Homme. Tout relève d'une harmonie cosmique, œuvre des Dieux et chaque chose est à sa place et à son utilité. L'animal a un rôle à jouer et est un "miroir de la nature". Il est aussi "au service de l'Homme".

Platon établit que, hormis celles qui sont inertes, chaque chose a une âme, en découle une hiérarchie des âmes. L'âme est vu comme un attelage ailé dans le Phèdre, peut se réincarner en animal suivant sa nature dans le Phédon et a trois parties dans la République.

Aristote décrit une âme végétative, sensitive et intellectuelle. L'âme est ce qui anime et informe le corps.Aristote a beaucoup écrit sur les animaux notamment une Histoire des animaux et il établit qu'il y a une continuité d'une espèce à l'autre qui passe par d'infimes variation, une "échelle des êtres".

Théophraste, ami et collaborateur de son mentor Aristote fut véritablement le premier penseur à manifester une amitié réelle envers les animaux avec lesquels les hommes forment une "véritable famille" Nous leur sommes "apparentés" " dans la même maison". Les bêtes sont pour lui aussi animées de sensations et de désirs. Les hommes sont devenus insensibles et s'arrogent le droit de tuer les animaux - cette opinion est aussi partagée par Plutarque. Aux sensations et désirs que posséderaient les bêtes selon Théophraste, Plutarque rajoute les sentiments , l'intelligence - déjà décrites chez eux par Aristote - et enfin l'imagination.

Pour Porphyre, ce sont de "mauvaises habitudes" qui ont poussé l'Homme à devenir le plus cruel des animaux ! Après Théophraste et Plutarque, Porphyre élargit la gamme de capacités des animaux et comme son maître Plotin pense que le corps - et donc la consommation de viandes - alourdit l'âme de l'Homme !

Quittons l'Antiquité pour aborder la Renaissance - qui est une redécouverte des textes antiques ! Montaigne le premier fait un éloge des bêtes dans un passage fort célèbre de L'Apologie de Raymond Sebond, où il place les hommes et les animaux sur un pied d'égalité ! Les animaux possèdent des capacités remarquables qui dépassent même dans certains cas les nôtres ! Les bœufs et le chiens sont capables de compter, les fourmis et les abeilles font des sociétés complexes, les éléphants ont de la mémoire, etc,... L'auteur des Essais  multiplie les exemples dans ce texte sur lequel j'ai par ailleurs travaillé durant mes études de Lettres !

Les choses se compliquent avec Descartes qui marquent un grand retour en arrière ! Le Penseur de la Haye voit le monde selon la dualisme de la chose pensante et de la chose étendue (res cogitens  et res extensa). Le monde n'est alors plus qu'un gigantesque mécanisme d'horloge dans lequel les animaux - qui n'ont pas le langage, ne penseraient pas -  et sont donc des machines. Ils ne sauraient ressentir les choses ! On peut donc frapper son chien comme l'affirmera Malebranche puisqu'il ne ressent pas la souffrance ! Cela nous parait impensable aujourd'hui - et révoltant !

Les Quakers sont à l'opposé de cette pensée. L'argument de cette secte religieuse dérivée du Protestantisme est théologique. Pour eux, la présence de Dieu se fait ressentir dans tout être vivant et donc on doit le respect à chacun de ces êtres ! Chaque créature désire avoir son droit naturel.

La Mettrie, athée et libertin du Siècle des Lumières, provoque le scandale avec son ouvrage L'Homme-machine. Il retourne l'argumentaire de Descartes en posant que l'Homme - qui a la pensée - n'est lui aussi qu'un automate perfectionné ! Dès lors pourquoi dénier la pensée aux animaux ? Ceci choquera profondément l’Église pour qui l'Homme tient une place éminente dans la Création.

Condillac démonte aussi les théories de Descartes sur les animaux-machines. S'appuyant sur Hume, il analyse les différences entre sensation et réflexion et pose que la sensation est l'unique source de la connaissance, en bon empiriste. La différence entre l'Homme et l'animal est que, contrairement à ce qu'on croit, seuls les hommes s'imitent les uns les autres - perfectionnant ainsi leur connaissance, les animaux, eux, ne font que réagir de la même façon dans un nombre de situations limitées !

