La pensée de Bernard Stiegler
Bernard Stiegler, né en 1952, est un philosophe contemporain, à l'origine de la création de l'association Ars industrialis qui propose une réflexion approfondie sur des enjeux de société tel le numérique. Il anime aussi des cours et des séminaires - et une académie d'été - depuis fin 2010, sur le site Pharmakon.fr, dans l'école du Grand Meaulnes à Epineuil-le-Fleuriel et à l'Université technologique de Compiègne.
Bernard Stiegler est surtout un philosophe dans l'âme. Après des erreurs de jeunesse, il s'investit dans l'étude, lisant nombres de textes de références en philosophie, les annotant, les croisant... Ses penseurs de références sont Platon, Aristote, Jacques Derrida (son maitre et formateur), Sigmund Freud, Gilbert Simondon, André Leroi-Gourhan ou Gilles Deleuze.
Dans les années 1980, il est directeur de recherche au Collège International de Philosophie puis enseignant-chercheur à Compiègne. A la fin de la décennie, il travaille pour la BNF sur la conception de postes de lecture informatiques.
Le philosophe soutient sa thèse dans cette discipline - sous la tutelle de Jacques Derrida - et obtient un doctorat en 1993. Il sera par la suite directeur général adjoint de l'INA (Institut National de l'Audiovisuel) et travaille aussi à l'IRI (Institut de Recherche et d'Innovation).
Je n'ai pas la prétention de résumer ici toute sa pensée mais seulement quelques points ! Ce penseur moderne a publié de nombreux ouvrages ! Disons que l'une de ses marottes est la pensée du pharmakon, l'outil technologique, l'artefact prolongement de la nature biologique de l'homme. L'homme invente des outils car selon le mythe grec, le titan Épiméthée ne l'a doté d'aucun attribut naturel et Prométhée dut dérober le feu.
Mais le pharmakon est à la fois un remède et un poison - et aussi un bouc-émissaire ! Il s'agit des évolutions technologiques comme l'écriture - qui selon Socrate nous "vole" notre mémoire - l'imprimerie et la révolution numérique : internet.
Il s'agit de "penser" cette nouvelle donne, de créer une pharmacologie du web - par exemple par des processus d'annotation, de grammatisation et de catégorisation. Il faut aussi pratiquer un redoublement épokhal - au sens d'Husserl ! Un premier temps nous laisse démuni puis un deuxième temps suscite en nous une réaction et une prise de conscience !
Stiegler nous mets en garde contre les phénomènes induits par le neuro-marketing qui engendre une prolétarisation par l'outil technologique. Il insiste aussi sur les phénomènes de transindividuation où chaque individu s'"individu" en relation avec les autres, construit des rétentions primaires en liens avec des rétentions secondaires et tertiaires, engendrant de nouvelles rétentions par ce fait.
Il apporte aussi une réflexion sur l'objet transitionnel et bien d'autres choses encore !
Quelques liens utiles pour vous faire une idée par vous-même:
http://pharmakon.fr/wordpress/
http://www.arsindustrialis.org/
Voilà, pour ce survol ! Personnellement, j'aime beaucoup écouter les séminaires de ce philosophe !
A bientôt !