Sciences Humaines N°300 : Comment va le monde ?
La revue Sciences Humaines est née en novembre 1990 et va donc bientôt fêter ses 30 ans ! Quoiqu'il en soit, elle a publié son numéro 300 en février 2018 et, en plus des rubriques habituelles, propose un grand dossier bilan intitulé "Comment va le monde ?" pour dresser un état de lieux de la planète !
Car qui aurait pu anticiper les changements de ces 30 dernières années, au lendemain de la Chute du Mur de Berlin ? Crise du politique, déréglement climatique, explosion du numérique,... La revue revient sur plusieurs de ces évolutions en une douzaine d'articles qui constituent le dossier ! Evoquons-en ici les grands lignes !
Longtemps, l'Humanité a cru en l'idée de Progrès, née au Siècle de Lumières. Jusqu'aux Trente Glorieuses, malgré deux Guerres mondiales, on veut encore y croire ! Mais depuis les années 1970 (le Club de Rome) et 1980 (Chocs pétroliers, montée du chômage, apparition du SIDA, premières alertes climatiques), le pessimisme est de mise !
Pourtant et même si les problèmes sont réels, il n'y a pas lieu d'être aussi défaitiste car globalement la situation de l'Humanité s'améliore. Un proverbe africain dit "on entends l'arbre qui s'abat mais pas la forêt qui pousse.". Pour dire que les médias en quête de sensationnel mettent surtout l'accent sur ce qui va mal ! C'est le constat que dresse à ce stade le dossier de Sciences Humaines et je les soupçonne à ce stade d'angélisme et de vouloir nous endormir !
Les journalistes se basent sur des faits comme "la pauvreté a reculé" (un milliard de pauvres en moins !), certes mais les inégalités se sont accrus avec le club des 1% qui possèdent 99% des richesses. "La violence aurait aussi reculé" - moins de guerres, moins de crimes mais toujours là aussi des poches d'ultraviolences avec le terrorisme et des guerres civiles (Syrie, Yémen) ou encore les tueries dans les lycées régulièrement aux Etats-Unis.
L'individu a la sentiment d'insatisfaction aussi parce que ses attentes sont plus fortes. La croissance est cependant là particulièrement dans les pays du Sud et de l'ancien Tiers-Monde (BRICS).
Le monde serait-il devenu moins démocratique ? La démocratie reste un modèle qui a le vent en poupe, "le moins pire des régimes à l'exception des autres" disait Churchill ! On peut s'interroger en observant des pays comme la Pologne, la Hongrie de Viktor Orban ou la Turquie de Recep Tayyip Erdogan. La Russie de Poutine pose aussi question. Dans ce panorama, la France a été désignée comme la "championne des démocraties" par la stabilité de ses institutions.
La question du changement climatique est elle cruciale et peut être aborder de deux façons. On peut soit lutter contre ce réchauffement en tentant de limiter nos émissions de CO2 (mais n'est-il pas déjà trop tard, selon le GIEC ?) ou soit choisir de s'adapter à un changement déjà acté (acte de renoncement ?) et déplacer des villages par exemple. Parmi les plus gros pollueurs (dans l'absolu et pas par tête d'habitant), on a la Chine, les USA et l'Europe des 28 ! Mais si Trump a décidé de se retirer de certains accords sur le climat, la Chine investit massivement dans les énergies renouvelables.
La violence recule donc, on l'a dit, même si cela parait contre-intuitif ! Grâce à la progression du Droit International.
La Santé a aussi marqué de gros progrès et l'espérance de vie augmente globalement ( en France, elle tourne autour de 70 ans désormais avec un avantage pour les femmes !). Mais on peut toujours craindre une médecine à deux vitesses. De nouvelles pathologies prédominent comme l'obésité.
L'emploi se serait précarisé ? Certes il y a plus de working poor - travailleurs pauvres mais la majorité des jobs en France sont des CDI. On a toujours une désindustrialisation dans notre pays au profit des services. Les pratiques d'autoentrepreneurs de développent ainsi que l'uberisation. Les pays du Sud là aussi tirent leur épingle du jeu. Si le travail émancipe, il est aussi source de souffrance et on confie de plus en plus de responsabilités aux salariés, exigeant de faire plus avec des moyens plus réduits, augmentant leur stress.
La grande révolution de ces trente dernières années est la Révolution numérique, qualifiée de Troisième Révolution Industrielle. Avec le développement d'internet, des Smartphone, de l'e-commerce, du Web 2.0, des Réseaux sociaux, tous les secteurs de la société sont touchés et nous sommes tous connectés - et fliqués quelque part ! Et on nous annonce l'I.A., les objets connectés et les imprimantes 3D !
Au niveau sociétales, les femmes s'émancipent mais de grands progrès restent à faire ! La famille est en pleine mutation et l'individu la remplace comme unité de la société. La fécondité baisse globalement, on se marie aussi plus tard !
L'éducation publique, à travers l'école, s'est étendue à plus d'enfants mais des enquêtes plus pointues montrent que les élèves présentent de nombreuses lacunes et sont loin de maitriser les savoirs même de base, lecture, écriture et calcul, même par chez nous, en France et en Europe ! Est-ce lié à la baisse globale du Q.I. ?
Un numéro de Sciences humaines qui dresse un panorama que l'on aurait pu croire plus désastreux. Il ne faut pas masques les difficultés mais apporter de la nuances par delà les nombreuses Cassandre !
Une revue que je suis tous les mois et qui est vraiment bien fichue !
A bientôt !