Jean-Jacques Rousseau avance quand à lui que l'on a nul besoin de faire souffrir les animaux, la Terre regorgeant d'autres ressources ! Le droit des bêtes à ne pas souffrir ne doit pas reposer sur la présence ou non de telles capacités sensibles ou intellectuels chez elle mais sur le ressort de la pitié ! Si on veut manger un bœuf, il faudrait l'égorger nous-même et ne pas se cacher la réalité et déléguer la sale besogne ! Avec le philosophe suisse, apparaît la critique de l'alimentation carnée dans notre modernité !

Emmanuel Kant lie lui les obligations que nous avons avec les bêtes dans les obligations que nous avons avec nos semblables. Il faut faire "comme si" les bêtes étaient des personnes humaines. Or pour Kant, l'homme est une fin et non un moyen. qui se comporte mal avec une bête se comportera mal avec un homme !

Arthur Schopenhauer - dont on savait l'amour pour son caniche ! -  porte de violentes accusations contre le Judéo-Christianisme qu'il accuse d’avoir rendu les hommes cruels à l’égard des animaux par son anthropocentriste ! L'Homme n'est pas le seigneur de la terre et les bêtes ne sont pas un produit à notre usage !

Jeremy Bentham introduit l'Utilitarisme dans le débat animal. Selon lui, il faut raisonner de manière pratique en termes de recherches de plaisir et d'évitement de désagréments et de souffrances ! Il ne s'agit alors pas tant de renoncer à ou d’interdire l'alimentation carnée mais d'éviter le maximum de souffrance à l'animal en lui infligeant une mort rapide et indolore.

Charles Darwin va secouer encore plus fort les institutions religieuses en abolissant la frontière entre l'Homme et l'animal. En effet, si l'Homme descend du singe, il est lui-même un "Homme-animal" ! Scandale ! Et cela oblige à reconsidérer les capacités et les droits des uns et des autres !

Passons pleinement dans la Modernité dans un troisième temps ! L'idée du végétarisme va peu à peu émerger dans nos société ! Ainsi le Russe Léon Tolstoï prône celui-ci afin pour l’Homme de trouver sa voie morale. On en doit pas tuer les bêtes ! il faut savoir d(où vient le poulet qu'on a dans notre assiette, la souffrance qu'il enduré ! En finir avec l'hypocrisie institutionnalisée ! Pour un végétarisme éthique ! Henry Stephens Salt prends acte de l'émergence de ces nouvelles pratiques alimentaires et montre pour appuyer le mouvement que la consommation de viande n'est pas un impératif biologique ! Le mouvement pour aller "de la Barbarie à l'Humanité" est en marche !

On commence à considérer véritablement le point de vue de l'animal, notamment avec Jacob von Uexkull qui analyse que chaque bête à son expérience du monde propre et singulière. Heidegger et Deleuze s'en souviendront ! On en peut donc définitivement pas comparer l'animal à une machine ! Enterré Descartes !

Les notions opposées de "spécisme" et anti-spécisme" sont introduites par Peter Singer et son ouvrage de référence La Libération animale. Comme il y a un racisme, il y a un spécisme, a tendance à classer le monde vivant en espèce et à établir une hiérarchie ! Pour singer, l'élément qui confère des droits aux animaux n'est pas la capacité à raisonner ni la même la force physique mais la capacité à ressentir, l'aptitude à la souffrance qui est commune à tous. Un principe d’égalité !

Carol J. Adams établit, elle, un parallèle intéressant et pertinent entre les luttes du féminisme et du végétarisme, ayant constaté dans les années 1970 que nombre de féministes étaient également végétariennes ! Le dénominateur commun est que dans les deux cas, on a une opposition à une tentative de domination masculine. Que l'on pense aux publicités pour les hamburgers qui utilisent l’imagerie "Pornochic" !

Tom Regan mélange les approches de Kant - l'animal n'est plus un simple moyen ! - et utilitariste de Bentham ! Les animaux voient là encore leur sensibilité réaffirmée et ils faut éviter de les faire souffrir.

On entre alors dans un processus de codification et de légifération du Droit animal, notamment avec Martha Nussbaum qui pose "dix règles pour le bien-être animal" parmi lesquelles la santé physique, le sens, l’imagination et la pensée, les sentiments, la raison pratique ou encore l'affiliation.

Jacques Derrida dans un texte publié après 2004 - donc de manière posthume -, attaque violemment notre attitude vis-à-vis des bêtes ! Le philosophe qui se sentait gêné nu devant son chat dénonce l'"exploitation d'une survie artificielle à des fins d'exploitation interminable"  - en clair engraisser les vaches, les porcs, les poulets indéfiniment dans des élevages afin de les abattre - souvent non sans une forme de cruauté ! Derrida fait même un parallèle choquant avec la Shoah pour mieux marquer les esprits !

On doit donc, et c'est le cas avec Sue Donaldson et Will Kymlicka, reconsidérer les Droits des animaux et leur donner de nouveaux statuts ! Ces deux derniers auteurs que nous aborderons proposent une classification entre animaux domestiques et animaux sauvages - auxquels ils ajoutent les animaux liminaires - entre deux ! - tels les rats, les souris, les pigeons,etc,...

Récemment, des groupes d'activistes telle l'organisation L214 - qui filme clandestinement dans les abattoirs afin de dénoncer les conditions de mises à mort - sensibilisent de plus en plus à la cause animale. A priori, je ne suis pas prêt à renoncer aux steaks au poivre que me prépare mon paternel les samedis midis mais je dois avouer que de telles démonstrations de cruauté envers les bêtes d'élevages font réfléchir ! Il n'est pas inenvisageable que je réduise ma consommation de viandes dans un premier temps !

Le discours végan - qui banni toute exploitation de l'animal - y compris la fourrure, la laine, la chasse, la corrida, les produits pharmaceutiques testés sur l'animal et l'expérimentation animale - semble plus cohérent que le végétarisme ! Mais est-ce tenable dans nos sociétés de carnivores/omnivores !? Enfin cohérent dans une certaine mesure et limite ! En effet, la science découvrant que les plantes ont aussi une sensibilité et des intérêts, cela a l'air d'une blague mais que faire du "cri de la carotte" ? Et les robots ? N'exploitons-nous pas avec l'intelligence artificielle - à l'aube du transhumanisme - une autre forme d'êtres vivants ?

C'est un vaste débat philosophique et de société qui est loin d'être clôt !

A bientôt !

PS : Ce billet a été réalisé avec l'aide précieuse du Hors-série Le Point Références N°69 de juin-juillet 2017 - "L'Homme et l'Animal - Les textes fondamentaux" dont il constitue un compte-rendu !

Les Penseurs de la Cause Animale
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L'Empire des anges - Bernard Werber

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L'Empire des anges est la suite directe du roman de Bernard Werber, Les Thanatonautes et donc le deuxième tome de la duologie du Cycle des anges.

On y retrouve le personnage de Michael Pinson qui explorait précédemment le continent des morts et a trouvé la sienne dans un accident d'avion à la fin du volume précédent. Dans L"Empire des anges, le héros se retrouve en quelque sorte "réincarné" sous la forme d'un ange !

On retrouve dans ce roman l'idée d'"ange-gardien" puisque Michael se voit confier la destinée de plusieurs humains qu'il va devoir guider ! Ces humains sont au nombre de trois : Venus, une actrice américaine sujette aux migraines, Igor, un soldat russe roi du poker et Jacques, un angoissé chronique. Son mentor, Edmond Wells, a bien expliqué les règles du jeu à Michael et celui-ci devra exaucer tous les vœux de ses protégés, aussi aberrants soient-ils !

En soi, suivre la destinée, de ces trois humains, avec toutes les péripéties d'une vie est assez passionnant ! Werber recyclera cette idée dans le cycle suivant, le Cycle des dieux, où Michael Pinson se verra confier les rênes de toute une civilisation ! Ça a quelques côtés, Les Sims en réalité, jeu sorti à la même époque il me semble et qui a peut-être inspiré notre auteur ?

Le roman pose aussi la question : "Y- a-t'il des paradis extraterrestres ?".

Werber évite soigneusement de nous livrer ses croyances personnelles et se base sur un tas de mythologies et religion, notamment celles qui reposent sur l'idée de réincarnations et/ou de tribunal des âmes ! On pense au Bouddhisme où à l'ancienne religion égyptienne ! Le but dans le roman étant là encore de sortir de ce cycle des réincarnations, en se perfectionnant, et d'atteindre à la Béatitude !

C'est au final du bon Werber ! J'ai lu ce roman il y a presque une décennie et me rappelle l'avoir lu assez rapidement, pris par l'intrigue ! En fait, cela se lit même trop vite et on en redemande !

Je vous donne rendez-vous pour une analyse du Cycle des dieux !

A bientôt !

L'Empire des anges - Bernard Werber

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Cratyle - Platon

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Nous allons maintenant parler d'un dialogue de Platon - dont j'ai pour la première fois entendu parler en Licence L1 de Lettres modernes, dans un cours sur les Surréalistes en 2008  - ce texte, c'est le Cratyle.

Socrate s'engage dans ce dialogue dans une discussion avec Hermogène et Cratyle portant sur le langage et plus précisément sur la question de la rectitude des mots.

Le mot qui désigne la chose est-il la chose ? Hermogène pose d'abord que le langage dérive d'une convention et d'un arbitraire - ce qu'on ne peut nier ! Toutefois, si on va au bout des conséquences de cette proposition, il pourrait alors exister un langage "public" où chacun désigne les mêmes choses des mêmes noms - et un langage "privé" où chacun désigne les choses pour lui-même avec les termes que lui seul à choisi ! Une idée qui intéresserait Ludwig Wittgenstein qui a montré que le langage était un collectif et qu'un langage privé ne pouvait exister faute de références communes !

La question du langage est sous-tendue par la problématique du vrai et du faux. En effet, le langage permet d'établir la vérité ou du moins de tenter de la cerner. Si le langage est relatif, propre à chaque individu - chacun son langage - cette vérité inaccessible. La connaissance naît du partage et de la confrontation !

Or les activités humaines ne se font-elles que par rapport à leur propre valeur ou à l'opinion qu'on en a ? Par rapport à leur valeur ! Aussi pour "tisser", il faut un instrument propre à cette activité, déterminé par sa valeur, une navette et pour "nommer" un instrument qui est le mot. Il apparaît alors qu'il faut un spécialiste des mots, un législateur. Par ailleurs, l'instrument doit s'adapter à l'usage, à chaque cas ! On signalera au passage la parenté étymologique entre "tissage", "tisser" et "texte" fait de mots !

Le législateur institue le langage qui se forme ensuite et se constitue par l'usage, aussi bien chez les Grecs que chez les Barbares.

Socrate pose ensuite qu'il y a une recherche naturelle de dénomination. Homère intervient ainsi que  la tradition.

Les Dieux font un usage correcte des noms, avec les dénominations correctes des choses. Car de fait, les Dieux sont plus raisonnables que les hommes. Les noms donnés par les Dieux reposent en outre sur une étymologie plus appropriée ! Les noms manifestent une réalité ! La nature des choses.

Socrate multiplie alors les exemples de noms de héros dans Homère et  décompose leur étymologie pour montrer qu'ils correspondent bien à leurs caractères ! Exemples tirés d'Hésiode aussi ! Socrate décompose ensuite les noms de "Dieux" (theon - celui qui  court à l'image des dieux primitifs, le soleil et la lune), "Démons" et "héros" (qui provient de eros, l'amour entre un Dieu et une mortelle - ou encore d'eroteticos, l'orateur).

Socrate affirme ensuite que de nouveaux mots sont formés en ajoutant/ retranchant des lettres ou des syllabes. Le langage s'altère,  évolue au cours du temps, par l'usage, fixé par le législateur.

Viennent ensuite des explications de Socrate sur les noms : "homme" - anthropos (celui qui fait l'étude de ce qu'il voit), "âme" - psyche et "corps" -  soma (le "sépulcre" - sema - de l'âme). Puis des explications sur les noms des divers Dieux ! Ce Cratyle est donc un texte de référence pour un certain nombre d'étymologies de termes et de concepts ! Après les Dieux, les éléments, la division du temps, les astres, des concepts et des qualités ayant trait à l'âme et à la pensée ! Il semble toutefois utile que le lecteur ait des rudiments de grec ancien, matière de moins en moins enseignée dans nos écoles !

Socrate montre aussi par ailleurs les emprunts de mots d'un peuple à l'autre, entre les Grecs et les Barbares - ce qui en rends plus difficile l'analyse étymologique.

Quantités de termes sont analysés dans ce texte qui  se révèle en fait très technique ! Hélas, ne m'y connaissant pas en grec ancien, je ne suis pas à même de dire si les "interprétations " de Socrate sont hétérodoxes - voire farfelues ! - ou pas ?

Reste la question des noms primitifs dont dérivent toutes les étymologies précédentes. Socrate pose que ceux-ci procèdent par imitation - et dans un rapport au corps ! On dénomme en imitant par la voix. Les choses ont en effet une sonorité ! Et une couleur ! Mais, en matière d'imitation, il ne s'agit pas ici de musique ou de peinture ! Il s'agit d'imiter les "essences" ! Les sons et les lettres imitent les choses ! Par la suite, Socrate recours aussi  à des exemples.

On retrouve ainsi dans le Cratyle, sous- jacent, l'idée d'une langue Adamique ou Edenique qui donne aux choses leurs véritables noms.

Le dialogue se clôt enfin par un échange entre Socrate et Cratyle - resté muet jusque là, sur les critères de vérité (le langage énonce toujours le vrai car le faux ne se dit pas !), sur l'imitation,  qui reprennent, synthétisent et approfondissent ce qui a précédé dans le texte. Le critère de vérité résulte de l'adéquation entre la chose et son imitation. Socrate questionne enfin sur le statut de l'image née de l'imitation, propos récurrents dans l'oeuvre de Platon. L'image est inférieure à la réalité (qui sera elle inférieure à l'Idée !).

Un dialogue qui a ainsi trait à l'Epistémologie chez Platon et avec lequel nous complétons et terminons notre analyse de tous les textes de l'Edition Pléiade de Platon établie par Léon Robin !

A bientôt !

Cratyle - Platon

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Euthydème - Platon

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Attardons nous maintenant sur le dialogue de Platon - mettant comme toujours en scène son maître Socrate, le" Père de la Philosophie" - dialogue intitulé Euthydème, nouvelle attaque en règle contre les sophistes ! On connaît les arguments de Platon qui les accuse de travestir la vérité - voire de ne pas la rechercher, de se faire payer pour leur enseignement et surtout pour plaider aussi bien "blanc" que "noir" sans distinction !

Ce dialogue a pour sous-titre De l'Eristique ou encore Le Disputeur dans l'Edition de la Pléiade établie par Léon Robin (Tome I). Il traite du genre réfutatif qui est un genre de discours. Socrate y rencontre deux sophistes "au savoir prodigieux", Euthydème et Dionysodore. Si Socrate/Platon semble faire leur éloge au début du texte, il porte un jugement sévère contre eux dans l'Epilogue du dialogue !

Le texte est construit comme un récit enchâssé où Socrate raconte à son ami Criton, philosophe athénien du Vème siècle avant J.-C. sa conversation avec les deux sophistes alors en présence de Clinias et Ctésippe, échange duquel Criton n'a pu entendre un traître mot, étant trop loin dans la foule !

Je vous avouerais que ce dialogue me pose problèmes n'ayant rien compris aux échange sur le "savoir absolu" possédé "de tout temps" par les deux sophistes (est-ce une allusion à la réminiscence et au Ménon ?) et à la partie sur les pères de tous les hommes ! Platon effectue-t'il là une démonstration de l'absurde du discours des sophistes ? Je n'en suis pas sûr ?

Conformément à un dialogue précédent - encore le Ménon ! - on s'interroge quant à savoir si la vertu s'enseigne, ce que prétendent professer les deux sophistes du texte et même bien plus ! Socrate réfute alors que ceci n'est qu'une question de définition et de justesse des mots ! On sait que Platon a soucis de faire oeuvre d'épistémologie - là encore par apport à la vérité ! - et ce problème du langage s'inscrit dans une problématique de bannir l'herméneutique (ce dont il sera question dans d'autres textes - en particulier La République) - pour la remplacer par la calculabilité ! Mais bon cela dépasse le cadre du dialogue présent ! Et cela prouve en tout cas que l'on peut jeter des passerelles entre les textes du corpus platonicien et la cohérence de l'oeuvre (malgré trois périodes et des revirements dans la pensée qu'il ne faut pas négliger !). Platon est continuités et ruptures !

Le dialogue repose encore une fois sur la dialectique et par moment le discussion s'envenime ! Les deux sophistes s'amusent avec leurs interlocuteurs - en particulier avec Clinias - ce qui les rends antipathique et Socrate doit intervenir pour calmer le jeu ! Il y a toutefois par ce procédé du "clash" une touche humoristique pas toujours présente dans les dialogues de Platon même si il y a souvent l'ironie socratique !

Socrate pose que la recherche du bonheur passe par la possession de bien qui s'acquiert soit par la fabrication, soit par la chasse ! Or fabrication et chasse sont des techniques qui relèvent d'un savoir ! De plus, il n"y a pas que la fabrication qui relève d'une connaissance mais aussi l'utilisation ou comment bien utiliser l'objet produit ! De plus, il y a recours à autrui car la production du pêcheur, de l'agriculteur, du chasseur, passera entre les mains du maître de cuisine !

Les sophistes, eux, prétendent enseigner la vertu et pour cela, ils changent les hommes, transforment les gens mauvais en bonnes personnes - de fait, ils font "périr" les gens - pas au sens physique évidemment mais au niveau de leur personnalité,, ils les changent !

Suivent ensuite dans le dialogue des "prises de bec" particulièrement avec Ctésippe et des digressions dont je n'ai pas saisi toute la teneur - comme évoquées plus haut ! Enfin, le texte est volontiers moqueur à l'égard de sophistes que Platon/Socrate discrédite une fois de plus au profit de la philosophie, l'amour de la sagesse et la seule "méthode" de recherche du Vrai avec la dialectique ! Dans ce teste, Platon se mets en quelque sorte à la place des sophistes !

Je vous dis à bientôt ! Nous parlerons du langage avec le Cratyle - texte dont j'ai entendu parlé la première fois lors de mes études de Lettres modernes !

A bientôt donc !

Euthydème - Platon

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Ménon - Platon

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Ménon est un dialogue de Platon qui est un questionnement sur la vertu, comme l'indique le sous-titre, De la Vertu. En effet, Ménon et Socrate essaient de trouver une définition de la vertu et de savoir si elle s'enseigne ou si elle relève du don, de la capacité innée. Et donc, si elle ne s'enseigne pas comment s'obtient-elle ? On verra qu'une fois de plus avec Platon/Socrate les arguments sont d'une grande finesse !

Dans un premier temps nos interlocuteurs posent que la vertu a rapport avec l'excellence. Quelle est alors l'essence de l'excellence ? Ménon cite des exemples de vertu, chez l'homme, chez la femme, chez l'enfant ou chez le vieillard, mais Socrate insiste sur la nécessite de trouver une unité dans tout cela pour parvenir à une définition de ce qu'est la Vertu !

L"excellence est-elle la capacité de commander aux hommes ? Cela ne saurait donc être la vertu de l'esclave ! "Avec justice et sans injustice" qui plus est ! Un commandement vertueux est un commandement juste.

La justice est -elle une qualité supplémentaire, participe-t'elle de la vertu ou est-elle vertu ? La vertu ne saurait donc être défini là encore par un cas particulier

Socrate propose à Ménon, pour parvenir à des modèles de définition, de raisonner à partir du système d'Empédocle. Ceci aurait donc trait au système des perceptions, les sons, les couleurs, etc,..

Puis, Ménon pose que la vertu serait le désir de posséder les belles choses - qui sont aussi les bonnes choses et les choses utiles ! Mais les biens dont il parle sont des biens extérieurs. Mais là encore, il faut se les procurer "avec justice et piété".

Nous sommes dans une impasse et Ménon compare alors Socrate à une torpille, ce poisson électrique dont le toucher vous pousse dans la torpeur. En effet, Ménon ne trouve plus ses mots, ne sait plus rien. Il y a alors impossibilité de la recherche et le "paradoxe de Ménon" se fait jour !

Ce paradoxe dit qu'on ne peut rechercher une chose si on ne sait pas déjà ce qu'elle est ou comment l'identifier dans ce même cas si on la trouve par hasard ? C'est alors un moment célèbre du dialogue où Socrate fait une démonstration à base de figures géométriques tracées dans le sable à l'esclave de Ménon. Ce recours à la géométrie rappelle la phrase censée avoir été gravée au fronton de l'Académie de Platon : "Que nul n'entre ici s'il n'est géomètre !".

Le problème géométrique consiste à doubler la surface d'un carré, non pas en doublant chaque côté - ce qui ferait quatre fois la surface et non pas deux ! En fait, il faut passer par les diagonales !

Il s'agit de montrer que l'on n'apprends jamais rien, on ne fait que se "ressouvenir" ! C'est le principe de la réminiscence ! Mais d'où connaît-on ces choses ? De par nos vies antérieures et plus encore de quand nous n'étions pas humains mais des âmes désincarnées contemplant librement les idées (voir aussi la dialogue Phèdre à ce sujet et son char ailé !). De fil en aiguille, ceci nous conduit à poser l'immortalité de l'âme.

Pour Socrate, l'opinion vraie et la science sont une même chose qui se rejoignent par le raisonnement de causalité. Une opinion raisonnée repose sur une affirmation qui résulte d'un argument qu'elle cherche à prouver. Le discours peut ébranler l'opinion mais ne peut ébranler la science ! Doxa contre science !

Arrive alors Anytos et Socrate propose alors de laisser tomber l'essence et de revenir à l'interrogation initiale sur la vertu, à savoir si elle s'enseigne ou pas En procédant par hypothèses !

Première hypothèse : la vertu est une science. Le savoir guide l'action correcte. C'est l'intelligence qui nous oriente vers le vice ou la vertu. Donc si cette hypothèse est juste, la vertu - parce que liée au savoir - s'enseigne !

Mais y a-t'il alors des "maîtres de vertu" ? Dans les faits, non, pose Socrate, en prenant en exemple des hommes vertueux comme Thémistocle, qui n'ont pu enseigner la vertu à leurs fils ! De même pour Aristide, Périclès et Thucydide ! Anytos est alors fortement irrité par cette argumentation et prends dès lors ses distances. La vertu ne s'enseigne pas ? Impensable !

On en revient alors aux Sophistes qui prétendent enseigner la vertu, que Anytos a auparavant, avant de s'irriter, dénigrés et opposés aux grands hommes tels Périclès ! Mais pour Socrate, au final, ni les sophistes, ni les grands hommes ne peuvent enseigner la vertu !

Pour Socrate, il y a alors une deuxième hypothèse ! Il n'y a pas que le savoir qui puisse guider la bonne action mais aussi l'opinion droite. L'opinion vraie n'est donc pas moins utile que la science. L'homme vertueux ne SAIT pas ce qu'il doit faire mais il a une opinion correcte, droite par faveur divine.

Ménon se satisfait de cette réponse mais par Socrate qui souligne le caractère hypothétique de la démarche. Le dialogue - qui se termine encore par quelques précisions sur la science et l'opinion vraie - n'est donc pas pleinement satisfaisant dans ses conclusions !

A bientôt !

Ménon - Platon

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